En direct
A suivre

Trouble dissociatif de l’identité : quelle est cette maladie dont souffre la Youtubeuse Olympe ?

Olympe s’était exprimée ouvertement sur sa maladie dans l’émission «Ça commence aujourd’hui», sur France 2. [© Capture d’écran / YouTube]

Atteinte d’un trouble dissociatif de l’identité, anciennement appelé trouble de personnalité multiple, la Youtubeuse Olympe, 23 ans, a annoncé à ses abonnés être épuisée par cette maladie, et qu’elle souhaitait avoir recours au «suicide assisté» en Belgique pour y mettre un terme définitif. Quelles sont les particularités de cette pathologie ?

Une maladie rare et mal connue. Selon le site MSD France, filiale française du laboratoire pharmaceutique Merck & Co, le trouble dissociatif de l’identité – le TDI – voit un patient développer «deux ou plusieurs identités et des trous de mémoire sur les événements de tous les jours, les informations personnelles importantes et les événements traumatiques ou stressants, ainsi que beaucoup d’autres symptômes, y compris la dépression et l’anxiété».

Le nombre exact de personnes atteintes par cette maladie est estimée, selon une étude américaine, à près de 1,5% de la population au cours d’une année donnée. Elle reste toutefois peu connue, notamment en France, et reste difficile à diagnostiquer.

«Le diagnostic peut être réalisé par un médecin psychiatre ou un psychologue (de préférence qui a une expérience de ce trouble rare en France). Il est alors important de distinguer le TDI d'un autre trouble psychiatrique avec lequel il pourrait être confondu (schizophrénie, trouble borderline...)», explique Samuel Mergui, psychologue et fondateur de la chaîne Psychorama, dans un entretien avec le site Santé Magazine.

«Si ce trouble est aisément recensé à l'étranger, comme aux États-Unis, il est toutefois très rare en France. La plupart des psychologues et psychiatres français n'ont pas d'expérience du TDI et le diagnostic est donc rendu difficile dans notre pays. Certains spécialistes remettent en doute ce trouble, dont les symptômes s'apparenteraient plutôt pour eux à un état hystérique au cours duquel les patients simuleraient des personnalités multiples», poursuit-il.

Qui est l’influenceuse Olympe et quel est son lien avec le TDI ?

Alors qu’elle vit avec un TDI depuis des années, Olympe, influenceuse de 23 ans, a récemment annoncé via son compte Instagram être épuisée par cette maladie. Elle souhaiterait avoir recours au «suicide assisté» en Belgique (elle fait probablement référence à l’euthanasie, puisque le suicide assisté n’est pas légal en Belgique, ndlr) pour y mettre un terme.

La jeune femme de 23 ans a insisté sur le fait que son TDI n’était pas l’unique raison derrière sa décision, précisant que ce sont «mes traumas, mon C-PTSD et mon trouble borderline» qui sont «les causes majeures», «en plus de mon passé». Si elle précise être en contact avec des médecins pour passer à l’acte d’ici la fin de l’année 2023, elle n’exclue pas non plus que «quelque chose» parvienne à la faire changer d’avis. «Même si je n’y crois pas. (…) Avec mes troubles, mon passé, mon cerveau qui ne fonctionne pas bien. Je n’ai pas assez de choses qui me font aimer pour voir autre chose que le négatif», ajoute-t-elle toutefois.

Il y a environ un an, Olympe s’était exprimée ouvertement sur sa maladie dans l’émission «Ça commence aujourd’hui». Et la manière dont elle vivait avec ses multiples personnalités.

Quelles sont les différentes formes du TDI ?

Autrefois connue sous le nom de trouble de personnalité multiple, cette maladie a souvent été représentée – rarement de la manière la plus académique qui soit – dans la littérature ou au cinéma (Fight Club, Split, The Mask). Un patient atteint de TDI possède des «alters» qui prennent le contrôle de sa personnalité la plus présente, à son insu. Il peut dès lors montrer des signes d’une interruption de conscience. «Il s'apparente à un syndrome/trouble de stress post-traumatique. Le TDI cause une souffrance dans la sphère sociale, émotionnelle et professionnelle du patient», précise Béatrice Millêtre, docteur en psychologie, au site journaldesfemmes.fr.

Deux formes de TDI ont été identifiées : TDI de forme possessive, et TDI de forme non-possessive. La première voit les «alters» apparaître comme des identités extérieures qui prennent le contrôle du patient. Ils ont chacun leur façon de penser et d’agir, et consiste en une tout autre personne, d’un autre âge, du sexe opposé, ou encore un individu décédé. Le patient peut passer d’une personnalité à l’autre sans se souvenir de celle qui avait le contrôle auparavant.

Dans sa forme non-possessive, le patient peut ressentir une brève altération de la conscience de soi, avec le sentiment de devenir observateur de ses actes, de ses émotions, ou de ses propos. Des «alters» peuvent se succéder à travers eux en fonction des circonstances. Les patients sont conscients de ce qui se passe en eux, mais ne sont pas en mesure d’empêcher les «alters» de s’exprimer à travers leur propre corps. Cette forme est la plus difficile à détecter pour l’entourage, même si le patient, qui est en mesure d’avoir un avis critique sur ce qui lui arrive, apparaît changeant ou lunatique.

Quelles sont les causes du TDI ?

Selon la définition de MDS, «le trouble dissociatif de l’identité survient généralement chez des personnes qui ont connu un stress ou un traumatisme intense au cours de l’enfance». Les personnes atteintes de cette maladie ont été sévèrement maltraitées (physiquement, sexuellement, ou émotionnellement), ou négligées durant l’enfance. «Certaines personnes n’ont pas été maltraitées mais ont subi une perte précoce importante (comme la mort d’un parent), une maladie grave ou d’autres événements extrêmement stressants», est-il précisé sur le site.

Le TDI est un mécanisme de défense appelé la dissociation. Ces expériences négatives vont être maintenues à l’isolement par le psychisme du sujet afin d'assurer sa protection. Au fil du temps, les patients sont en mesure d’échapper à tout événement traumatique en se détachant de l’environnement hostile, par la création d’une nouvelle identité. Cette séparation est souvent exacerbée quand les parents, les soignants et/ou les éducateurs se comportent de manière incohérente (par exemple, en se montrant affectueux, puis abusif). Ces maltraitances qui se déroulent au moment où l’identité personnelle se développe vont avoir un effet sur la capacité de la personne à développer une identité unique, unifiée.

Quelle différence avec la schizophrénie ou la bipolarité ?

«Le TDI n'a rien à voir avec la schizophrénie qui est un trouble neurophysiologique», explique Béatrice Millêtre, docteur en psychologie. Le patient souffrant de schizophrénie va présenter des symptômes ressentis comme étant externes, comme le fait d’entendre des voix et d’être sujet à la paranoïa. Alors que dans le TDI, le patient va ressentir une altérité en lui-même.  

La bipolarité se distingue également du TDI puisqu'elle se caractérise par des changements d’humeur qui peuvent avoir des conséquences invalidantes, avec le plus souvent une alternance d'épisodes euphoriques et dépressifs. «Le TDI n'est pas un trouble neurologique mais un trouble mental causé par un traumatisme dans l'enfance», rappelle Béatrice Millêtre.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités