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Les prostituées veulent abroger le délit de racolage

Des prostituées dans une rue de Lyon, en juin 2012 [Philippe Desmazes / AFP/Archives] Des prostituées dans une rue de Lyon, en juin 2012 [Philippe Desmazes / AFP/Archives]

Alors que la loi pénalisant le racolage public va fêter ses dix ans, des prostituées, associations et responsables politiques montent au créneau pour réclamer l'abrogation de ce texte, qui n'a fait selon eux que stigmatiser les prostituées et aggraver leur santé.

Le 18 mars 2003, la Loi de sécurité intérieure instituait le délit de racolage passif, pénalisant "le fait par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération". Tout contrevenant devenait passible de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende.

Le syndicat des travailleurs du sexe (Strass), qui regroupe des prostituées dite "indépendantes", appelle à une manifestation samedi à Pigalle pour demander l'abrogation du texte, à laquelle se joindront des associations comme Aides ou Médecins du monde.

Cette ONG a rendu publique fin 2012 une enquête menée auprès de prostituée indépendantes chinoises à Paris, révélant qu'elles étaient particulièrement exposées aux violences physiques et aux viols, mais que peu portaient plainte à cause des arrestations fréquentes pour racolage qu'elles subissaient de la part de la police. Les prostituées se réfugient alors dans des endroits plus reculés et réduisent les temps de négociations avec les clients, au risque d'accepter des pratiques à risque.

Saisie par Médecins du Monde, la commission nationale Citoyens-Justice-Police, composée de membres de la Ligue des droits de l'homme, du Syndicats des avocats de France et du Syndicat de la magistrature, a constitué une mission d'enquête sur cette situation, qui rendra ses conclusions lundi.

Le même jour, Médecins du Monde organisera un happening devant l'Assemblée nationale pour exiger l'abrogation du délit de racolage.

La sénatrice EELV Esther Benbassa a déposé une proposition de loi en ce sens, qui sera débattue le 28 mars au Sénat.

"La pénalisation du racolage n’a aidé aucune personne prostituée, n’a protégé aucune victime de la traite et n’a permis d’arrêter aucun proxénète (en 2009, par exemple, 465 personnes ont été mises en cause pour proxénétisme et proxénétisme aggravé et aucune d'entre elles n'a été condamnée)", affirme-t-elle dans un communiqué.

"Cette loi a en revanche mis en danger les prostitué(e)s, les a exposé(e)s à des violences accrues, et les a éloigné(e)s du système de santé", dénonce la sénatrice.

L'abrogation du délit de racolage était une proposition de campagne de François Hollande.

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