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Aymeric Chauprade quitte le FN

L'eurodéputé s'est peu à peu retrouvé isolé au sein d'un parti dont il avait pourtant été l'une des têtes d'affiche pendant les européennes de 2014.[PIERRE ANDRIEU / AFP]

L'eurodéputé Aymeric Chauprade, figure montante du FN pendant les européennes, a refermé lundi avec fracas sa parenthèse frontiste, dénonçant sur iTELE la "trahison" morale et idéologique de Marine Le Pen, trop inféodée selon lui à Florian Philippot.

M. Chauprade a reconnu la "dynamique très forte (du FN), des résultats sans doute excellents", et écarté à l'avance tout "opportunisme", avant d'invoquer les raisons "morales" et "de fond, idéologiques" de sa décision. Il a d'abord critiqué Mme Le Pen pour l'avoir "éliminé (...) sur des faux prétextes, comme celui de la vidéo sur l'islam". "C'est une faute morale sur un enjeu crucial, un enjeu de civilisation (...) Jouer de ce prétexte (de la place de l'islam, NDLR) pour éliminer des collaborateurs qui font de l'ombre à Florian Philippot, c'est grave", a accusé M. Chauprade, qualifiant la vie du parti d'"étouffoir". L'eurodéputé, qui compte conserver son mandat, a aussi reproché au parti d'avoir "écarté celui auquel on doit tout parce qu'il est devenu inutile", à savoir Jean-Marie Le Pen, exclu en août.

M. Chauprade, nettement plus libéral en économie, a aussi longuement tiré sur le programme frontiste en la matière et le "marketing électoral" de M. Philippot, excluant que le "vieux modèle suranné socialiste et étatiste des Trente Glorieuses (puisse) impulser le redressement". D'une manière générale, il a dépeint un FN rivé sur la prise du pouvoir mais dont le projet n'est "pas crédible" pour la gestion de celui-ci, pronostiquant demain une "trahison" des Français. M. Chauprade a de facto repris à son compte toute une série de critiques régulièrement émises au sein du FN, notamment chez certains proches de Marion Maréchal-Le Pen mais aussi jusqu'au sein d'une partie de la direction, contre "l'emprise" idéologique et tactique prêtée à Florian Philippot sur la patronne du FN.

Isolé au sein du FN

L'eurodéputé s'est peu à peu retrouvé isolé au sein d'un parti dont il avait pourtant été l'une des têtes d'affiche pendant les européennes de 2014: le géopoliticien a été un temps chef de la délégation européenne FN au Parlement européen, et conseiller de Marine Le Pen aux relations internationales à partir de 2010, malgré ses "doutes" sur la version "officielle" des attentats du 11 septembre 2001.

Mais sa déclaration de politique internationale diffusée à l'été 2014, sa dénonciation en interne d'un "lobby gay", une vidéo sur l'islam (qui ferait planer une "menace très grave sur l'avenir" de la France), et récemment sa participation à l'exfiltration de République dominicaine de pilotes français impliqués dans l'affaire Air Cocaïne lui ont progressivement fait perdre toutes ses responsabilités internes, après un dernier voyage en Egypte avec Mme Le Pen en mai.

"Surtout après l'affaire Air Cocaïne, nos désaccords avec A.Chauprade étaient devenus trop importants et son maintien au FN impossible", a simplement réagi sur Twitter Marine Le Pen.

"Il fallait que je sois le premier à tirer" dans cette guerre "asymétrique" a commenté M. Chauprade à l'AFP, qui avait préparé son annonce dans le plus grand secret: plusieurs cadres ou proches FN interrogés dans l'après-midi n'étaient pas au courant.

L'eurodéputé veut "rentrer dans une logique de droite indépendante, de recomposition d'une grande droite crédible et assumée", plaçant au centre de celle-ci Philippe de Villiers dont il "souhaite fermement le retour", mais évoquant aussi les noms d'Henri Guaino, Nadine Morano, Jean-Frédéric Poisson (PCD), Nicolas Dupont-Aignan, etc. Mais M. Chauprade a jeté aussi un pavé dans la mare en invitant celle dont il a été l'un des plus fervents partisans, Marion Maréchal-Le Pen, à y participer, jugeant qu'elle y aurait "toute sa place".

 

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