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UMP : le spectre de la guerre des chefs

Les ténors de l'UMP qui pèseront pour la succession du leadership à droite.[Montage Direct matin / AFP]

L’UMP ne peut pas se permettre une bataille des chefs à un peu plus d’un mois des élections législatives. 

« Ce n’est pas bien de donner tous les pouvoirs à un seul parti politique » a déclaré hier soir à la télévision Jean-François Copé, actuel secrétaire général de l’UMP. Après avoir remporté les régions, de nombreuses municipalités,  le Sénat l’année dernière, puis enfin l’élection présidentielle hier, le Parti Socialiste pourrait s’emparer de l’Assemblée Nationale. Il le pourra d’autant plus que l’UMP est menacé par des triangulaires avec le Front national dans près de 350 circonscriptions.

Réuni dès lundi, le bureau politique de l’UMP vise à remettre le parti en ordre de marche et ainsi tenter de limiter les dégâts. Optimiste, Guillaume Peltier n’exclut pas qu’il y ait « un premier ministre de droite ». L’ex-parti présidentiel doit toutefois éviter une crise de leadership provoquée par le départ de Nicolas Sarkozy. Les observateurs politiques estiment que l’UMP pourrait être en proie à des querelles intestines. Pour mener la bataille des législatives, un « comité stratégique de campagne » a été mis en place. Il s’agit en fait d’une direction collégiale où les figures de proue de l’UMP sont réunies. Ce comité comprendra entre 25 et 30 personnes dont des personnalités de premier rang comme Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, Jean-Claude Gaudin, Patrick Devedjian ou encore Bernard Accoyer. Derrière cette bataille de chefs qui s’annonce, se cache en réalité un affrontement entre plusieurs courants idéologiques incarnés notamment par cinq piliers de l’UMP.

Alain Juppé

Celui qui était pressenti pour devenir Premier ministre de Nicolas Sarkozy en cas de victoire ne se présentera pas aux élections législatives. Il préfère se concentrer à son mandat de maire de Bordeaux. Le score de François Hollande dans sa ville n’est pas étranger à la décision du ministre sortant des Affaires étrangères. Il fera pourtant campagne et ne renonce à peser dans les choix stratégiques et idéologiques du parti. Véritable caution gaulliste de Nicolas Sarkozy avec qui il a dû se réconcilier après des années de brouille, l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac. Il s’était ainsi mis en retrait du débat sur l’identité nationale, préservant ainsi son statut de gaulliste républicain très apprécié dans l’opinion publique. Entre les deux tours, il est néanmoins resté loyal à Nicolas Sarkozy malgré le virage de celui-ci sur sa droite.

Jean-Pierre Raffarin

Lui aussi ex-Premier ministre de Jacques Chirac, le poitevin n’a jamais cessé d’exister au sein de l’UMP. Peu en odeur de sainteté à l’Elysée dont il a plus d’une fois critiqué la stratégie, le sénateur, ex-centriste, avait été jusqu’à s’opposer, fin 2009, à la loi sur la suppression de la taxe professionnelle voulue par Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Raffarin spécialiste des petites phrases appelées les « raffarinades », se veut proche de « cette France d’en-bas » loin des élites centralisées parisiennes. Son réseau d’élus locaux est essentiel pour relancer la bataille du parti. Sa prise de position sera décisive dans la bataille de leadership qui s’annonce.

Xavier Bertrand

L’ « ami » du président Sarkozy a échoué à garder l’UMP au chaud dans le giron des proches du président. Fin 2008, il s’était emparé du parti avec la bénédiction de l’Elysée, au nez et à la barbe de Jean-François Copé dont les ambitions ont toujours suscité la méfiance du président. Il lui abandonne finalement les manettes deux ans plus tard pour retourner au sein du gouvernement en tant que ministre du Travail. Nicolas Sarkozy compte alors sur ses qualités de négociateurs pour restaurer le dialogue social avec les partenaires sociaux. Héritier du sarkozysme, il n’a pas l’intention de se mettre en retrait et veut compter dans la reconstruction de l’UMP. Sur le positionnement idéologique, il reste toutefois assez proche de Jean-François Copé face aux retours des gaullistes et centristes.

François Fillon

Futur ex-premier ministre, François Fillon est un ancien proche de Jacques Chirac à qui il n’a jamais pardonné de l’avoir évincé du gouvernement en 2005 après l’avoir poussé à l’affrontement avec Nicolas Sarkozy. C’est finalement grâce à ce dernier que le Sarthois, naguère proche de Séguin, entrera à Matignon. Empêché de mener de front la ligne économique qu’il aurait souhaitée comme la TVA sociale, il a toujours défendu une politique budgétaire de rigueur et gouvernera à l’ombre de « l’hyperprésident ».

Pour asseoir ses ambitions nationales, François Fillon a obtenu une investiture législative à Paris, marchant sur les plates-bandes de Rachida Dati. Pour imposer son leadership, François Fillon peut compter sur les parlementaires UMP dont il a su rester proche. Son projet consiste à rétablir les digues avec le Front national en refoulant l’influence de personnalités comme Patrick Buisson et relayée par Guillaume Peltier, l’étoile montante de l’UMP et soutien de Jean-François Copé.

Jean-François Copé

Ex-ardent soutien à Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était chassé par les chiraquiens et autres gaullistes, il n’a jamais accepté d’être écarté des responsabilités gouvernementales après la victoire aux présidentielles de 2007 au profit de… François Fillon. Il fustigera « l’ouverture » voulue par l’Elysée. Electron libre du parti, il prendra la tête du groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale qu’il n’hésitera pas à utiliser pour gêner le Président et asseoir ses propres ambitions. Il finit par s’emparer de la direction du parti en 2010 malgré les efforts des sarkozystes pour l’en tenir à l’écart. Il mènera toutefois la campagne électorale pour le président avec zèle et prône un « retour aux fondamentaux ». Finalement, Jean-François Copé incarne la continuité de la ligne politique de Nicolas Sarkozy face aux centristes et aux Gaullistes en embuscade pour reprendre les rênes du parti.

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