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Dupont-Aignan : " Préparer une sortie en douceur pour Al-Assad "

Nicolas Dupont-Aignan. Nicolas Dupont-Aignan.[AFP]

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à la dernière élection présidentielle, fait partie des membres de la classe politique française à avoir exprimé leur scepticisme à l’égard d’une potentielle intervention militaire française en Syrie. Il répond aux questions de DirectMatin.fr.

 

Avez-vous le sentiment que Washington et ses alliés sont en train de temporiser leur projet d’attaque militaire en Syrie ?

Cela prouve que les premières déclarations étaient intempestives et qu’aujourd’hui les dirigeants occidentaux sont embarrassés. Ils se sont aperçus qu’ils avaient parlé sous le coup de l’émotion et de la précipitation après la publication des photographies monstrueuses. Le problème c’est qu’on ne peut pas faire de politique étrangère avec des photos, cela serait trop simple. Jusqu’où Washington et ses alliés reculeront-ils, s’ils reculent, je ne peux pas vous le dire.

 

Concernant la question des armes chimiques, pouvez-vous imaginer le scénario d’une manipulation comparable à celle qui, en 2003, avait justifié l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Irak ?

Ce qui est certain c’est qu’aujourd’hui personne ne peut dire qui utilise les armes chimiques car elles sont disséminées. C’est un fait, je l’ai encore vérifié auprès de plusieurs sources militaires mercredi. Bien sûr, le régime d’Assad est monstrueux, mais les rebelles ont également commis des crimes de guerre et déjà utilisé des armes chimiques dans le passé.

J’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’une manipulation. Mais on sait que les rebelles sont de plus en plus en difficulté. Les Etats-Unis et certaines pétro monarchies ont peut-être eu la tentation d’accélérer les initiatives pour déstabiliser Assad.

 

Que pensez-vous de l’attitude de François Hollande dont la position semble proche de celle de Barack Obama ?

Cela m’attriste profondément. Alors qu’il avait été exemplaire sur la question malienne, François Hollande est le toutou des Américains et des Anglais. Dans ce conflit, je regrette que la France n’ait pas pensé par elle-même. On n’est même capable d’assurer la sécurité à Marseille et on veut intervenir en Syrie ! Tout ceci est ridicule, c’est un fiasco complet.

Ce que je regrette dans cette affaire, c’est que la France pouvait avoir une position différente, comme elle l’avait eue du temps de Jacques Chirac lors de la guerre en Irak, qui aurait favorisé un processus de paix entre d’un côté la Russie et l’Iran et de l’autre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite.

 

Si les prélèvements effectués par les experts de l’ONU confirment l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas, seriez-vous prêt à reconsidérer votre point de vue ?

Je suis prêt à analyser tous les éléments prouvés car je suis un être réaliste. Le grand danger dans cette affaire, c’est que tout le monde veut voir partir Assad, mais personne ne sait par qui le remplacer. Songeons à l’exemple tragique de la Libye où l’intervention occidentale s’est soldée par un échec et l’application de la charia. A tel point que la France a été obligée d’intervenir au Mali pour réparer l’erreur libyenne.

 

A défaut d’intervenir, quelles solutions préconisez-vous pour mettre un terme à cette guerre syrienne ?

Selon moi, il n’y a pas d’autre issue que la négociation avec la Russie et l’Iran. Le rôle de l’Occident doit être également de calmer loyalistes et rebelles et de préparer une sortie en douceur pour Al-Assad.

Le bon sens suppose une position équilibrée, ni pro Al-Assad, ni pro rebelles. Il est inutile de rajouter de l’huile sur le feu et je ne pense pas qu’on fera partir Al-Assad par la force.

 

Il y aura un débat au Parlement le 4 septembre, que faut-il en attendre ?

Le débat est indispensable car il est normal que le Parlement se réunisse alors que se dessine un conflit qui pourrait amener à un chaos généralisé au Moyen-Orient. Je note qu’il n’y a pas eu de réunion de la commission des affaires étrangères, dont je suis membre, et je le regrette.

 

Pensez-vous qu’une intervention occidentale en Syrie empirerait la situation au Moyen-Orient ?

Certainement, d’autant que l’intervention ne sera que partielle. Si on veut intervenir en Syrie, il faut intervenir complètement. Sauf que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont chacun dit qu’ils n’étaient pas disposés à déployer en nombre des troupes terrestres. Quand on part dans une guerre, il faut réfléchir avant d’agir.

 

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