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Faux électeurs du Ve: Tiberi nie être le cerveau

Jean Tiberi, maire du Ve arrondissement de Paris, le 12 novembre 2012 à la cour d'appel de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Jean Tiberi, maire du Ve arrondissement de Paris, le 12 novembre 2012 à la cour d'appel de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

 

Jean Tiberi a affirmé lundi devant la cour d'appel de Paris qu'il n'avait "jamais" participé à une fraude électorale dans le Ve arrondissement de Paris, alors qu'un ancien collaborateur le désignait comme "le cerveau" de l'opération.

L'ancien maire de Paris (1995-2001) a affirmé n'avoir eu connaissance de faux électeurs inscrits sur les listes du Ve pour les municipales de 1995 et législatives de 1997, que quand l'affaire a été révélée par la presse en 1997.

M. Tiberi, qui est toujours maire du Ve mais n'est plus député depuis juin dernier, est rejugé aux côtés de son épouse Xavière, qui réfute également toute implication, et de sa première adjointe Anne-Marie Affret.

Cette dernière reconnaît les faits qui lui sont reprochés mais refuse de mettre en cause directement le couple.

"Tout le monde à la mairie savait que des fausses inscriptions étaient faites par Mme Tiberi et Mme Affret", a réaffirmé devant la cour l'ex-secrétaire général de la mairie, Raymond Nantien, qui n'a pas fait appel de sa condamnation de première instance.

Ce dernier a dit avoir été menacé après ses précédents aveux par des proches de Jean Tiberi. Il a expliqué le silence de Mme Affret par "la peur" de perdre son poste de première adjointe. "Il faut qu'elle dise que le donneur d'ordres, le cerveau, c'est Jean Tiberi", a-t-il souhaité.

Il y a "une convergence de dépositions disant que vous êtiez nécessairement informé", a fait remarquer à l'édile l'avocat général, Bernard de Gouttes, citant "tous les gens du bureau des élections".

Pendant son interrogatoire, M. Tiberi a tout d'abord minimisé l'influence de son épouse à la mairie, pourtant décrite comme "omniprésente". "Elle y venait très rarement", a-t-il assuré, niant qu'elle y ait eu un bureau.

Quant à lui, il allait "peu" à la mairie du Ve, bien qu'ayant son domicile à côté, en raison de son "emploi du temps très lourd" en tant que maire de Paris et député, a-t-il assuré.

Alors que le jugement de première instance, en 2009, l'avait désigné comme "le principal bénéficiaire" et "complice" de la fraude, M. Tiberi a cherché à minimiser l'intérêt qu'il aurait eu à frauder.

"illustre prédécesseur"

Il a fait valoir qu'il avait toujours été réélu "sans problème" comme député, ainsi qu'aux municipales, malgré les radiations effectuées sur les listes électorales après 1997, et qui selon lui ont été "importantes dans tout Paris".

"Je n'étais pas tête de liste entre 1977 et 1995" dans le Ve aux municipales, a-t-il également souligné, sans nommer Jacques Chirac qu'il a désigné comme "mon illustre prédécesseur" ou "l'ancien maire de Paris", et en se défendant de vouloir le mettre en cause.

"Je ne pense pas qu'il y ait eu un système", a-t-il affirmé, concédant tout au plus la possibilité qu'il y ait eu "des erreurs, de bonne foi".

La justice n'est saisie que de "198" faux électeurs, a-t-il souligné. "Où est le système?".

A sa grande indignation, Me Claude Pollet-Bailleux, avocate de plusieurs parties civiles dont la conseillère PS de Paris Lyne Cohen-Solal, a objecté qu'il ne s'agissait que d'"un échantillon", et a estimé le nombre de faux électeurs comme étant plus proche de "7.000", au vu des radiations effectuées entre les élections de 1997 et celles de 2001.

L'ordonnance ayant renvoyé le couple en correctionnelle précise pour sa part que faute de temps et de moyens, les enquêteurs ont ciblé leurs investigations pour établir cette liste de 198.

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