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La victoire de Hamon, un dilemme pour Hollande

Entre les deux hommes, la rancoeur pourrait être tenace. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Depuis la victoire de Benoît Hamon à la primaire organisée par le Parti socialiste, François Hollande affronte un cruel dilemme : adouber un candidat qui n'a cessé de combattre sa politique depuis 2014 ou tirer un trait sur le PS qu'il a conduit pendant une décennie.

Réfugié dans un silence assourdissant tout au long de la campagne de la primaire, s'abstenant de glisser un bulletin dans l'urne au premier comme au second tour, le chef de l'État recevra Benoît Hamon, jeudi, à 11h, à l'Élysée.

Entre les deux hommes, la rancoeur pourrait être tenace. Benoît Hamon, «il est quoi ? Pas grand-chose», lâchait ainsi François Hollande au détour du livre de Gérard Davet et Francis Lhomme, «Un président ne devrait pas dire ça...». L'épisode de la motion de censure que les ex-ministres Benoît Hamon, Aurélie Filippetti et Cécile Duflot avaient tenté de déposer en mai 2016 pour empêcher le recours au 49.3 sur la loi travail, a laissé des traces aussi. «Hamon est un frondeur, pire, un censeur : il a signé un texte pour renverser le gouvernement Valls», s'étrangle encore un intime du président.

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Dans l'adversité, François Hollande, assure cependant l'un de ses proches collaborateurs, conserverait sa retenue habituelle : «La victoire de Hamon, on l'avait vue venir et le président est dans l'analyse, pas dans l'émotion ou l'affect.» Jeudi, le chef de l'État procéderait ainsi par étape, d'abord «écouter Benoît Hamon», puis engager la discussion quand le député des Yvelines lui aura expliqué «comment il compte mener sa campagne et rassembler».

François Hollande se décidera-t-il à rompre le silence ensuite ? «Un jour ou l'autre», ajoute-t-on prudemment au palais présidentiel. Pour un proche de François Hollande, «la balle est désormais dans le camp de Benoît Hamon : va-t-il rester sur la ligne de sa campagne de la primaire ou va-t-il tenter de rassembler la gauche en tendant la main aux électeur de Manuel Valls ?» Et de prévenir : «Il n'y a pas de victoire possible et même pas de qualification possible pour le second tour sans rassemblement.»

Pour être élu à la présidentielle, insiste-t-on, «il faut obtenir les suffrages de 18 millions d'électeurs», le nombre de voix recueillies par le chef de l'État sortant au second tour en 2012. Aux yeux de l'Élysée, Benoît Hamon aurait d'ailleurs amorcé le rassemblement souhaité. «C'est le sens des démarches qu'il a entamées auprès du Premier ministre et du président», veut-on se rassurer.

Un ralliement à Macron ? 

Quant à la rumeur d'un ralliement du président à la candidature d'Emmanuel Macron, elle appelle cette réplique apparemment sans appel : «Qui peut envisager qu'avec un candidat choisi par le Parti socialiste, le président en soutienne un autre ?» Mais un ami du président se montre moins péremptoire. «Les électeurs nous ont mis dans une situation indémerdable», s'alarme-t-il. D'un côté, François Hollande n'aurait d'autre choix que d'«aller voir Macron» face à la «double préoccupation de ne pas faire l'impasse sur la présidentielle et d'assurer la présence d'un candidat de la gauche au second tour». De l'autre, «il ne peut pas tirer un trait sur le Parti socialiste» dont il a été le premier secrétaire pendant onze ans, de 1997 à 2008, l'équation étant ainsi «pour le moins difficile».

Quant au rassemblement du PS, il a bien mal commencé dimanche soir, poursuit cet intime du président, quand «au lieu de rechercher l'unité des socialistes, Hamon est allé voir d'abord du côté de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot», le leader de France Insoumise et le candidat d'EELV. Dans ces conditions, «la prudence», selon lui, voudrait que François Hollande «attende, peut-être jusqu'à la publication officielle de la liste des candidats à la présidentielle, le 17 mars» avant de s'exprimer.

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