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Dailymotion : Montebourg isolé ?

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg et le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici. [FRED DUFOUR / AFP]

Le ministre de l'Economime, Pierre Moscovici, et du Redressement productif, Arnaud Montebourg, se sont opposés par médias interposés jeudi sur le dossier de la reprise de Dailymotionpar Yahoo!, ce nouvel accroc illustrant une fois de plus les divergences entre les deux figures de Bercy.

La décision de bloquer le rachat de Dailymotion, filiale d'Orange, par Yahoo! a été prise "en relation avec Pierre Moscovici", a affirmé jeudi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. "Nous ne pensons pas que ce soit une bonne opération d'abandonner Dailymotion entre les mains d'une société, Yahoo!, dont la santé est parfois vacillante et qui de surcroît risque de dévorer, faire disparaître Dailymotion", a-t-il ajouté à la sortie du Conseil des ministres.

Mais ces propos ont été rapidement démentis par le ministre de l'Economie en personne: "Ce n'est pas un dossier dans lequel j'ai été particulièrement impliqué", a déclaré Pierre Moscovici à la presse, sans plus de commentaire.

La question est d'autant plus sensible que la décision de bloquer le rachat de Dailymotion, illustration de l'interventionnisme de l'Etat dans la sphère économique chère à M. Montebourg, a été critiquée à mots couverts jeudi par le patron de France Télécom lui-même.

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (g) et le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, le 9 janvier 2013 à Paris [Eric Piermont / AFP/Archives]
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Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (g) et le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, le 9 janvier 2013 à Paris
 

"Dailymotion est une filiale d'Orange et non de l'Etat. C'est le groupe, sa direction et son conseil d'administration qui gèrent ce dossier", a déclaré Stéphane Richard dans les Echos, tout en prenant soin d'assurer qu'il n'y avait pas de conflit entre l'opérateur et l'Etat, qui détient 27% de l'opérateur.

"Yahoo! avait un grand intérêt pour ce partenariat et tout cela nous paraissait plutôt pas mal à la fois pour nous et pour le pays", a-t-il poursuivi, en soulignant que son groupe était "parti sur une position beaucoup plus ouverte" que l'Etat dans ce dossier.

 

"Pas de bisbilles"

A Matignon, on assure qu'"il n'y a pas de bisbilles" entre les deux ministres. "Les ministres sont responsables de leur département d'action, il est normal qu'Arnaud Montebourg ait géré ce dossier", indique-t-on en soulignant qu'il "n'a pas pris une décision (mais) exprimé des objectifs, des orientations au nom de l'Etat actionnaire".

"Quant à Pierre Moscovici, peut-être que c'était une partie de son cabinet qui était au courant mais pas lui", ajoute-t-on.

Reste que cet épisode marque un nouveau couac au sein du gouvernement, et plus particulièrement à Bercy, entre deux figures souvent opposées, au point de parfois participer au manque de visibilité de l'action gouvernement en matière économique.

Dans cet affrontement, c'est la ligne de M. Moscovici, réformiste et sociale-démocrate, qui l'a emporté jusqu'ici au détriment de celle de M. Montebourg, qui se veut le chantre de changements plus radicaux de politique économique, comme l'ont illustré ses propos sur l'austérité. Il dénonçait début avril dans un entretien au Monde le "sérieux budgétaire" qui "tue la croissance", tandis que Pierre Moscovici prenait son contre-pied en prônant une "approche équilibrée" entre réduction des déficits et croissance.

Avant cela, ils s'étaient notamment heurtés à propos du choix de désigner la banque Lazard comme conseil du gouvernement pour créer la Banque publique d'investissement (BPI).

Mais M. Montebourg sait qu'il peut compter sur l'appui d'autres membres du gouvernement, comme Cécile Duflot ou Benoît Hamon, et d'une partie du Parti socialiste pour soutenir ses positions anti-austérité.

 

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