En direct
A suivre

Les débats de fond surgissent à l'UMP

Nathalie Kosciusko-Morizet, le 6 mai 2013 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives] Nathalie Kosciusko-Morizet, le 6 mai 2013 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]

Le débat de fond à l'UMP, mis sous le boisseau depuis la défaite de Nicolas Sarkozy au profit de la guerre Copé-Fillon, surgit spectaculairement cette semaine, autour du mariage gay, mais aussi de l'Europe, de la droitisation du parti et de l'attitude envers le FN.

Dès la loi sur le mariage homosexuel promulguée samedi dernier, plusieurs personnalités de l'UMP, dont Luc Chatel et Nathalie Kosciusko-Morizet, ont clairement dit que la droite ne pourrait pas revenir sur ce texte si elle revenait au pouvoir en 2017.

Guillaume Peltier, dirigeant du courant de la Droite forte (27,8% des voix au congrès de l'UMP en novembre), a rétorqué lundi qu'il souhaitait "que ce ne soit pas Nathalie qui soit désignée" lors de la primaire pour désigner le candidat de la droite à Paris, en raison de ses positions sur le mariage gay (elle s'était abstenue à l'Assemblée sur le projet de loi).

Des déclarations qui lui ont valu mercredi un "rappel à l'ordre" du bureau politique de l'UMP, et dès mardi, une volée de bois vert de la part de l'intéressée. Pour NKM, "Peltier, c'est le Buisson qui cache la forêt", en référence à l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, inspirateur présumé de "la droite décomplexée" chère au président de l'UMP, Jean-François Copé.

"Derrière tout cela, il y a des gens qui voudraient prouver que la droitisation et l'alliance avec le Front national sont indispensables", a-t-elle lancé, avant d'accuser, dans une interview à l'hebdomadaire L'Hebdo-Bourseplus à paraître vendredi, le FN d'inciter ses adhérents à s'inscrire pour voter à la primaire afin de la faire battre.

L'ex ministre est une des cibles du FN depuis son ouvrage "le Front anti national".

L'Europe, sujet de clivage transversal dans la vie politique française, et qui vient régulièrement ébranler les deux partis de gouvernement, PS et UMP, s'est invitée dans ce climat déjà agité, dans la perspective de la convention de l'UMP sur ce sujet, prévue le 30 mai.

Guillaume Peltier, le 6 octobre 2012 à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Guillaume Peltier, le 6 octobre 2012 à Paris
 

Le courant de la France moderne et humaniste (18,1% au congrès de l'UMP), animé par Jean-Pierre Raffarin et Luc Chatel, a plaidé mardi pour "une fédération franco-allemande", à échéance de dix ou quinze ans, dans la perspective d'un fédéralisme européen.

Un véritable chiffon rouge aux yeux de la Droite populaire (10,8% au congrès), dont huit députés ont implicitement menacé mercredi de constituer une liste séparée aux élections européennes de 2014 si le parti reprenait à son compte de telles "déclarations fédéralistes", "récusant le principe même de la souveraineté nationale".

Pour sa part, Xavier Bertrand, qui affiche ses ambitions pour 2017, a estimé mercredi, devant l'Association des journalistes parlementaires, que "si on veut faire faire un saut institutionnel" sur l'Union européenne "il faudra demander leur avis aux Français".

A travers ces passes d'armes, réapparaît à l'UMP le clivage entre l'aile de centre-droit, pro-européenne, et l'aile beaucoup plus à droite et nationaliste, résurgence des affrontements entre l'UDF et le RPR, qui ne recoupe pas le partage entre partisans de Jean-François Copé et François Fillon.

Ainsi Jean-François Copé jouissait à la fois du soutien de la Droite forte, mais aussi de Luc Chatel et Jean-Pierre Raffarin.

Les six "motions" alors soumises au vote des militants - outre la Droite forte, la France moderne et humaniste, et la Droite populaire, figuraient aussi la Droite sociale de Laurent Wauquiez (21,7%), les Gaullistes (12,3%) et la Boite à idées (9,2%) -, étaient censées animer un débat d'idées, mais celui-ci a vite tourné court au profit de l'affrontement entre les deux candidats à la présidence du parti.

Ceux-ci, qui se retrouveront jeudi pour évoquer la question d'une nouvelle élection interne en septembre, à l'avenir plus qu'incertain, sont restés prudents ces derniers jours sur les sujets de différends.

Jean-François Copé s'est contenté de parler de "réécriture" de la loi sur le mariage homosexuel, sans trop préciser jusqu'où cela pourrait aller. Pour sa part, François Fillon, silencieux cette semaine sur le mariage gay, s'est en revanche prononcé, vendredi dernier à Dresde (Allemagne), pour une "union franco-allemande plus resserrée", mais sans du tout parler de "fédération".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités