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Baptême du feu pour Hollande au Mali

Le président François Hollande sur le perron de l'Elysée, le 11 janvier 2013 [Bertrand Langlois / AFP] Le président François Hollande sur le perron de l'Elysée, le 11 janvier 2013 [Bertrand Langlois / AFP]

François Hollande, qui a donné son feu vert aux opérations militaires françaises au Mali et en Somalie, est confronté pour la première fois à la situation périlleuse d'exposer la France à des pertes humaines, dans son rôle de chef des armées.

Huit mois après son accession au pouvoir, "c'est un baptême du feu de son plein exercice de ses fonctions de chef des armées. C'est la première fois qu'il décide d'une opération militaire majeure", souligne Bruno Tertrais, maître de recherche à la fondation pour la recherche stratégique.

Pour le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, en "endossant le costume régalien de celui qui décide la paix ou la guerre, M. Hollande modifie l'image que l'on se faisait de lui".

Pour l'heure, à quelques bémols près, l'ensemble de la classe politique approuve la décision du chef de l'Etat d'engager directement les troupes françaises au Mali pour repousser les jihadistes armées qui progressaient vers le sud du pays.

"On est dans une logique d'union sacrée", estime le politologue Frédéric Dabi (Ifop). De ce point de vue, c'est une "rupture" dans le quinquennat où jusqu'alors "chaque décision de François Hollande était systématiquement critiquée, délégitimée par l'opposition".

Mais l'évolution de la situation - le sort des otages, d'éventuelles pertes humaines importantes, un manque de résultats rapides et tangibles - peut faire rapidement "basculer" l'opinion.

Autant celle-ci approuve généralement les opérations conduites de concert avec des forces internationales, autant quand la France se lance en solo, elle est "plus méfiante", ajoute M. Dabi.

Sur le plan intérieur, François Hollande marque pour l'instant un point concernant son image. "Ceux qui critiquaient son incapacité supposée à décider en sont pour leurs frais", estime ainsi Bruno Tertrais.

Pertes dans les rangs français

L'intervention au Mali peut certes atténuer l'effet de la manifestation contre le mariage homosexuel, dimanche, ce qui avantage le président. Mais de l'autre côté, elle éclipse le succès, pour l'exécutif, de la négociation sur la sécurisation du marché du travail conclue vendredi soir.

Sur l'opération elle-même, qui a débuté avec la mort d'un pilote d'hélicoptère en opération contre l'avancée d'une colonne ennemie, quelques critiques ont commencé à poindre. D'autant que le même jour, une opération commando de la DGSE pour tenter de libérer un otage français en Somalie a échoué, se soldant par des pertes dans les rangs français.

"On se demande ce qu'a fait la diplomatie française pendant quatre mois pour que nous soyons aujourd'hui obligés d'agir seuls", s'est interrogé l'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin (UDI), sur BFMTV, alors que, sur la même chaîne, Noël Mamère (EELV) a pointé le risque que la France apparaisse "isolée".

Alain Juppé, ex-ministre UMP de la Défense, a au contraire jugé sur son blog que l'intervention française était "justifiée", compte tenu d'une menace terroriste qui s'est "brutalement aggravée depuis quelques jours".

Sur le plan électoral, ces opérations extérieures, même réussies, n'ont pas forcément d'effet.

Le prédécesseur de François Hollande à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, a pu le constater à ses dépens. Son leadership lors de l'intervention en Libye en 2011 salué par tous, n'a pas empêché sa chute dans les sondage et sa défaite en 2012.

"La politique étrangère, lorsque ça ne marche pas, on vous le reproche. Mais lorsque ça marche, ça ne rapporte rien", confiait d'ailleurs l'ex-président quelques mois avant la présidentielle.

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