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Depardieu veut tourner un film sur la Tchétchénie

Gérard Depardieu accueilli par le président tchétchène Ramzan Kadyrov, le 24 février 2013 à Grozny [Elena Fitkulina / AFP] Gérard Depardieu accueilli par le président tchétchène Ramzan Kadyrov, le 24 février 2013 à Grozny [Elena Fitkulina / AFP]

L'acteur franco-russe Gérard Depardieu a annoncé lundi vouloir tourner un film sur la Tchétchénie, après avoir fait la fête avec son "ami" Ramzan Kadyrov, président décrié de cette république instable du Caucase russe, provoquant l'indignation des défenseurs des droits de l'homme.

"Je veux tourner un film ici, montrer qu'on peut faire un grand film à Grozny", la capitale tchétchène, a déclaré M. Depardieu, cité dans un communiqué des autorités locales, dans des propos traduits en russe.

"Je ne peux pas donner de détails sur le film pour l'instant, mais je sais que nous allons revenir ici et que ce n'est que le début", a-t-il ajouté.

"Je veux expliquer comment un homme a pu construire une ville toute neuve en cinq ans", a poursuivi l'acteur.

Théâtre de deux guerres entre indépendantistes et forces russes dans les années 1990 et 2000, qui ont ravagé la capitale Grozny, la Tchétchénie est aujourd'hui officiellement pacifiée, mais la rébellion, qui s'est islamisée, a gagné tout le Caucase russe, où sont régulièrement commis des attentats contre les forces de l'ordre.

Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent depuis des années des exactions, enlèvements et tortures commis en toute impunité par les forces de l'ordre.

Ramzan Kadyrov, devenu président de cette petite république en 2007, est également accusé par des organisations de défense des droits de l'homme de diriger une milice personnelle responsable d'enlèvements, d'assassinats et d'actes de torture.

M. Depardieu est arrivé dès dimanche en Tchétchénie à l'invitation de M. Kadyrov, expliquant aux journalistes qu'il s'agissait d'une visite chez son "ami".

Accueilli en grande pompe, l'acteur s'est vu offrir un dîner de gala et s'est déhanché sur une musique locale traditionnelle avec M. Kadyrov, habillé en jogging, selon des images diffusées par la télévision russe.

Gérard Depardieu avec le ministre tchétchène de la Culture, Dikal Muzakayev, le 25 février 2013 à Grozny [Elena Fitkulina / AFP]
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Gérard Depardieu avec le ministre tchétchène de la Culture, Dikal Muzakayev, le 25 février 2013 à Grozny
 

Lors de cette soirée durant laquelle des enfants en costumes traditionnels ont également dansé, M. Depardieu a serré dans ses bras à plusieurs reprises le leader tchétchène, qui était venu le chercher lui-même à l'aéroport.

"Je suis sûr que ce sont des gens heureux qui vivent ici. Pour chanter et danser comme le font les Tchétchènes, il faut être vraiment heureux", a déclaré l'acteur, dans le communiqué de la présidence tchétchène.

Lundi, M. Depardieu a également été fait citoyen d'honneur de la Tchétchénie, république minée par la pauvreté et le chômage, et s'est vu offrir un appartement de cinq pièces, a indiqué M. Kadyrov sur son compte Instagram (http://instagram.com/kadyrov_95/).

Arrivé jeudi à Moscou, M. Depardieu s'était rendu samedi en Mordovie pour être officiellement enregistré comme résident de Saransk, le chef-lieu de cette région située à 650 km à l'est de la capitale russe.

Gérard Depardieu, 64 ans, s'était vu offrir en janvier la nationalité russe par le président Vladimir Poutine, après une polémique avec le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault qui avait qualifié de "minable" la décision de l'acteur de quitter la France pour la Belgique pour des raisons fiscales.

Le comédien avait à cette occasion affiché son amour pour la Russie et qualifié ce pays de "grande démocratie".

Lors de cette polémique, M. Kadyrov s'était déjà dit prêt à accueillir M. Depardieu.

"Un acteur aussi connu ne peut pas utiliser son nom comme ça, en passant d'un dictateur à l'autre, visiblement pour obtenir des avantages matériels", a déclaré à l'AFP Oleg Orlov, de l'ONG russe Memorial.

L'acteur franco-russe n'en est en effet pas à ses premières frasques. En octobre dernier, il avait déjà participé à des célébrations officielles à Grozny au cours desquelles il avait notamment lancé: "Gloire à la Tchétchénie, gloire à Kadyrov".

Récemment, il a aussi enregistré une chanson avec Gulnara Karimova, la fille aînée du président ouzbek Islam Karimov, au pouvoir depuis 1989 et très critiqué par les Occidentaux pour son bilan en matière de droits de l'homme. Il devrait aussi jouer dans une série ouzbèke qu'elle a co-écrit.

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