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Déserts médicaux : Touraine dévoile son plan

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 7 novembre 2012 à l'Elysée à Paris[Bertrand Langlois / AFP/Archives]

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a dévoilé jeudi son de bataille contre les déserts médicaux, avec le ferme espoir de réussir, par des mesures incitatives, là où ses prédécesseurs ont "échoué", a-t-elle dit, depuis dix ans.

Après le lancement de son "pacte de confiance" pour l'hôpital début septembre et l'accord obtenu fin octobre sur les dépassements d'honoraires, la ministre a exposé dans la petite commune de Scorbé-Clairvaux (Vienne), aux côtés de la présidente de la région, Ségolène Royal, son "pacte territoire santé" et ses "douze engagements concrets".

Cette "pièce maîtresse pour l'accès aux soins", selon Mme Touraine, s'inscrit dans la "stratégie nationale de santé" évoquée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et se conforme à l'engagement de François Hollande de respecter la liberté d'installation, sacro-sainte pour les médecins libéraux, en misant sur l'incitation plutôt que sur la coercition. Celle-ci serait "injuste" vis-à-vis des jeunes médecins, et "inefficace", a-t-elle affirmé.

Lutter contre les déserts médicaux est la marque d'une "politique de gauche", a-t-elle dit, affirmant que ses prédécesseurs "ont échoué depuis dix ans", en prenant "des mesures par ci par là" sans les coordonner, selon elle. Voir la carte des déserts médicaux français.

Le plan reprend des thèmes consensuels et certaines idées avancées sur le Web par des étudiants et des jeunes blogueurs, hommes et femmes (56% des nouveaux diplômés) représentant la médecine de demain.

Un médecin généraliste dans son cabinet [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Un médecin généraliste dans son cabinet
 

 

Il s'attaque d'abord à la formation des médecins, uniquement assurée aujourd'hui par l'hôpital. Depuis le début de leurs études et jusqu'à la fin de leur internat, soit un minimum de 9 ans pour former un médecin généraliste, les futurs praticiens n'ont quasiment aucun contact avec la réalité de terrain des soins de proximité.

Des stages en cabinet libéral sont en principe obligatoires mais, dans les faits, non effectués. Il y aura "100% des étudiants en médecine générale en stage dans un cabinet libéral, si possible dans un territoire isolé", a assuré la ministre.

 

Expérimentations en télémédecine

Le nombre de bourses d'engagement de service public (1.200 euros bruts par mois), créées sous le précédent quinquennat mais peu prisées actuellement, passera à 1.500 d'ici à 2017. Les bénéficiaires doivent exercer dans les territoires défavorisés pendant autant d'années qu'ils ont perçue l'allocation.

Une fois formés, les jeunes médecins se verront garantir leur installation. Deux cents "praticiens territoriaux de médecine générale" auront dès l'an prochain et pour deux ans un revenu garanti, non chiffré encore. Mme Touraine avait évoqué récemment 55.000 euros par an (4.600/mois).

Alors que la plupart des jeunes médecins n'ont jamais entendu parler des avantages auxquels ils ont droit, un "référent installation" sera à leur écoute dans chaque agence régionale de santé (ARS).

Le plan traite aussi des conditions d'exercice du métier qui évoluent très vite. Pour favoriser le travail en groupe, plébiscité par la nouvelle génération, des forfaits seront accordés aux maisons de santé pluridisciplinaires (MSP, professionnels de santé dans les mêmes murs). Des chefs de cliniques viendront former des internes dans certaines de ces MSP. La télémédecine, encore à ses balbutiements, sera développée, en commençant par des expérimentations en dermatologie.

Les transferts de compétences (des médecins vers d'autres professionnels) seront "accélérés", a souligné la ministre qui veut commencer par l'ophtalmologie.

Afin de rapprocher l'hôpital et la médecine de premier recours, des praticiens hospitaliers, principalement des spécialistes, pourront venir travailler à temps partiel dans des structures libérales sans perdre pour autant leur statut de salarié.

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