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Intégration : passe d'armes entre Ayrault et Copé

Jean-François Copé (2eG) salue Jean-Marc Ayrault (C), le 6 mai 2008 à Paris [Stephane de Sakutin / AFP/Archives] Jean-François Copé (2eG) salue Jean-Marc Ayrault (C), le 6 mai 2008 à Paris [Stephane de Sakutin / AFP/Archives]

Jean-François Copé et Jean-Marc Ayrault se sont vivement affrontés vendredi à propos de la politique d'intégration, l'UMP accusant le gouvernement de vouloir réintroduire les signes religieux à l'école, ce que la majorité a démenti avec fermeté.

 

C'est la publication vendredi par Le Figaro du compte-rendu détaillé d'un rapport sur l'intégration remis il y a un mois au Premier ministre - et sur lequel il ne s'était pas encore prononcé -, qui a mis le feu aux poudres, à quelques mois des municipales.

Ce rapport en cinq volets propose une "politique repensée" de l'intégration axée sur la lutte contre les discriminations et l'égalité des droits.

Les auteurs, des chercheurs et des experts, qui veulent "en finir avec les discriminations légales", préconisent entre autres mesures la "suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires discriminatoires concernant notamment le +voile+", peut-on y lire.

Est aussi visée la circulaire de mars 2012 sur l'accompagnement des sorties scolaires qui empêche les mamans voilées d'accompagner les élèves lors des sorties scolaires.

Le président de l'UMP, qui a animé jeudi une convention de son parti sur l'immigration, y a immédiatement vu une occasion d'attaquer le gouvernement, avant même que celui-ci ne présente sa feuille de route début 2014.

"Notre République serait en danger si vous cédiez à cette tentation en mettant en oeuvre, ne serait-ce qu'à minima, un rapport dont l'intention est de déconstruire (...) cette République", s'est insurgé Jean-François Copé, qui a tenu à "interpeller solennellement" François Hollande sur le sujet dans un communiqué.

L'ex-Premier ministre et rival de M. Copé, François Fillon, y est allé lui aussi de sa mise en garde, dans un communiqué distinct, contre "les dangers que constituerait l'application de ces rapports". "Ils diviseraient un peu plus les Français et alimenteraient tous les extrémismes", a fait valoir M. Fillon, fustigeant la "logique d'une nation mosaïque et communautariste".

Attendu dans l'après-midi à Rennes pour signer le Pacte d'avenir de la Bretagne, M. Ayrault a tenu à leur répondre sans attendre. Devant la presse convoquée à Matignon, le chef du gouvernement a assuré que son équipe ne voulait "évidemment pas" réintroduire les signes religieux à l'école.

 

Copé "irresponsable et menteur"

 

"Ce n'est pas parce que je reçois des rapports que c'est forcément la position du gouvernement", a expliqué M. Ayrault.

Il s'est dans la foulée emporté contre M. Copé, traité d'"irresponsable et (de) menteur". "Je trouve que Copé est à côté de la plaque mais M. Copé a un problème, l'UMP a un problème, c'est son électorat qui file de plus en plus vers l'extrême droite et le Front National, il ne sait pas comment le retenir, au point de mentir", a-t-il poursuivi.

M. Ayrault a "dénoncé cette façon de faire qui est anti-républicaine", pas "digne" selon lui "d'un chef d'un grand parti". "Il va jusqu'à dire que nous voudrions réintroduire les signes religieux à l'école, le voile à l'école. Mais de quoi parle-t-il ? Est-ce qu'on a dit ça une fois ? A-t-on cette intention ? Evidemment pas", s'est-il emporté.

En retour, M. Copé a estimé auprès du Figaro.fr que M. Ayrault "avait le choix entre rassurer ou assumer, il a préféré l'insulte". "Ce choix en dit long sur l'état de panique à bord qui règne dans l'exécutif", a ironisé M. Copé, interprétant l'intervention de M. Ayrault comme un "recul".

La présidente du FN, Marine Le Pen, avait elle vu vendredi matin une "très grave provocation" dans le rapport publié par Le Figaro. Mettre en oeuvre ses préconisations "signifierait l'abandon définitif du modèle républicain, la mise en place d'une société ultra-communautarisé et divisée", selon elle.

Du côté du PS, on a relativisé, voire critiqué, vendredi matin le rapport, alors qu'une réunion interministérielle doit se tenir "début janvier" à Matignon pour bâtir la future feuille de route du gouvernement en matière d'intégration des immigrés.

Thierry Mandon, porte-parole des députés PS, a ainsi affirmé que "l'orientation générale" de ce rapport "nous éloignerait de la seule voie possible: plus de République, plus de moyens notamment pour l'école". "Certaines pistes proposées sont des impasses, comme remettre le voile à l'école, d'autres sont hasardeuses", a-t-il estimé.

 

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