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Après le rejet de la censure, Ayrault à la reconquête

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée nationale le 20 mars 2013 [Pierre Andrieu / AFP]

Si la gauche salue le discours du Premier ministre, qui a échappé hier à la motion de censure, il en faudra plus pour l’opinion.

Dans l’histoire de la Ve République, seule une motion de censure (en 1962) sur les 55 déposées avait abouti à la chute d’un gouvernement. Sans surprise, celle défendue hier par l’UMP contre Jean-Marc Ayrault a été largement rejetée ; l’opposition n’a recueilli que 229 voix, loin des 289 requises pour être adoptée.

Ce moment de vérité était pourtant particulièrement attendu, tant le Premier ministre est actuellement en difficulté : sa cote de popularité est en berne (30 % selon le dernier baromètre CSA pour Les Echos) et le manque de leadership est pointé jusque dans les rangs de la majorité. Un marasme auquel est venue s’ajouter mardi la démission, inconfortable pour le chef du gouvernement, du ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac. 

 

«Je sais où je vais»

«Vous n’avez plus la confiance des Français. Cette motion de censure est un premier avertissement», lui a lancé Jean-François Copé, le président de l’UMP. Mais c’est surtout à gauche que l’attente était forte, plusieurs parlementaires ayant réclamé en début de semaine que Jean-Marc Ayrault se pose en véritable «chef» de la majorité.

Ce à quoi il s’est employé. «Je sais où je vais. Je sais comment y parvenir. Je sais ce que la France doit être à la fin de ce quinquennat», leur a répondu le Premier ministre, qui n’a toutefois fait aucune annonce. Il s’est contenté de défendre sa méthode et d’assumer sa politique. «Ma rigueur, c’est d’abord cette détermination réformiste, assumée, et sans faille», a-t-il précisé, expliquant avoir déjà beaucoup agi.

«Nous avons fait davantage en dix mois que la droite en dix ans», a assuré le chef du gouvernement, reprenant un argumentaire lancé la semaine dernière par le président de la République à Dijon.

Si Jean-Louis Borloo et le groupe UDI ont dénoncé le vide de ce discours et ont donc voté la motion de censure, tous les autres groupes parlementaires, y compris le Front de Gauche, ont redit leur confiance envers Jean-Marc Ayrault. 

 

Les discours ne suffiront pas

Bien qu’ils aient été rassurés par le Premier ministre, les parlementaires de la majorité en conviennent cependant : ce n’est pas ce discours de Jean-Marc Ayrault, ni même l’intervention télévisée de François Hollande prévue la semaine prochaine, qui permettront de redresser la courbe de confiance de l’exécutif.

«Ces prises de parole peuvent temporairement rassurer certaines inquiétudes mais pour remonter dans l’opinion, ils devront coûte que coûte obtenir des résultats sur les préoccupations centrales des Français : stabiliser, voire inverser la courbe du chômage et augmenter le pouvoir d’achat», abonde Yves-Marie Cann, directeur d’études à l’institut CSA.

Le chef de l’Etat avait eu l’occasion de le rappeler lors de sa grande conférence de presse de l’automne dernier : c’est à la fin du quinquennat qu’il veut être jugé. «Je préfère que les sondages soient mauvais au début du mandat et qu’ils remontent par la suite, plutôt que l’inverse», tente de se convaincre un député de la majorité.

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