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Pour les municipales, des écharpes "100% made in France"

Un buste de Marianne ceintur de l'écharpe de maire [Mychele Daniau / AFP/Archives] Un buste de Marianne ceintur de l'écharpe de maire [Mychele Daniau / AFP/Archives]

Il en reste cinq ou six en France : les sociétés qui commercialisent des écharpes tricolores fabriquées à 100% en France pour les maires et leurs adjoints, mettent les bouchées doubles à l'approche des élections municipales des 23 et 30 mars.

"Le problème aujourd'hui est de trouver des produits de fabrication française", explique Patrick Varinard, dont la société est installée depuis 1963 à Vaison-la-Romaine (Vaucluse).

Le ruban est fabriqué par une entreprise de Saint-Etienne (Loire). Ses fils sont teints en bleu, blanc et rouge avant d'être tissés pour former l'écharpe. Onze cm de large, 2 m de long, et portée à l'épaule, elle peut être allongée ou raccourcie, à la demande.

Elle peut aussi se porter à la taille, étant alors plus courte, 1,60 m, mais cette pratique a été abandonnée : l'écharpe glissait souvent et surtout gênait en cas d'embonpoint.

Les femmes maires préféraient elles porter une écharpe-collier, terminée par une médaille de la République. "C'est tombé en désuétude", note M. Varinard.

100% française elle aussi, la passementerie, glands et franges, est fabriquée dans une entreprise lyonnaise. Le tout est présenté dans une boîte fabriquée en Ardèche.

Bien sûr, les élus ne sont pas obligés d'acheter français... et beaucoup sont tentés par des écharpes 45 % moins chères , fabriquées 100% au Pakistan.

Mais "le bord du ruban se froisse, et le tissu, en polyester blanc de mauvaise qualité, est imprimé ensuite", raconte M. Varinard en soulignant "une différence de travail tellement importante" qu'elle est visible à l'oeil nu et encore plus au toucher (ses écharpes de fabrication hexagonale sont vendues 49 euros, ses écharpes d'importation environ 35 euros).

Le port de l'écharpe, obligatoire lors des cérémonies officielles pour maires et adjoints, est régi par le code général des collectivités territoriales. Les maires portent l'écharpe tricolore avec deux glands damassés or et des coulants couleur or. Pour leurs adjoints, glands et coulant sont couleur argent.

Des écharpes de maire dans une boutique spécialisée à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Des écharpes de maire dans une boutique spécialisée à Paris

Les autres conseillers municipaux ne portent pas l'écharpe, sauf s'ils ont reçu une délégation.

Lorsqu'elle est portée sur le torse, de l'épaule droite vers le côté gauche, le bleu doit être placé près du col. Lorsqu'elle est portée en ceinture, le bleu est en haut.

Commandes de toute la France

Parmi ses clients, la société Varinard compte d'autres élus que les maires: parlementaires, conseillers généraux et conseillers régionaux qui arborent des écharpes aux couleurs de la région en y faisant parfois figurer l'emblème, comme la région Bretagne qui a fait broder une hermine.

"Le président du conseil général a droit à un gland en or, les vice-présidents un gland en argent", précise M. Varinard. En fait, ni les élus régionaux ni les conseillers généraux ne sont contraints par une quelconque obligation légale.

Le port de l'écharpe tricolore leur est même interdit. Comme pour tout élu non autorisé à le faire, cette "usurpation de signes" serait sanctionnée d'un an de prison et 15.000 euros d'amende.

Une vendeuse présente présente des écharpes municipales, le 06 mars 2000 dans une boutique à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Une vendeuse présente présente des écharpes municipales, le 06 mars 2000 dans une boutique à Paris

"Les parlementaires, qui portent eux l'écharpe tricolore avec la couleur rouge vers le col, en changent plus souvent car ils les utilisent plus", les cumulards -député-maire ou sénateur-maire - portant souvent la même, note M. Varinard. Et d'ajouter, avec une pointe d'humour, que l’interdiction du cumul sera sans doute une aubaine pour sa profession.

Sa société familiale, dans laquelle il emploie exclusivement des personnes souffrant de handicap, reçoit, dit-il, "des commandes de toute la France", notamment de la région parisienne et de Bretagne.

En général, les carnets de commandes se remplissent entre les deux tours et après le second. Mais certaines mairies ont pris les devants, comme celle d'Avignon. "Une fois, une mairie m'en a commandé deux fois, juste avant les élections et juste après... Ceux qui avaient perdu avaient emporté les écharpes neuves", se souvient M. Varinard.

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