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Présidentielle 2017 : un feuilleton à rebondissements

De la victoire suprise de François Fillon à sa remise en cause par les affaires d'emplois fictifs présumés à la consécration inattendue de Benoît Hamon, en passant par l'alliance Macron-Bayrou, voici ce qu'il faut retenir jusqu'à présent de la campagne.[AFP]

Jamais une campagne présidentielle française n’avait été marquée par autant d’épisodes imprévisibles, de scandales et de révélations. Un véritable feuilleton qui cristallise les passions et passionne le public, en France comme à l'étranger.

De la victoire surprise de François Fillon à sa remise en cause par les affaires d'emplois fictifs présumés, à la consécration inattendue de Benoît Hamon, en passant par l'alliance Macron-Bayrou, voici ce qu'il faut retenir jusqu'à présent. En attendant de nouveaux rebondissements ? 

27 novembre 2016 : François Fillon créé la surprise

Le second tour de la primaire à droite et du centre ne fait que confirmer les résultats surprises du premier scrutin organisé une semaine plus tôt. Sa haute expérience de la vie politique, la sagesse supposée incarnée par son âge, sa volonté de tourner la page des années Sarkozy et ses prestations jugées convaincantes lors des débats précédant l'élection, avaient pourtant fait d'Alain Juppé le favori.

Mais le choix définitif des électeurs invalide les prédictions déjà portées sur l'hypothétique duel entre l'édile de Bordeaux et l'ancien président de la République. Dans l'ombre de ce dernier pendant des années, François Fillon, à la faveur d'une remontée improbable, créé la surprise. Il écrase d'abord le premier scrutin (44,1%), élimine du même coup Nicolas Sarkozy (20,7%) et s'offre un second tour face à Alain Juppé (28,6%) à qui il administre l'estocade une semaine plus tard. Dès lors, le Sarthois devient la figure de proue des Républicains. A cet instant, beaucoup considèrent que l'élection présidentielle est, pour lui, imperdable. 

1er décembre 2016 : François Hollande s’efface

Fragilisé par les chiffres du chômage, le débat passionné entourant la loi El Khomri, ses confidences aux journalistes du Monde, la gestion de l'Etat d'urgence et la renaissance de l'aile gauche du PS, le président de la République jette l'éponge et prend de court certains observateurs pourtant avertis de la vie politique, qui anticipaient une nouvelle candidature de sa part. Au terme d'un discours d'une dizaine de minutes prononcé depuis l'Elysée, François Hollande met un terme aux spéculations sur son avenir. «J'ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle, au renouvellement de mon mandat», indique-t-il solennellement.

Son mandat aura été marqué par la loi sur le mariage entre personnes de même sexe (mai 2013), l'accord historique sur le climat obtenu au terme de la COP21 (décembre 2015) ou encore la réussite de l'opération militaire française dite «Serval» au Mali. Mais la loi Travail, notamment, n'a pas fait l'unanimité, y compris au sein de l'aile gauche du PS.

François Hollande n'a pas indiqué quelle orientation il entendait donner à son avenir politique une fois son départ de l'Elysée.

15 décembre 2016 : le FN rattrapé par les affaires 

En ordre de marche à la faveur d'un vent porteur, le FN collectionne les intentions de vote au premier tour de la Présidentielle. Mais les ennuis judiciaires le rattrapent. Une information judiciaire est ouverte le 15 décembre pour des soupçons d'emplois fi que Marine Le Pen refuse de rembourser. 

De fait, l'argent exigé par l'UE sera dictement ponctionné sur les indemnités touchées par Marine Le Pen, en tant que députée européenne. Le siège du parti a été perquisitionné le 20 février. Deux jours plus tard, Catherine Griset a été mise en examen à l'issue de sa garde à vue. Convoquée par les enquêteurs, Marine Le Pen a refusé de répondre aux questions de la police. Malgré l'éclatement de l'affaire, le FN reste au plus haut dans les sondages.

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29 janvier 2017 : Benoît Hamon se révèle

Ils étaient peu nombreux à parier sur Benoît Hamon, éphémère ministre de l'Education de François Hollande et ancien «frondeur» du PS, lorsqu'il a officialisé sa candidature à la primaire de la gauche, le 16 août dernier sur le plateau du 20 heures de France 2. Pourtant, après avoir créé la sensation au premier tour (35,8% contre 31,3% pour Manuel Valls 2e), Hamon confirme son envolée lors du deuxième passage aux urnes. Bénéficiant du soutien d'Arnaud Montebourg, il porte l'estocade à l'ancien Premier ministre (58,88%). Le clan de Valls, qui traîne comme un boulet son passage de trente-deux mois à Matignon, est groggy.

Le choix des militants socialistes est clair. Hamon et son projet axé autour de plusieurs thèmes forts comme le revenu universel, la réduction du temps de travail et l'«impôt robot» incarne l'avenir. Après les années Hollande-Valls marquées par un virage libéral, le PS prend un virage à gauche plus proche de ses fondamentaux.

25 janvier 2017 : François Fillon dans le collimateur de la justice

François Fillon avait bâti avec fierté sa candidature sur son absence de démêlés judiciaires. En atteste notamment sa sortie assassine contre Nicolas Sarkozy en août dernier. «Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ?», avait-il lancé dans une allusion à peine voilée à l'ancien chef d'Etat englué dans les affaires avec la justice. Mal lui en a pris.

Les révélations au vitriol du Canard Enchaîné dans son édition du 24 janvier ont fait l'effet d'une déflagration. Ce jour-là, l'hebdomadaire révèle que de lourds soupçons d'emplois fictifs plane sur lui. En ligne de mire, Penelope Fillon, embauchée en tant qu'attachée parlementaire de longues années du temps où son époux fréquentait le Palais Bourbon. Deux des enfants du couple, aussi employés comme assistants de leur père quand il exerçait la fonction de sénateur, sont mêlés au scandale.

Pris dans l'étau, Fillon tente rapidement de dissiper les doutes mais sa défense ne convainc pas. Sa côte de popularité s'effrite et le candidat est contraint de montrer ses muscles face aux dissidences naissantes dans son propre camp. Mais le pire est à venir. Il annonce le 1er mars être convoqué deux semaines plus tard par les juges d'instruction en vue d'une prochaine mise en examen. Pour celui qui avait annoncé, le 26 janvier sur TF1, se retirer de la course à la présidentielle en cas de mise en examen, le coup est terrible. Faisant fi de sa promesse, il maintient coûte que coûte sa candidature et décide de s'en «remettre au suffrage universel».

15 et 16 février 2017 : Emmanuel Macron face aux polémiques

Macron n'échappe pas aux polémiques. Ses propos, le 15 février, en Algérie sur la colonisation française taxée de «crime contre l'humanité», ont soulevé une vive indignation, notamment à droite. Si le candidat a depuis présenté ses excuses, une plainte d'association de pieds-noirs a été déposée contre lui pour «injure». «Les propos d'Emmanuel Macron ont bouleversé, écœuré, blessé d'innombrables Français d'Algérie et harkis. J'ai reçu des milliers de mails. Il y a une véritable colère», a expliqué Thierry Rolando, président de l'association le Cercle algérianiste.

Nouvelle sortie controversée le 16 février quand il déclare dans l'Obs que les adversaires du mariage homosexuel ont été «humiliés» lors du quinquennat de François Hollande, car on leur a pas suffisamment «parlé». Face aux critiques, Macron effectue son mea culpa. «Par sa réaction à mon propos, la communauté homosexuelle m'a rappelé que ses plaies sont encore à vif. Qu'elle a été humiliée, violentée, blessée par un processus qui aurait dû être un soulagement mais a tourné à l'affrontement», déclare-t-il.

 22 février 2017 : François Bayrou rejoint Emmanuel Macron

Tout le monde voyait déjà François Bayrou se profiler vers une quatrième candidature à la présidentielle et spéculait sur l'impact que celle-ci aurait pu avoir sur le score d'Emmanuel Macron au premier tour. Le président du Modem surprend son monde le 22 février quand il annonce finalement proposer une alliance à l'ancien locataire de Bercy qui accepte dans la foulée. Le même Macron que Bayrou dézinguait à tout va dans un passé pas si lointain, le taxant de candidat des «forces de l'argent» ou encore d'«hologramme» dont le projet de société «est au fond infiniment proche de celui que défendait Nicolas Sarkozy en 2007».

Devant les interrogations légitimes, le maire de Pau justifie sa décision par le fait qu'Emmanuel Macron a répondu favorablement à quatre conditions qu'il avait préalablement posées pour rejoindre son équipe. Parmi elles, une loi de moralisation de la vie publique. En réalité, le pact scellé promettrait bien plus et s'étendrait aux législatives où 96 investitures sous l'étiquette «En Marche!» seraient promises aux élus centristes, dont une majorité issue du Modem. Le 23 février, les deux hommes s'affichent ensemble au Palais de Tokyo à Paris. 

5 mars 2017 : François Fillon envers et contre tous

Lâché par une partie de son camp, François Fillon organise un grand rassemblement dimanche 5 mars au Trocadéro. Son camp revendique entre 200.000 et 300.000 personnes présentes alors que la place ne peut en contenir que 45.000. Fillon considère cette manifestation comme une démonstration de force et en ressort renforcé.

Le lendemain, Alain Juppé, pressé par une partie de la droite de prendre le relais de François Fillon décline la proposition lundi 6 mars. «Je confirme une bonne fois pour toute que je ne serai pas candidat», indique- en conférence de presse celui qui avait affirmé ne pas être «un plan B». 

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