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Valls au Vatican pour la double canonisation

Le Premier ministre français Manuel Valls le 24 avril 2014 à Saint-Lubin-des-Joncherets, dans le centre de la France [Fred Dufour / AFP] Le Premier ministre français Manuel Valls le 24 avril 2014 à Saint-Lubin-des-Joncherets, dans le centre de la France [Fred Dufour / AFP]

Le très républicain Manuel Valls retourne au Vatican, pour la troisième fois en deux ans, afin d'assister à l'exceptionnelle canonisation de deux papes, suscitant des critiques à gauche, mais en accord avec sa volonté proclamée d'apaiser un pays fracturé.

Le Premier ministre représentera la France à la cérémonie de sanctification de Jean XXIII et Jean Paul II, événement au retentissement planétaire voulu par le pape François.

Il y retrouvera 93 délégations officielles, dont 24 chefs d'Etat et têtes couronnées.

Alors ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, le socialiste s'était rendu dans l'Etat pontifical en janvier dernier, accompagnant le président François Hollande.

Le chef de l'Etat avait été reçu par celui de l'église catholique. Atmosphère fraîche et visages réservés, neuf mois après l'adoption par la France de la loi autorisant le mariage homosexuel.

Mais le 20 octobre 2012, M. Valls, qui compte parmi ses proches un ancien grand maître du Grand Orient de France, avait déjà été le premier membre du gouvernement socialiste Ayrault à visiter le Saint-Siège.

Portrait géant du pape Jean Paul II au balcon de la basilique Saint-Pierre à Rome le 25 avril 2014 en vue de sa canonisation dimanche [Alberto Pizzoli / AFP]
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Portrait géant du pape Jean Paul II au balcon de la basilique Saint-Pierre à Rome le 25 avril 2014 en vue de sa canonisation dimanche

Un déplacement suscité par la canonisation du premier saint de Madagascar, au cours duquel M. Valls avait tenu des propos directs et décomplexés, évoquant "une mission intéressante et un honneur".

Alors qu'allait s'engager en France l'ardente bataille du "mariage pour tous", il avait expliqué l'engagement présidentiel et souhaité "un dialogue constant, régulier, respectueux des positions des uns et des autres, des différends, des désaccords quand il y en a".

Il avait aussi demandé "un débat digne et noble" sur la fin de vie, autre engagement du président, autre pomme discorde avec les catholiques.

 

- Apaisement -

 

Au Vatican, la visite de M. Valls ce week-end est perçue en partie comme une nouvelle manifestation de la volonté de Paris d’apaiser les relations tendues avec l’épiscopat français et l’électorat catholique, après cet épisode du "mariage pour tous".

Un geste apprécié même si, pour les responsables de l’Eglise, la politique du gouvernement français sur la famille, l’éducation et la fin de vie reste très critiquable et contraire à la doctrine catholique.

Le pape a repris les positions traditionnelles de ses prédécesseurs sur la défense de la famille. Les spécialistes du Vatican notent en particulier des propos très durs le 11 avril de François contre "tout type d'expérimentation éducative avec les enfants", critique claire de la "théorie du genre" à la mode dans différents pays, la France faisant partie des suspects.

Dans sa déclaration de politique générale le 8 avril, le Premier ministre avait abordé de front ce thème: "Dans un pays traversé par les fractures et les rumeurs, en particulier à propos de la prétendue théorie du genre à l'école, tous les républicains doivent être capables de s'écouter".

Il avait surtout souhaité "l'apaisement, conformément à la volonté du président de la République" après les affrontements autour de la loi Taubira.

Alors que M. Hollande avait promis d'inscrire le principe de la laïcité dans la constitution, la venue de son Premier ministre au Saint-Siège n'a pas manqué d'être vilipendée à gauche. "Pas une bonne idée", a protesté Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche"). "La République n'a rien à faire là", a tranché le chevénementiste Jean-Luc Laurent.

Vendredi, le PS était en revanche resté coi.

En mai 2011, il ne s'était pas privé de pilonner François Fillon, alors Premier ministre, qui avait assisté à Rome à la béatification de Jean Paul II. "Présence particulièrement choquante", avait-on tonné rue de Solférino.

En octobre 2012 déjà, M. Hollande avait vu un "manquement au principe de laïcité" dans les conditions d'une visite de son prédécesseur Nicolas Sarkozy auprès de Benoît XVI.

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