En direct
A suivre

Juppé prêt pour le "match" contre Sarkozy

Alain Juppé, en août dernier.[ERIC PIERMONT / AFP]

Alain Juppé a franchi une étape supplémentaire sur sa route vers l'élection présidentielle de 2017 en se disant prêt dimanche à "aller jusqu'au bout" du "match" avec Nicolas Sarkozy, dont le retour au premier plan n'entame en rien sa détermination.

 

L'ancien Premier ministre l'a répété dimanche au "Grand rendez-vous Europe 1-Le Monde-i>TELE": il est candidat à "des primaires de la droite et du centre" en 2016. "Je sais bien qu'aujourd'hui le match a commencé et que le tacle commence. On essaie de faire croire que je n'irai pas jusqu'au bout. Eh bien, je vais en apporter la détermination. Vous le verrez en 2016 et 2017", a-t-il lancé.

Clairement agacé par les nombreuses questions sur le retour de M. Sarkozy, qui s'exprime dimanche soir sur France 2, le maire de Bordeaux ne s'est pas dérobé pour autant. Son âge (71 ans en 2017), rédhibitoire pour l'Elysée selon les mauvaises langues sarkozystes ? Il s'engage à ne faire qu'un mandat s'il est élu. Sa condamnation assortie d'inéligibilité en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris ? "En matière d'ennuis judiciaires, vaut mieux pas se livrer à un match", a-t-il répliqué, cinglant.

"Quand je me rase le matin, je ne pense pas à Sarkozy", a-t-il même fini par lâcher, rappelant qui étaient ses "adversaires": "le pouvoir socialiste" et sa "politique aberrante" mais aussi le Front national, sa "France barricadée sur elle-même" et "xénophobe", qui "nous ramènerait cinquante ans en arrière".

M. Juppé avait semblé prendre son rival de court en déclarant sa candidature en plein mois d'août. La stratégie de M. Sarkozy de revenir par la présidence de l'UMP (vote le 29 novembre) l'oblige à un exercice médiatique de haute volée: réussir, sans céder du terrain, à se positionner au-dessus de cette campagne interne dans laquelle, promet-il, il ne soutiendra personne, ramenant au passage l'ancien chef de l'Etat au même rang que ses deux concurrents, Hervé Mariton et Bruno Le Maire.

"Pendant huit à dix jours, Nicolas Sarkozy va un peu manger l'actualité". Mais "ne commençons pas la campagne des primaires", insiste l'un des soutiens de M. Juppé, Benoist Apparu, qui prend soin de saluer le "retour d'un homme d'Etat" et n'oublie pas François Fillon en soulignant la "chance pour l'UMP d'avoir potentiellement trois hommes d'Etat en son sein".

 

Question clé des primaires "ouvertes"

Les primaires prévues en 2016, auxquelles M. Sarkozy aurait préféré un adoubement, restent le point crucial. Pour M. Juppé, elles n'auront de sens "que si elles sont élargies aux sympathisants de la droite, du centre, du centre-droit", voire même "au centre-gauche".

Avant, peut-être, de s'affronter en 2016, MM. Sarkozy et Juppé ont déjà une longue histoire commune. Le premier fut le principal lieutenant d'Edouard Balladur (1993-1995), le second fut le Premier ministre de Jacques Chirac. M. Sarkozy a ensuite ravi l'UMP au "meilleur d'entre nous" (dixit Chirac) avant de triompher en 2007. Et le maire de Bordeaux n'a sans doute pas oublié son éviction éclair du gouvernement en 2007 pour cause de défaite aux législatives, règle édictée par M. Sarkozy, avant son retour par la grande porte du Quai d'Orsay en 2010.

Pour l'heure, l'ancien Premier ministre soigne sa différence. S'il n'oublie pas son aile droite avec un long entretien accordée à Valeurs Actuelles, son souhait de réformer le Code du Travail ou encore de "décentraliser l'Education nationale", il se pose aussi en garant de l'"apaisement". Il refuse de pratiquer la politique de la terre brûlée face à François Hollande qui n'a "pas tout faux" et qu'il soutient dans la lutte contre le terrorisme, et dit ne pas croire aux "ruptures brutales". MM. Sarkozy et Fillon se reconnaîtront.

Le maire de Bordeaux soigne aussi sa popularité, lui qui a connu les abîmes à Matignon entre 1995 et 1997. Samedi à Bordeaux, on l'a vu déambuler tranquillement dans la très fréquentée rue Sainte-Catherine, accompagnés de caméras. Prochain grand rendez-vous médiatique: un "prime time" sur France 2 le 2 octobre.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités