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L'avenir politique de Sarkozy assombri par les scandales

Nicolas Sarkozy (g) et Jean-François Coppé, arrivent à une conférence à Marseille le 8 décembre 2011 [Gerard Julien / AFP/Archives] Nicolas Sarkozy (g) et Jean-François Coppé, arrivent à une conférence à Marseille le 8 décembre 2011 [Gerard Julien / AFP/Archives]

Nicolas Sarkozy, éclaboussé par le scandale des fausses factures de son parti, l'UMP, et dont de plus en plus de proches sont cernés par la justice, voit s'accumuler les obstacles sur la voie d'une candidature à la présidentielle française de 2017.

Au coeur de la tempête, l'ex-chef de l'Etat de droite reste silencieux. Il était il y a quelques jours en Israël pour assister à un concert de sa femme, la chanteuse Carla Bruni. Mardi, c'était Madrid pour des rencontres politiques qu'il continue d'entretenir depuis son échec à la présidentielle de 2012 dans un emploi du temps entrecoupé aussi de conférences privées à l'étranger.

La révélation de fausses factures d'un montant total d'une dizaine de millions d'euros, faites au nom de l'UMP (Union pour un mouvement populaire) alors que les dépenses visaient à honorer des contrats liés à sa campagne pour la présidentielle de 2012, l'a replacé au centre d'une nouvelle polémique en France.

L'affaire a conduit mardi à l'éviction brutale du patron de l'UMP, Jean-François Copé, soupçonné d'avoir couvert les malversations comptables et qui était le plus fidèle soutien de Nicolas Sarkozy, 59 ans, pour son retour en politique.

Mercredi, Jean-François Copé a déclaré que le parti avait "très vraisemblablement réglé des factures qu'elle n'aurait pas dû honorer" et qui incombaient en fait à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Il a toutefois réaffirmé son "intégrité totale" dans une lettre adressée aux adhérents UMP.

Le gouvernement socialiste a, quant à lui, réclamé que "toute la transparence soit faite" sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy.

Le savait-il ou ne le savait-il pas ? "Il me semble impossible de croire qu'un dépassement de budget de 10 millions d'euros, soit 50% de plus que le montant autorisé (dans une campagne présidentielle), puisse se faire sans prévenir le patron", répond à l'AFP Thomas Guénolé, auteur d'un ouvrage en 2013 titré "Nicolas Sarkozy, chronique d'un retour impossible ?".

"S'il (le) savait, il a triché massivement, et s'il ne (le) savait pas, quel chef peut laisser passer un wagon avec 10 millions d'euros dedans : il y a dans ce cas-là un problème d'incompétence. Quand vous avez le choix entre la malhonnêteté et l'incompétence, en termes d'image ce n'est pas une bonne nouvelle pour vous", ajoute Thomas Guénolé.

- Querelles et casseroles -

Les ex-Premiers ministres François Fillon, 60 ans, et Alain Juppé, 68 ans, qui ont pris le contrôle du parti dans le cadre d'une direction collégiale, gardent leurs distances à l'égard de M. Sarkozy.

L'ancien Premier ministre François Fillon (g) et Alain Juppé également ex Premier ministre, au cours d'un meeting le 6 mars 2014 à côté de Bordeaux  [Nicolas Tucat / AFP/Archives]
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L'ancien Premier ministre François Fillon (g) et Alain Juppé également ex Premier ministre, au cours d'un meeting le 6 mars 2014 à côté de Bordeaux

Ils ont tous deux des ambitions présidentielles et n'entendent pas se voir imposer l'ex-chef d'Etat - qui conserve une forte popularité auprès des militants - autrement que dans le cadre loyal de primaires. Se considérant au-dessus de la mêlée, l'ex-président n'entend pas s'y soumettre.

Dès mardi, alors que certains commentateurs ont évoqué l'hypothèse d'une possible reprise en mains du parti par Nicolas Sarkozy, Alain Juppé a posé des conditions à l'élection d'un nouveau patron de l'UMP attendu à l'occasion d'un congrès extraordinaire à l'automne. Excluant de prendre la direction du parti, il a souhaité que "le candidat à la présidence (de l'UMP) s'engage à ne pas être candidat aux primaires".

"Le problème, depuis plusieurs mois, est que ce n'est plus Nicolas Sarkozy qui maîtrise l'agenda de son retour, il est plus en réaction qu'en initiative", note le politologue Frédéric Dabi, de l'institut de sondages Ifop. Sa position n'est pas aisée. "Une défaite à la présidentielle vous marque au fer rouge et un retrait du champ politique vous fait prendre le risque de vous faire oublier par les Français", précise-t-il.

Depuis deux ans, les Français entendent en fait surtout parler de l'ex-président dans le cadre d'affaires judiciaires. L'aveu lundi sur les fausses factures à l'UMP a été fait par Jérôme Lavrilleux, qui était en 2012 directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy.

L'un de ses plus proches collaborateurs, Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, a en outre subi cette semaine une garde à vue de trois jours pour son rôle dans un arbitrage litigieux lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée - auprès de l'ex-président.

"Si Nicolas Sarkozy parvient à écarter une par une toutes les épées des mises en cause politico-judiciaires qui tournoient au-dessus de sa tête, il est imbattable comme candidat du peuple de droite", juge Thomas Guénolé. Mais l'opinion de droite pourrait se retourner en estimant qu'"à force d'avoir des casseroles, il est devenu un candidat trop risqué".

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