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Calais : Marine Le Pen dénonce l'"incurie" du gouvernement

Sa visite intervenait au terme d'une semaine agitée à Calais. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen est venue vendredi à Calais (Pas-de-Calais), où l'afflux de migrants provoque un malaise croissant, dénoncer "l'incurie du pouvoir" en matière d'immigration, suscitant les réactions indignées du gouvernement socialiste, de la mairie UMP et du milieu associatif.

 

"Il y a une scandaleuse incurie du pouvoir qui ne fait rien pour venir au secours de la population calaisienne", a-t-elle affirmé, lors d'une conférence de presse dans un hôtel du bord de mer.

Sa visite intervenait au terme d'une semaine agitée à Calais. Des rixes entre groupes de migrants exaspérés par leurs difficultés à trouver un moyen de passer en Angleterre, forçant une police, qui a dû être renforcée d'urgence, à intervenir, ont créé un climat d'inquiétude, voire de colère, chez une partie croissante de la population.

"Il n'y a plus de lois qui vaillent à Calais, il n'y a plus que la jungle, la loi du plus fort, la violence, l'inverse de la République", a déclaré Mme Le Pen. "Le gouvernement ne dit mot de ce qui se passe à Calais et ferme les yeux", a-t-elle ajouté. "Les habitants, eux, sont à bout", a-t-elle dit.

Selon la préfecture, de 2.000 à 2.300 migrants se trouvent désormais dans la cité portuaire, dans l'espoir de gagner l'Angleterre, alors qu'il étaient 1.500 à la fin de l'été.

Vers 11H00, Mme Le Pen était arrivée devant l'hôtel de ville de Calais pour entamer une visite d'environ une heure sur une artère commerçante, où elle n'est entrée que dans un bar, entourée par une nuée de journalistes.

Dans une ambiance parfois tendue, une vingtaine de personnes appartenant à des associations pro-migrants ont lancé à la dirigeante du FN des invectives comme "Marine dégage!" ou "solidarité avec les réfugiés". La centaine de sympathisants du FN présents ont répliqué par des Marseillaises ou des "Marine présidente".

Mme Le Pen a également fustigé ce qu'elle estime être la "mollesse" du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et "le silence assourdissant" du Premier ministre Manuel Valls comme du président François Hollande sur la situation à Calais.

 

Venue "malsaine"

Des accusations qui ont fait bondir M. Cazeneuve: dans le Pas-de-Calais, "les éloignements de migrants en situation irrégulière et qui ne peuvent prétendre à l'asile ont augmenté de 30% cette année" par rapport à la même période de 2013, "après déjà 30% de hausse en 2013", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Il a critiqué "les mensonges et les outrances" du leader frontiste, l'accusant dans un communiqué "d'exploiter cyniquement des drames humains".

Le ministre a rappelé que 100 hommes supplémentaires ont été déployés à Calais en début de semaine, portant le total police et gendarmerie à 450, ce qui représente, a-t-il affirmé, un nombre "exceptionnel" pour une ville de 75.000 habitants.

En outre, "200 filières de passeurs ont été démantelées sur le territoire national en 2013" et un centre d'accueil de jour pour les migrants va être ouvert "prochainement".

M. Cazeneuve a également annoncé sa venue dans la sous-préfecture du Pas-de-Calais. La sénatrice-maire UMP de Calais Natacha Bouchart a qualifié, elle, de "malsaine" la venue de Mme Le Pen alors que, a-t-elle déclaré à l'AFP, "des annonces ont été faites en début de semaine avec un accord réalisé entre fermeté et humanité dans l'intérêt de la population calaisienne".

"Sa présence prouve qu'elle n'a qu'une seule intention: se faire de la publicité. Moi, j'appelle cela de la misère politique."

Enfin, Pierre Henry, président de l'association France Terre d'asile, qui venait de participer à une réunion avec des élus locaux et des représentants du ministère de l'Intérieur, a jugé que le Front national "tentait de surfer sur une situation dramatique".

"Une fois de plus, cette personne exploite sans vergogne des difficultés et ne fait de bien ni aux Calaisiens, ni aux Français." "Pendant ce temps-là, des gens de bonne volonté, de toute orientation politique, du monde associatif et économique, se rassemblent pour trouver une réponse complexe face à ces difficultés qui existent depuis 20 ans", a-t-il dit à l'AFP.

 

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