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Collier de perles et vélo au coeur de l'approche comportementale de l'autisme

Réussir à faire un collier de perles ou à tenir en place sur un vélo d'appartement sont autant d'exercices qui rythment le quotidien du centre pour autistes adultes de l'Isle-d'Abeau, en Isère, basé sur une prise en charge comportementale des autistes.[AFP]

Réussir à faire un collier de perles ou à tenir en place sur un vélo d'appartement sont autant d'exercices qui rythment le quotidien du centre pour autistes adultes de l'Isle-d'Abeau, en Isère, basé sur une prise en charge comportementale des autistes.

Installé dans une pièce baignée de lumière, le geste lent et maladroit, Lionel recherche des perles dans une boîte remplie de graines de couscous.

"Champion Lionel, allez encore une", l'encourage Marie-Catherine Goulamhoussen, l'ergothérapeute qui l'encadre.

Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, le quadragénaire est arrivé à L'Envolée peu de temps après son ouverture en mars 2011. Son directeur Michel Cohet milite pour une prise en charge comportementale des autistes et s'oppose aux méthodes de la psychanalyse, au centre d'un débat actuellement autour de la prise en charge des quelque 300.000 à 500.000 autistes en France.

Un peu plus loin, un casque sur la tête pour se protéger des mutilations qu'il s'inflige, Sébastien, autiste et trisomique, est assis le regard vide devant des bouchons qu'il doit transvaser d'un récipient à l'autre.

"Ca peut paraître dérisoire comme exercice, mais qu'il reste assis est en soi une victoire, il ne le faisait pas quand il est arrivé ici", souligne Myriam Bost, la psychologue de l'établissement, alors que règne un calme précaire entre crises de rires, cris et accès de violence.

Dans une salle à côté, Marilyne s'est installée sur un vélo d'appartement sous le regard de la psychomotricienne qui l'encourage à poursuivre l'effort jusqu'à ce que l'horloge change de couleur et lui signifie la fin de l'exercice.

Un accessoire disposé dans chaque atelier, indispensable, tout comme le trousseau de pictogrammes faisant référence à des principes simples comme manger, dormir ou illustrant une activité que l'ensemble du personnel porte sur lui et présente aux malades pour communiquer.

"Il faut utiliser peu de mots car trop d'informations les perturbent et faire des activités qui leur permettent de se structurer, d'avoir des repères", assure l'orthophoniste Céline Bourjaillat.

Parmi les patients les plus conciliants, David a brisé il y a quelques semaines les vitres du foyer en jetant des fauteuils. Une crise parmi beaucoup d'autres que les 68 employés du foyer -pour 31 résidents- désamorcent avec plus ou moins de facilité. "Ce qui marche un jour peut s'avérer inefficace le lendemain", explique Myriam Bost.

La petite amie de David, elle aussi résidente à l'Envolée, lui a demandé toute la journée son téléphone portable, mais il ne savait pas comment lui dire non, alors il a "explosé", raconte la psychologue.

Le couple, déjà ensemble à son arrivée au foyer, a suscité le débat au sein du personnel, dubitatif à l'idée qu'il puisse entretenir une relation.

"La sexualité fait partie de la vie d'un adulte, il faut les considérer comme tels. Nous les avons donc accompagnés, même si c'est loin d'être évident", sourit le directeur.

Accueillant des adultes âgés de 20 à 52 ans, l'Envolée est née "grâce à l'acharnement" de parents souvent "démunis face au handicap de leur enfant", souligne le directeur, pour qui la philosophie de ces ateliers est de leur "permettre d'avoir une relative autonomie".

"Nous voyons affluer les cas les plus lourds dont chacun cherche à se débarrasser et pour lesquels l'autonomie n'est pas possible", admet toutefois M. Cohet, qui doit faire face à une extrême diversité de troubles, du résident qui sait lire à celui qui ne dit pas un mot.

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