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Le Sénat se déchaîne contre les loups

Des loups dans le parc animalier de Sainte-Croix, à Rhodes dans l'est de la France, le 12 décembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] Des loups dans le parc animalier de Sainte-Croix, à Rhodes dans l'est de la France, le 12 décembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

Le Sénat a adopté mercredi, contre l'avis du gouvernement, un texte de loi créant des "zones de protection renforcée contre le loup" après un débat passionné où des élus de tous bords s'en sont pris aux loups en évoquant la détresse et même les "pleurs" des éleveurs attaqués.

La proposition de loi du sénateur RDSE (à majorité radicaux de gauche) Alain Bertrand (Lozère) prévoit que ces zones regrouperont "les communes dans lesquelles les activités pastorales sont gravement perturbées par les attaques de loups qui causent des dommages importants".

Tout en assurant que ces zones "ne devront pas menacer la présence du loup" en France, "la destruction" de ces prédateurs y sera autorisée "indépendamment des tirs de prélèvement autorisés", précise la PPL.

Le texte a été voté par 208 voix contre 131. Le RDSE, l'UMP et les centristes (UDI-UC) ont voté pour. Le CRC (communiste) et EELV ont voté contre ainsi que la majorité du PS.

Les socialistes et le gouvernement ont jugé le "timing" de ce texte pas opportun au moment où le nouveau "plan loup 2013-2017" va être finalisé le 5 février et doit entrer en vigueur avant "l'estive". Ce plan négocié entre les parties vise à garantir la protection du loup, espèce protégée, tout en limitant les impacts sur l'élevage.

Le débat a été l'occasion d'interventions passionnées évoquant la détresse des agriculteurs face aux attaques de cette espèce protégée par la Convention de Berne et la directive européenne "Habitats, flore, faune". Détaillant ces attaques passées "de 736 en 2008 à 1.415 en 2011", Alain Bertrand a assuré que son texte "permet de cantonner plus fortement le loup à des territoires spécifiques".

"L'apparition de Cani Lupus vient resserrer d'un cran l'étau des handicaps qui pèsent sur le pastoralisme", a déploré Jean-Paul Amoudry (UDI-UC).

Un loup dans le parc de Mercantour, dans le sud de la France, le 13 novembre 2012 [Valery Hache / AFP/Archives]
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Un loup dans le parc de Mercantour, dans le sud de la France, le 13 novembre 2012

Eradiqué dans les années 1930, le loup est réapparu dans le Mercantour en 1992 avant de coloniser les Alpes française puis gagner d'autres régions comme le Massif Central, les Pyrénées, l'Aude, la Lozère, le Jura ou encore l'Ain. Leur nombre est évalué à 250.

Gérard Bailly (UMP) a brandi une photo de brebis égorgée s'exclamant: "Je les ai vus pleurer ces éleveurs qui aiment leurs bêtes, il faut des mesures plus coercitives. Moi un agneau je l'aime autant qu'un loup".

Pierre Bernard-Reymond (non inscrit, Hautes-Alpes) a suggéré "de lâcher quelques meutes au bois de Vincennes ou au jardin du Luxembourg" à Paris, pour changer la perception du loup.

"Il faudra bien que l'agropastoralisme sorte par le haut", a lancé Jean-Jacques Mirassou (PS) parlant au nom des "24 élus PS qui votent sans états d'âme ce texte". "Entre le loup et le pastoralisme, j'ai choisi", a tranché Claude Domeizel (PS, Alpes de Haute Provence).

Face à ce déchaînement l'ex-ministre de l'Ecologie Chantal Jouanno (centriste) a jugé "difficile de rivaliser sur ce terrain", mais a tenté sans succès de faire voter un amendement de suppression d'un texte qu'elle a taxé "d'illégal au regard de la directive Habitat".

"J'entends déjà hurler les loups", a ironisé le patron des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, prenant la parole pour fustiger une PPL qui fait "du loup un bouc émissaire des difficultés de la filière pastorale". "Il est plus facile de s'en prendre aux canidés qu'aux mécanismes du commerce international qui ont fait chuter les cours de l'élevage ovins-viande de moitié", s'est-il indigné.

"J'aimerais un peu plus de mesure dans les propos" "j'ai connu d'autres situations difficiles pour les éleveurs comme la vache folle", a lancé Evelyne Didier (CRC, communistes).

"Le gouvernement partage la détresse des éleveurs mais elle mérite qu'on y apporte des réponses solides, pas des faux semblants" a regretté la ministre de l'Ecologie Delphine Batho.

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