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Régionales : l'idée de Manuel Valls d'une fusion avec la droite irrite le PS

Le Premier ministre français Manuel Valls à Paris, le 4 novembre 2015 [MATTHIEU ALEXANDRE / AFP] Le Premier ministre français Manuel Valls à Paris, le 4 novembre 2015 [MATTHIEU ALEXANDRE / AFP]

En évoquant une possible fusion des listes droite-gauche au second tour des régionales face à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais / Picardie, Manuel Valls a mis dans l'embarras, voire agacé, son camp et a ravi le FN.

Derrière l'idée du Premier ministre, l'inquiétude que même un retrait du PS et de sa tête de liste Pierre de Saintignon ne suffise à empêcher la victoire de Marine Le Pen dans cette région, que laissent augurer les sondages. "Il faut envisager toutes les possibilités, y compris celle d'une coalition en cas de score très élevé du FN. La question d'un retrait pour la droite comme pour la gauche peut ne pas être suffisante", car l'électorat de gauche risque de ne pas se mobiliser pour une liste de droite et vice versa, justifie un proche.

Une telle fusion n'accréditerait-elle pas "l'UMPS" dénoncé par le Front national ? "Je ne rentre pas du tout dans ce langage. Précisément, à un moment, face au FN, il faut assumer", réplique le Premier ministre. L'hypothèse, formulée en privé mardi devant des journalistes, a suscité de réserves et critiques à gauche.

"Je n'ai pas l'habitude de mettre mon caleçon après mon pantalon. Il faut faire les choses dans l'ordre (...) J'appelle l'ensemble des socialistes à se concentrer sur le premier tour. Tous les socialistes !", a lâché le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis. "Trop de confidences nuit à la cohérence". "On aborde le premier tour avant de se poser la question du second !", abonde une source gouvernementale haut placée.

Manuel Valls et François Hollande au Petit-Palais-et-Cornemps près de Bordeaux le 27 octobre 2015 [Caroline Blumberg / POOL/AFP/Archives]
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Manuel Valls et François Hollande au Petit-Palais-et-Cornemps près de Bordeaux le 27 octobre 2015

Marine Le Pen "heureuse"

Pour Cécile Duflot (EELV), "c’est se tirer des balles dans le pied". La responsable du parti écologiste, Emmanuelle Cosse, renchérit, y voyant "de l'impuissance". Elle "préférerait que tout le monde dénonce l'idiotie du programme du FN plutôt que de discuter de stratégie politicienne". Certains au gouvernement ont timidement défendu la position de M. Valls, d'autres y voyant une tentative de canaliser le débat pour éviter 48 heures de déchirement après les résultats du 6 décembre.

"Il essaie d’éviter l’éparpillement des discours au soir du premier tour. Il préempte le débat" pour cette soirée, note un ministre A droite, M. Valls s'est vu, sans surprise, opposer une fin de non-recevoir. La fusion "n’a aucun sens" et "c’est la meilleure façon de faire monter le FN encore un peu plus", a réagi François Fillon (Les Républicains).

Xavier Bertrand, candidat LR face à Marine Le Pen, juge que Manuel Valls ne sait "plus quoi inventer pour maquiller la défaite annoncée du PS". A l'inverse, on affichait la satisfaction du côté du FN et de Marine Le Pen.

"L'+UMPS+ est né dans la bouche de Manuel Valls et le sera dans les faits entre les deux tours en décembre", a dit la dirigeante frontiste sur France Bleu Nord. "Je suis très heureuse, il y aura d'un coté les patriotes et de l'autre l'UMPS décomplexé", a-t-elle lancé. "Nous quitterions enfin l'imposture du faux clivage gauche-droite pour aller vers le vrai clivage, celui qui oppose patriotes et mondialistes", selon le FN.

Un retour à une forme de bipolarisation après la présidentielle de 2017, qui mettrait un terme à l'épisode actuel du tripartisme PS/FN/Les Républicains ? Rêvée au FN, cette hypothèse fait aussi son chemin du côté du Premier ministre, qui avait avancé l'an dernier l'idée d'une "maison commune des progressistes" et évoque régulièrement dans ses discours deux "blocs", l'un "républicain", l'autre "réactionnaire".

A l'Elysée, l'entourage du président François Hollande n'a pas commenté la polémique. "Le président se tient à distance de ces élections régionales. Il n’a pas vocation à faire campagne, tout absorbé qu’il est, qui plus est, par la COP21", a-t-on affirmé.

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