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Hollande, à la quête de l’exemplarité

François Hollande, le 10 avril 2013.[PATRICK KOVARIK / POOL / AFP]

Après l’affaire Cahuzac, François Hollande veut la transparence sur le patrimoine des élus et renforcer la lutte contre les paradis fiscaux.

François Hollande se rappelle à ses engagements de campagne. «Je serai implacable car j’ai été élu sur cette volonté de République exemplaire», a lancé hier dans une allocution télévisée le chef de l’Etat qui veut tourner la page de l’affaire Cahuzac.

Une semaine après une première intervention, au lendemain des aveux de l’ex-ministre du Budget, le président de la République s’est adressé aux Français pour dévoiler les trois orientations d’un projet de loi de moralisation de la vie politique qui sera présenté le 24 avril. «La défaillance d’un homme ne doit pas jeter le discrédit sur les élus qui se dévouent pour le bien public, sans en retirer le moindre avantage», a-t-il précisé pour justifier cette opération transparence.

 

Halte aux conflits d’intérêt

D’ici à quelques semaines, ministres, parlementaires, dirigeants de grands exécutifs locaux et responsables d’administrations devront publier leur patrimoine. Une Haute autorité indépendante contrôlera ces déclarations pour éviter de nouveaux mensonges. L’opposition a d’ores et déjà mis en doute ses capacités d’action.

Quant au risque de conflit d’intérêts, François Hollande a promis d’interdire le cumul d’un mandat de parlementaire avec certaines activités, surtout celles en lien avec l’industrie ou la finance. Par exemple, les députés qui sont aussi avocats d’affaires et certains députés médecins ayant des liens avec l’industrie pharmaceutique devraient faire partie des personnes visées.

Par ailleurs, le gouvernement va mener la chasse «à la délinquance financière» ; un procureur spécialisé va être nommé et «un Office central de lutte contre la fraude et la corruption» institué. Dernier chantier, la lutte contre les paradis fiscaux. La France en établira chaque année une liste sur la base des pays qui refusent de coopérer sur le plan fiscal et obligera les banques à dire dans quels pays elles investissent. Autant de dispositions déjà prévues par la loi bancaire, actuellement en cours de discussion.

 

«Le plus grand risque, l’opacité»

En attendant l’application de ces mesures, qui pourraient être adoptées cet été, certains responsables continuent de révéler ce qu’ils possèdent.

Après Laurent Wauquiez, François Fillon, Cécile Duflot ou Marie-Arlette Carlotti en début de semaine, les ministres Aurélie Filippetti et Marisol Touraine ont, à leur tour, dévoilé hier leur patrimoine. La ministre des Affaires sociales est, pour l’heure, la seule à avoir reconnu être assujettie à l’impôt sur la fortune.

Mais cet inventaire, dressé aussi bien par des personnalités de gauche que de droite, est loin de faire l’unanimité. «Non à une forme de voyeurisme», a répondu l’UMP Brice Hortefeux. «Ce n’est plus un gouvernement qu’on a, c’est un camp de nudistes, il faut que tout le monde soit à poil ! Un ministre ment, triche, fraude et on s’en prend aux parlementaires», insiste le député FN Gilbert Collard.

François Hollande, pour sa part, assume sa quête de transparence. Interrogé sur le risque de voir cette opération se transformer en inquisition contre les élus fortunés, le chef de l’Etat a répondu : «le plus grand risque, c’est celui de l’opacité».

 

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