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“Frontières”, l’exposition qui se donne le temps de comprendre

"Le mur et la peur" fait partie de l'exposition. Il s'agit d'une photographie de Gaël Turine montrant le passage clandestin de femmes transportant des marchandises, prise au Bangladesh en 2013.[[©Gaël Turine / Agence Vu]]

Alors que le retour des frontières et la question des réfugiés agitent le débat public, le Musée de l’histoire de l’immigration propose une exposition rigoureuse et chiffrée, qui pose les enjeux et prend du recul.

L’exposition s’ouvre par ces images douloureuses que l’on a vues cent fois et qui laissent si impuissant. Un montage vidéo instable et pixelisé, signé Bruno Boudjelal, montrant en boucle des réfugiés fuyant, à bord d’une embarcation de fortune, leur pays dévasté par la guerre.

C’est résolument dans l’actualité, inquiète et abrasive, que s’inscrit le Musée de l’histoire de l’immigration pour son nouvel accrochage, sobrement intitulé “Frontières”. Alors que, dans les pays européens, des voix nationalistes occupent le débat, associant sans scrupule les migrants à des délinquants, le musée propose un contrechamp à la rigueur scientifique acérée et au ton pédagogique.

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[©Bruno Boudjelal]

Sans raccourci

A travers divers supports d’archives - cartes, vieux passeports et titres de séjours, coupures de presse... - l’exposition retrace l’apparition des frontières et décrypte leur fonctionnement. Sans raccourci, elle interroge à la fois sur la nécessité pour un pays d’établir des limites avec ses voisins pour assurer sa souveraineté, et sur le désir d’ouverture au monde extérieur.

Pour éviter le piège de l’événement trop scolaire, l’exposition est parsemée d’oeuvres contemporaines de 40 artistes différents : photographes, sculpteurs, peintres… Parmi les travaux marquants, on retient les clichés frappants de Gaël Turine ou les tampons géants sculptés dans le bois par Barthélémy Toguo.

Deuil et reconstruction

Celles-ci voisinent avec des vidéos explicatives d’une limpidité bienvenue. Vers la fin du parcours, une oeuvre retient particulièrement l’attention : sur un mur, sont encadrés plusieurs dizaines de pages de cahiers de deux écoliers afghans immigrés à Paris, mêlant l’arabe qu’ils maîtrisent et le français qu’ils apprennent.

Signée Mathieu Pernot, l’installation souligne que la traversée des frontières entremêle toujours deuil et reconstruction et fait s’entrechoquer plusieurs cultures pour l’enrichissement de tous.

“Frontières”, jusqu’au 29 mai, Musée de l’histoire de l’immigration (12e).

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