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21 mai 1981 : une passation des pouvoirs sans précédent entre Mitterrand et Giscard

Valery Giscard d'Estaing et François Mitterrand sur le perron de l'Elysée à l'issue de la passation de pouvoirs le 21 mai 1981. Valery Giscard d'Estaing et François Mitterrand sur le perron de l'Elysée à l'issue de la passation de pouvoirs le 21 mai 1981. [AFP/Archives]

Le 21 mai 1981 a eu lieu la première passation des pouvoirs de l'histoire de France entre deux présidents élus au suffrage universel, François Mitterrand ayant battu Valéry Giscard d'Estaing onze jours plus tôt.

A 9H30, M. Mitterrand arrive à l'Elysée pour un entretien qui va durer 47 minutes. M. Giscard d'Estaing raconte dans ses mémoires qu'il lui donne le code de la bombe atomique et des informations qu'il est seul à détenir : un projet de coup d'Etat pour renverser le colonel libyen Mouammar Kadhafi avec les Américains et l'Egypte, ainsi que le nom du successeur qu'a choisi le numéro un soviétique, Leonid Brejnev, à savoir Konstantin Tchernenko.

M. Mitterrand raccompagne M. Giscard d'Estaing dans la cour de l'Elysée et demande aux photographes de s'écarter. Des dizaines de personnes huent le sortant pendant qu'il regagne sa voiture, garée à l'extérieur du palais.

Francois Mitterrand gagne ensuite une salle des fêtes pleine à craquer (500 invités) pour être officiellement investi.

La voix nouée, il se dit, dans sa première allocution de président, «fidèle à l'enseignement de Jaurès, alors que, troisième étape d'un long cheminement, après le Front populaire et la Libération, la majorité politique des Français démocratiquement exprimée vient de s'identifier à sa majorité sociale».

L'accolade avec l'ancien président du Conseil Pierre Mendès-France, en larmes, est particulièrement émouvante : «Sans vous, tout cela n'aurait pas été possible», murmure le nouveau président.

Très «monarque républicain», M. Mitterrand, debout dans un cabriolet Citroën SM, va ensuite saluer la foule sur les Champs-Elysées après la cérémonie de dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu à l'Arc de Triomphe. Auprès de lui, Pierre Mauroy, Premier ministre depuis moins d'une heure.

Deux cents personnalités - dont des écrivains de premier plan venus du monde entier, Garcia Marquez, Styron, Fuentes, Wiesel... - sont invités au déjeuner de l'Elysée, lequel ne s'éternise pas : M. Mitterrand est attendu à l'hôtel de ville de Paris où le maire, Jacques Chirac, organise une réception plutôt chaleureuse.

Plus tard, M. Mitterrand va au Panthéon déposer une rose sur les tombes de Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schoelcher pour une cérémonie grandiose - certains diront grandiloquente - organisée par Jack Lang et Serge Moati. Rue Soufflot, la foule est immense, le service d'ordre débordé, l'enthousiasme du «peuple de gauche» à son paroxysme, même quand l'orage éclate. Quelques semaines après, Barbara chante : «Un homme/Une rose à la main/A ouvert le chemin/Vers un autre demain...».

Le président clôt cette journée très particulière par un dîner en famille et avec quelques proches à l'Elysée tandis que Pierre Mauroy l'informe des premières mesures économiques et monétaires à prendre pour tenter de juguler la fuite des capitaux et les attaques contre le franc.

«Je savais que ce ne serait pas un lit de roses», dira plus tard M. Mitterrand à propos de ces journées. Il ne savait pas qu'il serait président 5.079 jours, un record depuis l'instauration de la République.

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