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Durand contraint de lâcher la tête d'EELV

Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts et la ministre du Logement Cécile Duflot, le 23 juin 2012 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts et la ministre du Logement Cécile Duflot, le 23 juin 2012 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

A la tête d'Europe Ecologie-Les Verts depuis juin 2012, Pascal Durand est contraint de lâcher son poste en ne briguant pas un nouveau mandat lors du congrès du parti en novembre, en raison de ses critiques du gouvernement, jugées trop acerbes par les cadres d'EELV.

Il doit officialiser son départ dans une interview au Nouvel Observateur à paraître jeudi, a annoncé son entourage.

Dimanche, lors d'une réunion interne de préparation du prochain congrès d'EELV à Caen, en novembre, "Pascal Durand est venu dire avec émotion et gravité qu'il ne souhaitait pas être candidat au poste de secrétaire national", a déclaré à l'AFP un membre du parti, tandis que plusieurs autres confirmaient qu'il "renonçait" à se présenter.

Il "nous a dit qu'il avait vécu une semaine difficile avec les attaques de certains cadres du parti suite à sa sortie sur Hollande et qu'il se sentait beaucoup plus à l'aise d'être candidat aux européennes" en mai 2014, pour l'Ile-de-France, a affirmé le député Christophe Cavard.

Dans un message à l'AFP, le secrétaire national d'EELV, bientôt 53 ans, a annoncé qu'il s'exprimerait sur son avenir à la tête d'EELV "avant la fin de la semaine", n'infirmant ni ne confirmant cette information.

Une réunion du bureau exécutif s'est tenue lundi soir, comme chaque lundi, lors de laquelle ont été évoqués "la situation, mais aussi la conférence environnementale, et les sujets que gèrent une direction de parti", selon un participant.

"Démission forcée"

Ce qui a coûté cher à Pascal Durand, ce sont ses dernières déclarations, son ultimatum sur la transition énergétique lancé à François Hollande samedi 14 septembre lors d'un conseil fédéral. Une sortie que certains cadres du parti lui ont vivement reprochée.

"Tout mon soutien à Durand dont la démission forcée montre encore que les apparatchiks Verts préfèrent les portefeuilles à l'écologie", a écrit sur son compte Twitter l'ex ministre de l'Ecologie Chantal Jouanno (UDI).

la coprésidente des députés EELV, Barbara Pompili , qui avait estimé que les ultimatums n'étaient "pas forcément la meilleure méthode", a défendu M. Durand lundi, en assurant qu'on ne jugeait pas un mandat "sur une maladresse".

"Jusqu'ici, n'ayant pas de forces derrière lui, la force de Pascal Durand, c'était d'être modéré et de satisfaire tout le monde". Mais là, il "a mis en difficulté le parti et Cécile Duflot qui est au gouvernement", a dit à l'AFP un cadre du parti.

M. Durand avait même dû démentir vendredi la rumeur selon laquelle le Premier ministre aurait demandé sa tête.

Selon un autre cadre, l'affaire de l'ultimatum "le mettait en difficulté face aux militants. Et il ne voulait aller au Congrès que s'il avait un soutien large derrière lui, un parti uni".

Qui pour succéder à Durand?

Selon plusieurs membres de EELV, les trois courants, réunis dimanche, se sont mis d'accord sur un texte commun, - une motion - défendue par Emmanuelle Cosse, vice-présidente du Conseil régional d'Ile-de-France chargée du logement.

Il y a un consensus sur Emmanuelle Cosse" au sein d"un "pôle de stabilité" en cours de constitution et qui vise à regrouper plusieurs sensibilités du parti dans le but d'être majoritaire au congrès de Caen, ont affirmé le coprésident des députés EELV François de Rugy et Christophe Cavard.

Contactée par l'AFP, Mme Cosse n'était pas joignable lundi.

La désignation de Mme Cosse, ex-présidente d'Act Up, compagne du député de Paris Denis Baupin, "fidèle des fidèles", montre que "Cécile Duflot reprend la main sur la direction du parti", a dit un responsable du parti. La ministre avait déjeuné jeudi avec M. Durand.

Denis Baupin, qui n'a pas souhaité s'exprimer à propos de Mme Cosse, a souligné sur LCI que M. Durand avait "envie d'aller aux élections européennes" et l'avait dit "à de nombreuses reprises".

Propulsé par Cécile Duflot, M. Durand, avocat d'affaires, avait été élu à la tête du parti le 23 juin 2012 (il était seul candidat) pour succéder à celle qui est devenue ministre du Logement dans le gouvernement Ayrault.

Il avait soutenu Nicolas Hulot lors de la primaire 2011, puis était devenu porte parole d'EELV, se mettant au service d'Eva Joly, désignée candidate à la présidentielle.

M. Durand ne sera donc resté qu'à peine 18 mois à la tête du parti. "Ce parti adore se déchirer", a déclaré jeudi à l'AFP Guillaume Sainteny, maitre de conférence à Polytechnique et auteur du livre "L'introuvable écologisme français" (PUF). "Le rôle du leader chez EELV est moins important que dans d'autres formations politiques", mais "dès que quelqu'un est affaibli, ils tirent dessus, c'est dans la culture des Verts, ils ont usé leurs dirigeants", a-t-il ajouté.

 

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