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Mariage homosexuel : la droite prédit un "tourisme nuptial"

Deux femmes s'embrassent lors de la manifestation pro-mariage homosexuel à Paris, le 27 janvier 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Deux femmes s'embrassent lors de la manifestation pro-mariage homosexuel à Paris, le 27 janvier 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Les députés, exceptionnellement réunis ce week-end, ont adopté l'article 1er du projet sur le mariage homo, le plus important, celui qui ouvre le mariage aux personnes de même sexe, y compris étrangères, la droite y voyant les prémices d'un "tourisme nuptial".

Alors que les anti-mariage homo ont commencé à manifester à proximité du Palais Bourbon et dans chaque département, les députés des deux camps, venus en nombre suffisant pour éviter toute mauvaise surprise, ont adopté samedi par 249 voix contre 97 l'article 1er.

Sans surprise, les députés PS, écologistes, radicaux de gauche et Front de gauche ont voté pour. Les députés UMP ont voté contre - à l'exception de Franck Riester - ainsi que les députés centristes UDI présents.

"Nous sommes heureux et fiers d'arriver à cette première étape", a salué la garde des Sceaux, Christiane Taubira. "Nous allons établir la liberté, pour chacune et chacun, de choisir sa ou son partenaire pour construire un avenir commun" aux couples homosexuels, a-t-elle dit.

Avant ce vote historique, les députés avaient passé la matinée à guerroyer sur le fait que le nouveau texte permettra à un étranger de contracter un mariage homosexuel en France, même si la loi de son pays l'interdit.

Manifestation contre le mariage homosexuel à Paris, le 2 février 2013 [Francois Guillot / AFP]
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Manifestation contre le mariage homosexuel à Paris, le 2 février 2013
 

En effet, l'article 1 stipule que les Français pourront se marier avec un ressortissant étranger de même sexe, ou deux ressortissants étrangers auront la possibilité de se marier en France même dans le cas où la loi du pays d'origine du ou des futurs époux - appelée "droit personnel" - ne reconnaîtrait pas la validité du mariage homosexuel.

L'opposition s'est vigoureusement insurgée contre cette suppression du "droit personnel", dénonçant les risques d'un "tourisme matrimonial" ou "nuptial".

Hervé Mariton (UMP) a fustigé la création d'un véritable "asile conjugal" et pointé les risques de complexité juridique dans l'articulation des dispositions nationales. "On va créer des situations humaines inextricables, les notaires nous le disent!", a-t-il remarqué.

"La France deviendra un +Las Vegas du mariage+", a lancé Philippe Gosselin (UMP).

Manifestation contre le mariage homosexuel à Paris, le 2 février 2013 [Francois Guillot / AFP]
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Manifestation contre le mariage homosexuel à Paris, le 2 février 2013
 

"Pourquoi faudrait-il que les homosexuels étrangers viennent se marier en France? Pourquoi bouleverser à ce point les conventions internationales?", a renchéri Jean-Frédéric Poisson (UMP).

Plusieurs députés de l'opposition ont aussi pointé "la discrimination" qu'introduira cette mesure entre étrangers homosexuels et hétérosexuels puisque le droit de leur pays d'origine s'appliquera toujours à ces derniers.

"Nous allons organiser une mondialisation du mariage: les étrangers homo viendront se marier chez nous tandis que, pour le moment, les femmes iront faire des PMA à l'étranger!", a lancé Marc Le Fur (UMP).

Le rapporteur Erwann Binet (PS) a répondu qu'il n'y aurait "pas de risque de flux migratoires puisqu'il faudra que les futurs époux résident déjà en France".

Christiane Taubira a fait remarquer que "dans les pays européens qui ont déjà ouvert le mariage aux homosexuels et qui ont adopté ces dispositions de dérogation à la loi personnelle", cela "n'a entraîné aucune invasion, aucun flux migratoire!"

Elle a aussi affirmé que cette dérogation au droit personnel "veut juste dire que le droit français, plus protecteur, va s'appliquer". Et noté que la nouvelle disposition ne pourra simplement pas s'appliquer avec 13 pays, là où existent des conventions bilatérales stipulant qu'il ne peut y avoir dérogation à la loi personnelle.

La ministre de la Justice Christiane Taubira lors du débat sur le mariage homosexuel à l'Assemblée, à Paris, le 29 janvier 2013 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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La ministre de la Justice Christiane Taubira lors du débat sur le mariage homosexuel à l'Assemblée, à Paris, le 29 janvier 2013
 

Marie-George Buffet (PCF) a lancé: "Vous nous parlez de tourisme nuptial après avoir été obsédés pendant 5 ans par les mariages blancs, les mariages gris... Vous ne pouvez pas simplement voir que c'est formidable que la France donne à montrer au monde entier que l'on peut vivre autrement, sans réprimer l'homosexualité?"

Olivier Dussopt (PS) a, lui, déclaré : "La peur des chars russes a pour vous été remplacée par la peur des chars de la gay pride!"

Le président Claude Bartolone (PS), qui conduit tous les débats, a convié les députés à un banquet républicain samedi soir, mais ceux de l'UMP ont décliné l'invitation, préférant dîner entre eux.

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