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Anne Hidalgo : «La démocratie est fragile»

La maire PS de Paris veut apporter son soutien à Claude Bartolone aux régionales en Ile-de-France. [MALEAN / RSVP POUR DIRECT MATIN]

Une capitale et une région qui avancent main dans la main. Dans la dernière ligne droite des élections régionales, Anne Hidalgo défend la coopération et les valeurs des deux institutions.

La maire socialiste de Paris espère ainsi que la gauche conservera l’Ile-de-France, dans le but de mener à bien des projets communs, alors que la bataille est plus que serrée entre le candidat de son parti, Claude Bartolone, et sa rivale de droite, la députée des Yvelines Valérie Pécresse.

Comment mobiliser les électeurs au second tour ?

N’oublions jamais que des hommes et des femmes sont morts pour le droit de vote. En ne votant pas, ce sont les autres qui décident à notre place. L’abstention est d’ailleurs une des raisons qui explique que le Front national soit si haut. Personne ne peut ignorer, au regard de notre histoire commune, ce que provoque l’extrême droite quand elle arrive au pouvoir. La démocratie est fragile.

Le FN a réalisé un score contenu mais inédit à Paris…

Paris a le plus faible vote FN parmi les grandes villes de France, avec 9,65 %. Mais je ne m’en satisfais pas, car c’est tout simplement trop. Le vote FN n’est pas protestataire, c’est le choix de la politique du pire. Le fonds de commerce de l’extrême droite reste le racisme et l’antisémitisme. Et la haine de l’autre n’a pas sa place dans une ville monde comme Paris, tout comme dans sa région. Celles et ceux qui partagent cette conviction doivent aller voter pour une Ile-de-France ouverte à l’autre et sur le monde. Et tous les candidats FN sont coupables d une forme d escroquerie intellectuelle en faisant campagne sur des thématiques – l'immigration, la sécurité notamment – qui ne relèvent pas du tout des compétences de la région.

Que pensez-vous de la stratégie de la droite dans
cette campagne ?

La droite n’a pas su choisir son option dans ces élections. Elle a en tout cas décidé de ne pas incarner le progrès dans le but de récupérer les voix du FN. Mais l’Ile-de-France comme Paris sont progressistes. De plus, la droite essaye de nous délégitimer, sur la question des impôts, par exemple. Je rappelle que dans le cas de Paris, j’avais pris l’engagement de ne pas les augmenter, qu’ils n’ont pas augmenté et qu’ils n’augmenteront pas. Paris est d’ailleurs une des rares villes à ne pas l’avoir fait, et on ne peut pas en dire autant des communes de droite. L’engagement de Claude Bartolone pour la région est identique à celui que j’ai pris dans la capitale.

Vous pointez aussi du doigt la présence sur les listes de droite de personnes liées à la Manif pour Tous…

Oui, car leur offrir une telle place suppose de vivre sous leur influence. On ne peut pas se le permettre à plusieurs égards, à commencer par la lutte contre le sida. L’épidémie reste forte dans la région et il est nécessaire de venir en aide aux associations de lutte, d’engager des moyens, de mobiliser des chercheurs, de travailler avec l’ONUSIDA, dans le but d’atteindre le zéro contamination. Cela suppose de s’impliquer dans les collèges, les lycées, les CFA, les hôpitaux… Mais avec des militants de la Manif pour Tous à la région, tout ce travail volerait purement et simplement en éclat.

Une région à droite et une capitale à gauche ralentirait-il des projets ?

Certainement, et notamment en matière de transports et d’environnement. La droite francilienne veut construire des autoroutes alors que j’ai réuni 1 000 maires du monde entier, la semaine dernière : notre message était unanimement de lutter contre le diesel et de réduire résolument les sources de la pollution. Le conservatisme des élus de droite les aveugle face aux défis de notre siècle. Pour eux, ce n’est jamais le bon moment, par calcul électoral. Peut-on me dire droit dans les yeux que nos aménagements et nos mobilités innovantes ont nuit à l’attractivité mondiale de Paris ? Les chiffres démontrent concrètement tout le contraire. Avec Claude Bartolone, nous croyons au volontarisme politique, pas aux calculs électoraux.

La droite accuse le PS de ne pas en avoir fait assez sur la sécurité…

Et cet argument n’est pas crédible car ce sont eux qui ont supprimé des postes lorsqu’ils étaient au pouvoir. Je rappelle d’ailleurs que la candidate de la droite francilienne était ministre du Budget d’un gouvernement qui a supprimé 10 000 postes de policiers, dont 1 500 à Paris. Nous, nous nous battons pour la sécurité de manière concrète : au prochain budget qui sera voté en décembre j'ai inscrit 11 millions d'euros pour sécuriser des crèches et des écoles. Et nous avons obtenu des effectifs supplémentaires grâce au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Comment se relève la capitale après les attentats ?

Je trouve que la réaction des Parisiens est très impressionnante. Il y a beaucoup de résilience, de dignité, de courage. Bien sûr qu’il y a la menace et qu’il y a un besoin de sécurité. Comme beaucoup de Parisiens, je serai marquée à vie, mais je ne sens pas de personnes animées par la peur. La devise de notre ville, «Fluctuat Nec Mergitur», n’a jamais été aussi bien adaptée. Les fanatiques doivent savoir que Paris ne sera jamais un radeau à la dérive, c’est un bateau puissant qui tient son cap.

Certains terroristes étaient des enfants de la République. Faut-il revoir la politique d’intégration ?

Ce sont des assassins et rien ne saurait justifier cette logique de mort. Mais il est évidemment de notre responsabilité de s’interroger sur les fractures de notre société. Il nous faut mener, en plus de la sécurité, un travail très fin avec les associations qui agissent dans les quartiers. Je pense notamment aux plus vulnérables, des personnes sans repères, qui sont susceptibles de tomber dans les filets de ces adorateurs de la mort. Quelles commémorations sont prévues ces prochaines semaines ? Nous pensions à des commémorations autour des attentats de janvier, mais depuis le 13 novembre nous imaginons un moment de commémoration plus conséquent en hommage à toutes les victimes de l année 2015 Cela pourrait être une cérémonie associant nos concitoyens, qui ont déjà donné toute sa force au symbole de notre place de la République, au cours des dernières semaines.

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