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Mélenchon confirme sa dynamique à Marseille

Convaincre les indécis est son actuel credo[Anne-Christine POUJOULAT / AFP]

En progrès dans l'opinion, Jean-Luc Mélenchon a confirmé sa bonne dynamique lorts du grand meeting organisé en plein air, dimanche à Marseille. Il semble désormais avoir une réelle chance d'être présent au second tour de la présidentielle.

Le candidat de La France insoumise revendique d'avoir rassemblé près de 70.000 personnes. Il avait cette fois choisi le thème de la paix pour s'exprimer sur le Vieux Port.

 «Si vous voulez la paix, ne vous trompez pas de bulletin de vote» et «si vous en choisissez un pour la guerre, ne vous étonnez pas si elle finit par arriver», a déclaré le candidat de La France insoumise (LFI) devant des dizaines de milliers de personnes (70.000, selon LFI) rassemblées sur le Vieux-Port.

Lui qui devance désormais François Fillon (avec 18% contre 17% pour le candidat LR), en troisième position, dans un sondage KANTAR Sofres-Onepoint, a présenté le rameau d'olivier qu'il portait à sa boutonnière comme le «nouveau symbole» de sa campagne. «Je suis le candidat de la paix», a-t-il lancé, rappelant que «la paix est centrale dans le programme qu'(il) présente».

Reprenant son hommage ému à la Méditerranée, comme il y a cinq ans sur la plage du Prado, M. Mélenchon a commencé par demander à la foule, débordant largement sur la Canebière voisine, d'observer une minute de silence pour les migrants disparus en Méditerranée.

Puis, à la fin de près d'une heure d'un discours bien plus court qu'à l'accoutumée, il a assumé le propos qui avait été interprété en 2012 comme le coup d'arrêt de sa progression dans les sondages: "Aujourd'hui comme hier, je me réjouis que la France soit métissée et tous ses enfants sont nos enfants.» 

«Je vous demande un châtiment électoral exemplaire pour ceux qui ont voulu nous séparer», a-t-il asséné. Le candidat a salué l'«enthousiasme nouveau» entourant sa campagne, permettant aux électeurs de ne pas avoir finalement à choisir selon lui «entre deux extrêmes»: «l'extrême droite» de Marine Le Pen «condamnant notre grand peuple multicolore à se haïr entre lui-même», et «l'extrême marché» de M. Fillon et d'Emmanuel Macron, «sorte de magie noire qui transforme la souffrance, la misère, l'abandon en or et en argent».

Vers une qualification au second tour ? 

Alexis Corbière, porte-parole de La France insoumise, a estimé lundi que les conditions étaient «réunies» pour que Jean-Luc Mélenchon «soit au second tour» de l'élection présidentielle, invitant «chacun à l'aider».

«Je crois que les conditions aujourd'hui sont réunies pour qu'il soit au second tour», a affirmé M. Corbière sur CNews, au lendemain d'un sondage le créditant de 18% des voix, juste devant François Fillon (17%), au premier tour, toujours dominé par Marine Le Pen et Emmanuel Macron (chacun à 24%).

«On a un regard assez froid avec les sondages, on les observe bien évidemment, mais on a des éléments objectifs pour juger d'une dynamique bien réelle», a déclaré M. Corbière. Il a cité à l'appui «une participation accrue» dans les meetings et «sur les réseaux sociaux». «On est à près désormais de 380.000 personnes qui s'inscrivent dans notre campagne, sur notre site, on était à 250.000 le 18 mars dernier», a-t-il déclaré.

«Je dis à Benoît (Hamon) 'il y a une dynamique autour de Jean-Luc Mélenchon, une dynamique populaire (...) à laquelle il serait bon que personne ne soit un obstacle', a encore affirmé le porte-parole de La France insoumise. «J'invite chacun à l'aider, avant même le 1er tour», a-t-il ajouté.

Il est «très fatigué»

«Il est infiniment plus prêt que l'état de surprise de la dernière fois», a commenté Clémentine Autain, porte-parole d'Ensemble et soutien de M. Mélenchon. «Le paysage a changé, cette élection est beaucoup plus incertaine, plus mouvante qu'en 2012 où elle était dominée par les deux grands partis à l'époque», assure de son côté Manuel Bompard, son directeur de campagne.

Qualifiant la campagne 2017 de «fascinante», le candidat de La France insoumise a estimé vendredi sur le plateau de France 2 avoir «rarement vu autant le peuple français se chercher» que cette année. «J'ai le culte de l'action populaire, mon optimisme est sans limite», a-t-il ajouté, posant les enjeux de son intervention dimanche.

Non seulement il est prêt mais tout a été organisé pour qu'il tienne jusqu'au bout. Et s'il a lui-même reconnu être «très fatigué», en meeting à Châteauroux dimanche dernier, il a réussi à s'illustrer dans les débats télévisés au point de se présenter dans le même temps comme «une figure rassurante".

«Au bord du point de bascule»

Étonnant de la part de cet homme sanguin et entier, connu pour ses coups de gueule. Mais cela s'explique selon lui par une campagne minée par les affaires, où lui-même, lancé depuis 14 mois et s'appuyant sur un programme longuement pesé et très complet, s'apparenterait à «un chemin balisé». «Du coup, j'apparais pour beaucoup comme une solution raisonnable… Non, pas raisonnable… raisonnée. Avec moi, il y a des étapes, un calendrier, une méthode», analysait-il récemment.

Pas le droit à l'erreur donc, d'autant que le relatif tassement d'Emmanuel Macron lui ouvre la porte de la finale. M. Mélenchon distance de plus depuis maintenant trois semaines le socialiste Benoît Hamon, dont la dynamique s'est enrayée avec le feuilleton des départs socialistes vers le candidat d'En Marche!.

«Le mécanisme du vote utile profite à Jean-Luc Mélenchon», explique un proche, «on est au bord du point de bascule». De fait, au delà des intentions de vote, M. Mélenchon atteint des sommets de popularité. Avec 51% d'opinions positives (+19 points en un mois), il a pris jeudi la tête des personnalités politiques préférées des Français.

Convaincre les indécis est son actuel credo. Au premier rang desquels, pourquoi pas, les Gaullistes soucieux de la souveraineté de la France à qui s'adresse son discours de sortie de l'OTAN et de bataille pour la paix dans le monde. Mais aussi les abstentionnistes des classes ouvrières et employées. Vendredi, il a commenté leur "immense perplexité" face à une gauche politique qui, selon lui, «s'occupait d'eux, de leurs salaires, etc» mais les a «frappés» au cours du dernier quinquennat.

«Au même moment une extrême droite extrêmement active a su capter une certaine énergie», a-t-il poursuivi, promettant de «porter le combat et de convaincre» contre Marine Le Pen.

«Il y a des moments où vous sentez que la situation et les destins s'approchent de vous, je le dis sans prétention», a-t-il ajouté.

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