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Vallaud-Belkacem, bonne élève devenue chef des profs

Najat Vallaud-Belkacem arrive à Ouistreham, le 20 juillet 2014  [Charly Triballeau / AFP] Najat Vallaud-Belkacem arrive à Ouistreham, le 20 juillet 2014 [Charly Triballeau / AFP]

La populaire Najat Vallaud-Belkacem devient à 36 ans, et à une semaine de la rentrée, la première femme ministre de l'Education, où elle devra faire preuve de doigté pour mener plusieurs réformes attendues mais délicates.

 

Au printemps, Benoît Hamon était loin de se douter qu'il était sur le départ, mais il avait souhaité, lors d'une audition au Sénat, que son successeur soit une femme. Voeu exaucé, donc, avec celle qui fut la première ministre aux Droits des Femmes depuis Yvette Roudy en 1981.

Najat Vallaud-Belkacem, qui avait porté l'expérimentation des ABCD de l'égalité accusée par l'extrême droite et une partie de la droite de véhiculer une prétendue théorie du genre, est aussi la plus jeune à prendre les rênes de cet énorme ministère.

Même si le retour à l'école, de plus de 12 millions d'élèves et 800.000 professeurs est techniquement prêt, elle devra gérer les derniers épisodes de la réforme des rythmes scolaires. Certaines communes sont récalcitrantes et le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, craint une situation "chaotique" les premières semaines.

La ministre devra ensuite poursuivre la relance de l'éducation prioritaire (20% des élèves) ou la refonte des programmes qui a déjà un an de retard. D'autres chantiers attendent, notamment la formation continue des enseignants, en déshérence.

Najat Vallaud-Belkacem arrive aussi juste avant les élections syndicales, période propice à l'expression des mécontentements, nombreux chez les personnels de l'éducation.

L'ancienne porte-parole du gouvernement ne connaît pas particulièrement le milieu éducatif mais pourra s'appuyer sur son art de la communication pour éviter de heurter les enseignants, qui n'avaient pas digéré les allusions au "mammouth" ou aux "changements de couches en maternelle" de précédents ministres de l'Education.

 

- Sang froid et parole contrôlée -

 

Sa nomination marque une nouvelle étape dans la carrière fulgurante de cette franco-marocaine qui a adhéré au PS après le choc du 21 avril 2002.

Née le 4 octobre 1977 dans le Rif marocain, cette deuxième d'une fratrie de sept est arrivée à quatre ans dans la Somme. Mais elle n'a jamais voulu être réduite au rôle de "caution de la diversité". Diplômée de Sciences Po, ex-assistante parlementaire, elle se dépeint comme un "pur produit de la République".

Pourtant, son profil l'a aidée à se faire remarquer, d'abord par le maire de Lyon Gérard Collomb, puis par la candidate socialiste à la présidentielle de 2007 Ségolène Royal, qui en fera sa l'une de ses porte-parole de campagne.

Pour Arnaud Montebourg, Najat Vallaud-Belkacem "fait face aux épreuves avec intelligence et sang-froid". Des qualités qui lui vaudront d'être nommée porte-parole du gouvernement en 2012.

Sans se départir de son sourire, elle défend la parole officielle sans couac majeur, avec la langue de bois inhérente à la fonction et une petite pique à l'occasion envers l'opposition. Les Français apprécient et sa popularité ne faiblit pas.

Lors du dernier remaniement, elle est récompensée par un ministère au périmètre élargi - Droits des Femmes, jeunesse, Ville et Sports, où elle n'a entrepris aucune réforme d'envergure.

En cinq mois, tout juste a-t-elle avancé l'idée d'une "Fête du sport", sur le modèle de la Fête de la musique, pour 2015 et souhaité la création d'un observatoire sur les violences sexuelles dans le sport. Pour les "banlieues", elle s'est chargée de la mise en oeuvre de la loi Ville écrite par son prédécesseur.

Au printemps, elle a encaissé deux coups durs sur les droits des femmes: la suppression, en commission au Sénat, d'une disposition sur la pénalisation des clients de prostituées qu'elle soutenait et le retrait des "ABCD de l'égalité".

Bon soldat, elle a malgré tout défendu le nouveau "plan d'action" sur l'égalité entre les filles et les garçons à l'école, et nié toute reculade du gouvernement.

Cette parole ultra-contrôlée lui vaut des critiques, tout comme son image de bonne élève, manifeste dans sa dernière déclaration de patrimoine ("trois lits", "trois tables", "un canapé", "deux fauteuils"...)

Des biens qu'elle partage avec son mari, Boris Vallaud, un énarque, jusqu'ici directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg, avec lequel elle a des jumeaux de six ans.

 

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