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Présidentielle 2017 : au Portugal, Benoît Hamon parle légalisation du cannabis

Le candidat Benoît Hamon a rencontré Joao Goulao, le directeur de la Sicad, l'organisme qui chapeaute l'opération de dépénalisation du cannabis au Portugal[FRANCISCO LEONG / AFP]

Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a évoqué samedi à Lisbonne la dépénalisation du cannabis, appliquée avec succès au Portugal depuis le début des années 2000, même s'il souhaite sauter le pas de la légalisation.

«La légalisation du cannabis est un moyen de tuer les trafics, plutôt que les trafics tuent», a déclaré Benoît Hamon à l'issue d'une rencontre d'environ une heure avec João Goulão, directeur de l'organisme qui chapeaute l'opération, la Sicad, au Portugal. Se disant «déterminé sur ce sujet», mais aussi respectueux et prudent, M. Hamon a expliqué que «cela supposera un travail spécifique, auquel le ministère de la Santé devra se consacrer» et qu'il ne se lancerait pas dans le processus «la fleur au fusil».

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«C'est bien de dire moralement "non". Mais encore ? On laisse notre jeunesse en contact avec des dealers qui peuvent leur vendre des drogues dures, dans un système qui ne protège pas, mais qui impose», a-t-il détaillé. Le candidat prône, comme l'a fait le Portugal, une politique d'accompagnement doublée d'un gros effort de prévention. «Ce n'est pas en 2018 qu'on aura des débits de cannabis partout sur le territoire», s'est-il amusé en mimant un claquement de doigts.

Le Portugal a choisi en 2001 de décriminaliser aussi les drogues dures en raison d'une très forte consommation, notamment d'héroïne, qui concernait alors jusqu'à 1% de la population. Concrètement, a expliqué M. Goulão, l'usage n'est plus illégal et les consommateurs disposent de possibilités de prise en charge, médicale, ou sociale et psychologique.

Une politique réussie au Portugal

Outre une division par deux des consommateurs d'héroïne, le Portugal compte aujourd'hui selon cet ancien médecin, devenu une référence sur la question dans le pays, seulement quelque 5.000 personnes hors du système de prise en charge. Soulignant l'unanimité politique, il s'est félicité que ce soit le fruit d'une «politique d'État, davantage qu'une politique de gouvernement».

«La légalisation du cannabis, c'est un État qui dit : "nous avons un problème de santé publique, avec une augmentation de la consommation, notamment chez les jeunes, il faut une prise en charge plus forte et libérer les forces de police pour des tâches plus importantes"», a argumenté l'ancien ministre de l'Éducation, qui n'envisage pas d'étendre sa proposition à l'ensemble des drogues.

«C'est parce que je pense qu'il est dangereux de se droguer qu'il faut légaliser», a-t-il ajouté. Interrogé sur les débats pendant la primaire autour de cette question, M. Hamon a rappelé qu'il l'avait «emporté avec près de 60% des voix». «Maintenant, je suis dans la présidentielle, je veux me projeter vers l'avant, ce qui m'importe aujourd'hui, c'est de parler aux Français, pas aux dirigeants du Parti socialiste», s'est-il agacé.

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