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La future Métropole du Grand Paris pourrait revenir à la droite

Jean-Paul Huchon, président PS de la Région Ile-de-France, au Conseil Régional à Paris le 20 décembre 2012 [Edouard de Mareschal / AFP/Archives] Jean-Paul Huchon, président PS de la Région Ile-de-France, au Conseil Régional à Paris le 20 décembre 2012 [Edouard de Mareschal / AFP/Archives]

Si la droite transforme son essai au second tour des municipales en Ile-de-France et fait basculer certaines communes de petite couronne, la face de la future Métropole du Grand Paris pourrait en être changée.

Le PS, porteur de cette Métropole, qui doit officiellement voir le jour le 1er janvier 2016, a élaboré des scénarios issus du mauvais score du premier tour.

Selon des documents dont l'AFP a eu copie, l'arithmétique est cruelle: l'UMP et l'UDI disposent déjà de plus de 150 conseillers métropolitains et pourraient frôler les 180 sièges, tandis que la gauche (PCF compris) resterait à un étiage de 160.

"On est en difficulté, le rapport de force semble se dégrader pour la gauche en Ile-de-France, mais il ne faut pas tirer de plans sur la comète, on aura une vision précise lundi matin", euphémise Alexis Bachelay, député PS des Hauts-de-Seine, un des pères de la métropole de Paris.

"On n'est pas encore au tapis", veut croire Jean-Paul Huchon, président PS de la Région Ile-de-France, "rien n'est encore fait, dans beaucoup de villes c'est très serré et je ne fais pas le pari que cela va tomber à droite".

Avec un conseiller par tranche de 25.000 habitants dans Paris et les villes des trois départements de la petite couronne, la perte pour la gauche de Clamart (2 conseillers), l'Haÿ-les-Roses (2) et Limeil-Brevannes (1) n'était pas de bon augure.

Que dire alors si la gauche devait céder dimanche des "imperdables" comme Bobigny ou le Blanc-Mesnil, bastions communistes historiques, Aulnay-sous-Bois (PS) ou encore les quatre dernières villes PS des Hauts-de-Seine, "un scénario noir" pour M. Bachelay ?

Mais si la gauche s'inquiète à juste titre, la droite ne jubile pas encore: elle n'avait tout simplement pas prévu un tel scénario.

"Très sincèrement, on avait évoqué et évacué cette hypothèse", déclare à l'AFP Patrick Ollier, réélu maire UMP de Rueil-Malmaison, ce qui lui permettra d'être délégué métropolitain et pouvoir de prétendre à la présidence. "On n'avait jamais cru que l'effondrement de la gauche serait aussi conséquent".

Chez Valérie Pécresse, chef de l'opposition régionale, il n'y a "pas eu de projections sur la Métropole, on se concentre sur les municipales".

"Maintenant on se prend à espérer !", assure M. Ollier, député des Hauts-de-Seine, très impliqué dans Paris Métropole et pour qui "ce serait une belle opportunité!"

- L'étoile pâlie de Bartolone -

Un des rares à avoir pressenti l'affaire, Philippe Dallier (UMP), réélu à plus de 80% à Pavillon-sous-Bois et fervent défenseur de la Métropole, a déjà fait acte de candidature pour la présidence.

Son isolement dans son propre camp ne l'inquiète pas: "La Métropole dépasse le simple clivage droite-gauche, dans chaque camp il y a des opposants à la Métropole." A l'UMP, les élus parisiens et ceux du 92 n'ont pas la même vision, à gauche le PCF y était opposé.

Corollaire de ce constat, "la Métropole devra être gouvernée par une majorité de projet et la question de sa couleur politique ne vient qu'en seconde position", analyse M. Dallier.

"La Métropole doit être faite +ensemble+, sa construction n'est pas de gauche ni de droite, l'enjeu est d'abord économique: la Métropole est attendue par les investisseurs", renchérit-on dans l'entourage du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS), prétendant à la tête de la nouvelle institution. La mauvaise posture de ses protégés dans deux villes de Seine-Saint-Denis pourrait toutefois atténuer son aura d'homme fort du département.

Une victoire de la droite pourrait aussi créer une configuration baroque: Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), si elle n'était pas élue maire de Paris, pourrait prétendre à la présidence du Grand Paris.

"Ces spéculations sont prématurées", déclare Jérôme Peyrat, son conseiller politique, tout en ajoutant que "NKM ne sera étrangère à aucun combat qui concerne les Parisiens".

Quoi qu'il en soit, cet échiquier dépend aussi d'un autre paramètre: "il y aura aussi les 40 communes de la 2e ceinture, soit environ un million d'habitants, qui ont un droit d'option pour entrer dans la métropole", rappelle Daniel Guiraud, maire PS des Lilas et président de Paris Métropole. Elles apporteraient alors leur quota de conseillers, qui pourraient rebattre les cartes.

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