En direct
A suivre

Fillon lourdement destabilisé par l'affaire Jouyet

François Fillon à l'Assemblée nationale le 15 juillet 2014 [Betrand Guay / AFP/Archives]

Avec Jean-Pierre Jouyet, François Fillon est l'autre victime des révélations des enquêteurs du Monde : même s'il proteste de sa bonne foi et évoque l'hypothèse d'un complot, il risque de perdre des plumes dans ce nouvel épisode de la guerre au sein de la droite.

 

L'ex-Premier ministre a annoncé qu'il allait porter plainte en diffamation contre les deux journalistes, Gérald Davet et Fabrice Lhomme, et contre leur journal. Jean-Pierre Jouyet est également concerné. Le député de la 2e circonscription de Paris a par ailleurs prévu de demander en référé une copie de l'enregistrement.

"Le contenu de cet enregistrement ayant été partiellement rendu public, nous allons engager une procédure de référé d'heure à heure devant le président du tribunal de grande instance de Paris aux fins de lui demander soit de nous faire remettre, soit de faire remettre à un tiers de son choix, une copie intégrale de l'enregistrement audio, ceci aux fins que cette pièce puisse être versée dans la procédure pénale qui sera aussitôt engagée", affirme Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, avocat de M.Fillon.

 

Le camp Fillon sur la défensive

Pour les fillonistes, toute cette affaire est exclusivement une "affaire Jouyet". "François Fillon poursuit imperturbablement son projet pour la France" et présentera, comme prévu le 14 novembre, "ses propositions sur l'immigration", dans une interview au Figaro Magazine, puis lors d'un meeting à Menton. 

L'AFP a pu entendre lundi matin l'enregistrement du fameux entretien des deux journalistes avec le secrétaire général de l'Élysée, le 20 septembre, tel qu'il est rapporté dans leur livre "Sarko s'est tuer" (éditions Stock). 

Sur la bande, Jean-Pierre Jouyet affirme que, lors d'un repas le 24 juin, l'ancien pensionnaire de Matignon lui a demandé que l'Elysée "tape vite" contre Nicolas Sarkozy en accélérant les procédures judiciaires notamment sur l'affaire des comptes de campagne de 2012.

M. Jouyet, qui fut secrétaire d'État aux Affaires européennes dans le gouvernement Fillon, y affirme que l'ancien Premier ministre avait évoqué devant lui, lors d'un déjeuner le 24 juin, dans le VIIIe arrondissement, l'affaire Bygmalion et le paiement par l'UMP de l'amende (plus de 500.000 euros) infligée à M. Sarkozy pour dépassement de frais de campagne. Après avoir démenti, M. Jouyet l'a admis. 

"C'est de l'abus de bien social", aurait affirmé M. Fillon, selon M. Jouyet. "Tapez vite, si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir", aurait également dit M. Fillon, toujours selon M. Jouyet, à propos de l'ancien président qui s'apprêtait à déclarer sa candidature à la présidence de l'UMP.

"Je rendrai coup pour coup", a prévenu M. Fillon, dimanche soir sur TF1, sur le ton de la colère froide. 

    
"C'est cousu de fil blanc"

L'entourage de l'ancien Premier ministre tente d'éteindre l'incendie avant qu'il ne consume celui dont la popularité avait déjà été sérieusement ébranlée par la guerre interne à l'UMP fin 2012. D'autant qu'il ambitionne d'être candidat à la primaire pour 2017, tout comme le sera probablement M. Sarkozy.

"Le discours à la Thatcher de M. Fillon ne prend pas. Si, en plus, il joue contre Sarkozy", qui devrait prendre la tête du parti le 29 novembre, "ça sera mortifère pour lui", analyse le politologue Jean-Daniel Lévy (HarrisInteractive).

M. Fillon est l'objet d'une "machination", c'est "infamant" à son égard, soutiennent ses amis.

Par qui et pour quelle raison? "Pour mettre le bazar à droite et relancer le conflit entre Nicolas Sarkozy et François Fillon", assurent les mêmes, qui commencent à évoquer le nom du président de la République. 

 

"Cousu de fil blanc"

 "C'est une opération qui permet à l'Élysée de se draper dans les habits de l'inflexibilité devant la justice. C'est cousu de fil blanc", dit-on. "C'est une affaire montée de toute pièce par l'Élysée", assène Bruno Retailleau, président des sénateurs UMP. 

Dans leur livre, les deux journalistes, qui préparent un ouvrage sur le quinquennat et qui ont pour cela déjà rencontré le chef de l'État, écrivent que, "stupéfiante, la démarche de François Fillon (...) nous a été confirmée en septembre 2014 par la présidence de la République, qui a assuré n'y avoir +évidemment+ donné aucune suite". 

Côté sarkozyste, on s'efforce de ne pas mettre d'huile sur le feu, au moment où l'ex-président se veut "rassembleur". "Je crois François Fillon, aucune raison de ne pas croire François Fillon", a martelé lundi le porte-parole de M. Sarkozy, Gérald Darmanin, qui a sous-entendu que le président Hollande aurait pu être présent au rendez-vous entre M. Jouyet et les journalistes du Monde.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités