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Européennes : "L'abstention ne pénalise pas le FN"

Bernard Sananès, Président de l’Institut CSA Bernard Sananès, Président de l’Institut CSA. [MERIADECK]

Alors que le PS semble largement distancé, le Front national et l’UMP, eux, font la course en tête en vue des européennes de dimanche. Selon Bernard Sananès, président de l’Institut CSA, la victoire du FN constituerait un séisme politique.

 

Habituellement, les européennes mobilisent peu les électeurs. Quelles sont les raisons de ce désintérêt ?

Pour près de huit Français sur dix, les institutions européennes sont trop éloignées des préoccupations quotidiennes des gens. Il y a une méfiance grandissante vis-à-vis d’une Europe dont beaucoup considèrent qu’elle n’a pas remplie sa mission d’amener la prospérité et de protéger contre le chômage. D'ailleurs, aujourd'hui, c'est dans la tranche d’âge des 35-49 ans, c’est-à-dire ceux qui sont au cœur de la vie active, que la défiance à l’égard de l’UE est la plus forte.

L’abstention risque d’être élevée. A qui va-t-elle profiter ?

Cela pourrait profiter en priorité à l’UMP, dont l’électorat, plus âgé, est traditionnellement moins abstentionniste. Mais, pour l’instant, la perspective d’une forte abstention, qui pourrait passer la barre des 60 %, ne semble pas pénaliser le Front national. Le parti pourrait bénéficier d’un vote défouloir, souvent favorisé par ce type d’élection.

Le FN et l’UMP sont donnés au coude à coude…

Le Front national n’a jamais dépassé la barre des 20 % à des élections au niveau national. Si il atteint ce score et arrive en tête, ce serait un séisme politique. Et une très mauvaise nouvelle pour l’UMP, qui se verrait ainsi disputer le leadership de parti d’opposition.

Le PS a-t-il encore une chance de rattraper son retard ?

La priorité pour le  PS est de remobiliser son électorat dont la démobilisation a été une des causes de sa déroute aux municipales. C’est le sens de l’offensive du Premier ministre, Manuel Valls, la semaine dernière, notamment sur la fiscalité. Est-ce que cela sera suffisant ? Pour le PS, faire mieux que son score de 2009 (16,5 %) serait déjà limiter les dégâts.

L'annonce de Manuel Valls peut-elle vraiment influer sur le vote de dimanche ?

Cette annonce a pour avantage de tomber au bon moment, de cibler un électorat populaire sensible à la thématique du pouvoir d’achat et d'intervenir sur la politique fiscale, qui, on le sait, est une des préoccupations majeures des Français. Cependant,  sur ce sujet, les Français ont été échaudés par les promesses et pourraient attendre des réalisations concrètes avant de reprendre confiance dans le gouvernement.

Les Verts, les centristes et le Front de gauche sont dans un mouchoir de poche. L’un d’entre eux peut-il espérer tirer son épingle du jeu ?

Pour l’instant, le Front de gauche obtiendrait un score assez décevant. Il n’arrive pas à capter autour de lui le double mécontentement à la fois vis-à-vis de la gauche au pouvoir et d’autre part vis-à-vis de la construction européenne. L’UDI et le Modem, eux, se sont fixés comme but de dépasser la barre des 8%. Quant aux Verts, ils partent avec une  base de comparaison avec 2009 qui leur est défavorable. Avec des électorats marqués par l’abstention, atteindre les 8-10% serait déjà pour eux un score convenable.

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