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La France veut lutter contre "l'Europe passoire"

Le président Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur Claude Guéant à Ajaccio le 13 avril 2012[AFP/Archives]

Nicolas Sarkozy va presser jeudi ses partenaires de l'UE d'accepter la fermeture des frontières nationales en cas de forte pression migratoire, mais cette requête suscite beaucoup de réserves.

"Les Français ne veulent plus d'une Europe passoire. C'est le message que j'ai entendu", a-t-il affirmé lundi, au lendemain du premier tour marqué par un score très élevé de la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen

"Si l'Europe ne peut pas défendre ses frontières, la France le fera", a-t-il martelé. "L"Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c'est fini", a-t-il lancé au cours d'une réunion électorale.

Le ministre de l'Intérieur ,Claude Guéant, va défendre cette position jeudi lors d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg.

Il va réclamer la possibilité de rétablir des contrôles aux frontières nationales pendant un mois en cas de défaillance à une frontière extérieure de l'espace Schengen et de prolonger cette mesure si nécessaire.

L'Allemagne soutient cette demande exprimée dans une lettre commune cosignée par le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich.

Les Français reconnaissent qu'ils n'obtiendront rien de concret jeudi. Le point n'est pas inscrit à l'ordre du jour, et aucun débat sur l'espace Schengen n'est prévu avant la prochaine réunion des ministres de l'Intérieur le 26 mai, soit vingt jours après le second tour de l'élection présidentielle en France, soulignent la présidence danoise de l'UE et la Commission.

Aucun responsable européen ne souhaite prendre position sur une question aussi sensible politiquement en France avant la fin de l'élection, a souligné l'un d'eux sous couvert de l'anonymat.

Ils ont en effet compris que le score réalisé par le Front National (FN, extrême droite) -- près de 18% des voix -- lors du premier tour de l'élection présidentielle dimanche allait enflammer les thèmes liés à l'immigration durant la campagne du second tour en France.

La volonté affichée par Nicolas Sarkozy de forcer ses partenaires à accepter ses demandes a toutefois raidi certains d'entre eux et les premières réactions pourraient être assez négatives jeudi à Luxembourg.

La proposition franco-allemande sur Schengen "sent très mauvais", a ainsi estimé le chef de la diplomatie du Luxembourg, Jean Asselborn, dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.

"Les dirigeants européens devraient faire preuve de leadership au lieu de chercher à flatter ces forces d'extrême droite", répète pour sa part la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström.

La demande franco-allemande n'est pas nouvelle. Le débat sur la réforme de Schengen a commencé en mars 2011, à l'initiative de la France. "La Commission a présenté des propositions, qui jusqu'à présent étaient rejetées par le gouvernement français", souligne l'exécutif bruxellois.

L'initiative franco-allemande vise à "accélérer la cadence", assurent les négociateurs français.

Mais elle va loin, car elle vise à "exclure temporairement" les Etats membres de Schengen dont les confins sont devenus des frontières extérieures, lorsqu'ils ne sont pas en mesure de les contrôler.

Nicolas Sarkozy a été très clair: "la frontière entre la Grèce et la Turquie n'est pas défendue", "n'est pas contrôlée, n'est pas tenue".

Athènes se dit en mesure d'assumer ses obligations, si la Turquie agit pour tarir le flux des clandestins venus par son territoire. Mais Ankara veut en contrepartie des facilités de visa pour ses ressortissants dans l'UE, ce que l'Allemagne bloque. Ce point n'est pas abordé dans la lettre franco-allemande.

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