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Comment Bayrou va gérer son choix pour Hollande ?

François Bayrou le 3 mai 2012 au siège du MoDem à Paris[AFP]

Le choix historique de François Bayrou en faveur du candidat PS à l'Elysée, au nom des valeurs, pourrait chambouler le paysage politique avec de nouvelles alliances, même si à court terme, il semble surtout compliquer la réunion de la famille centriste et l'avenir électoral du MoDem.

"Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et entend le rester": en annonçant jeudi sa décision de voter à titre personnel pour François Hollande, François Bayrou a clairement fixé le cadre de son choix, celui des valeurs.

"La ligne qu'a choisie Nicolas Sarkozy entre les deux tours est (...) en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, (...) mais aussi les valeurs du gaullisme et de la droite républicaine et sociale", a-t-il dénoncé.

Car c'est au nom des valeurs que François Bayrou s'est opposé depuis 2007 à Nicolas Sarkozy. Et à l'heure de trancher entre "le programme" et "l'attitude personnelle" des deux finalistes, ce sont encore les valeurs qui ont fait pencher la balance. Pour M. Bayrou, qui veut incarner une forme d'autorité morale, "la fin ne justifie pas les moyens, mais les moyens employés revèlent la manière dont on gouvernera".

Pas question, donc, de tractations de coulisses avec le PS avant de prendre cette décision historique. "C'est le choix d'un homme libre et indépendant", a confirmé François Hollande, en affirmant qu'il n'y avait eu "aucune négociation".

Il ne s'agit pas "d'une recomposition de la vie politique", a prévenu Pierre Moscovici, son directeur de campagne. Ni de "gouverner aujourd'hui avec François Bayrou", a abondé Manuel Valls.

"Par mon choix, je rends possible une union nationale (...) il appartiendra à François Hollande, s'il est élu (...) de prendre en compte cette nécessité pour le pays", a lancé François Bayrou, comme une main tendue. "Si le leader socialiste en restait à la gauche classique et à son programme", le leader centriste serait alors un opposant, vigilant et constructif.

Peut-on assister demain à un big bang politique ? Certains l'imaginent dans l'hypothèse d'une défaite de Nicolas Sarkozy et sous la pression de la crise, avec une droitisation assumée d'une partie d'une UMP éclatée et tentée par le FN, un pôle social-démocrate rassemblant des modérés et une gauche extrême.

En attendant cet hypothétique scénario, François Bayrou devra faire face aux conséquences immédiates de son choix.

Le 22 avril, il n'a décroché que la troisième place dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques et dans celle de Jean Lassalle, autre député MoDem (avec 19,36% et 17,81%). Résultat: aux législatives, un coup de pouce de la gauche pourrait s'avérer nécessaire. Car l'UMP ne devrait pas faire de cadeau au MoDem, même si Jean-François Copé a expliqué vendredi ne pas avoir arrêté "les mesures de rétorsion".

Au MoDem, on estime que si le PS n'obtenait pas la majorité absolue dans la prochaine Assemblée et devait composer avec le Front de gauche et les Verts, François Hollande pourrait avoir intérêt à s'appuyer sur les centristes pour passer des textes de loi, notamment sur des mesures de rigueur budgétaire.

Pas facile dans ces conditions d'espérer, comme l'imaginait François Bayrou, recomposer autour de lui la famille centriste. D'autant que la plupart des élus, du Parti radical ou du Nouveau centre, clairement favorables à Nicolas Sarkozy, ont regretté son choix, voire dénoncé une "aventure personnelle".

Les projets de reconstruction du centre "vont s'en trouver singulièrement compliqués", selon le sénateur Jean Arthuis, qui a soutenu Bayrou avant de rallier Sarkozy au second tour.

"Je pense qu'une force entre l'UMP et le PS apparaîtra au centre-droit. Elle se fera sans doute sans François Bayrou, qui aurait pu en être un leader", a-t-il regretté.

Avant François Bayrou, seul Jean Lecanuet avait défié la droite en 1965 en appelant à voter contre le général De Gaulle.

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