En direct
A suivre

Le confinement, trois ans après : «À l'hôpital, le Covid n’a fait qu’accroître un mal-être qui existait déjà», témoigne une infirmière

L'hôpital français s'est mobilisé en masse pour gérer l'afflux des patients aux premières heures du Covid-19. [Thomas SAMSON / AFP]

Il y a trois ans jour pour jour, le 17 mars 2020, la France entrait dans son premier confinement. Une période compliquée pour le personnel médical, mobilisé dès le premier jour face au Covid-19. Virginie Seguin, infirmière enrôlée en réanimation au plus fort de la pandémie, est revenue pour CNEWS sur cette crise sanitaire majeure ayant placé le personnel hospitalier en première ligne.

Les héros du Covid-19. Le 17 mars 2020, alors que les contaminations au SARS-CoV-2, le nom scientifique du coronavirus, se multipliaient, le président de la République Emmanuel Macron annonçait un premier confinement pour tenter d'endiguer l'avancée du virus dans l’Hexagone.

À l’hôpital, les services se sont mobilisés d'emblée pour prendre en charge les patients. Un personnel hospitalier déjà en tension en temps normal qui a tout donné, jonglant entre déprogrammations des opérations et manque de matériel.

Cette expérience a profondément marqué Virginie Seguin, infirmière en chirurgie endocrinienne placée durant le Covid-19 en réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris (13e).

Comment les infirmiers ont-ils été mobilisés au début de la pandémie ?

J’étais en service général de chirurgie endocrinienne. Le service a en tout 40 lits, à savoir une salle de 30 lits et une autre de 10 lits. Cette dernière a été changée en unité où les patients dormaient pour désengorger les urgences avant de quitter la salle le lendemain ou être transférés dans un autre service.

Avec l’apparition de la première vague du Covid-19, on nous a dit que la pandémie montait et qu’il fallait se réorganiser. Dans mon service, des chirurgies ont été déprogrammées pour accueillir les personnes malades.

On a mis nos peurs et nos angoisses dans la poche

Virignie Seguin, infirmière

Comment avez-vous accompagné les patients ?

On ne savait pas comment cela allait se passer. Certains patients sont partis dans un autre service car ils nécessitaient une prise en charge plus longue que l’on pouvait donner. C’était dur parce que quand on nous posait des questions, on ne savait pas quoi répondre. On était à pied d’égalité avec les patients.

Cependant, on a mis nos peurs et nos angoisses dans la poche. Par-dessus, on a mis une paire de gants et on est allé au boulot. On n'avait pas à faire ressentir nos angoisses aux malades. À l’époque, on n’avait pas toute la pression administrative où il faut remplir le dossier en trois exemplaires ou noter tous les détails. Les patients arrivaient, on suivait les prescriptions, en cas de problèmes on appelait les médecins. Pour les ambulances, tout allait bien.

On n’avait pas tout le poids administratif. On avait les patients au cœur de nos soins. Cela ressemblait presque à une médecine de guerre.

Quelles étaient les difficultés rencontrées à l’hôpital durant la période du Covid-19 ?

Le premier problème, c’était la difficulté de ne pas savoir avec quelle méthode on devait travailler, notamment avec le changement des équipes le matin et le soir. Puis, le deuxième problème que l’on avait rencontré était le manque de personnel et de matériel.

Durant la première vague, avec le confinement, on a travaillé avec une équipe réduite parce qu’il y a des services qui étaient fermés. On avait un nombre d’infirmiers relativement adéquat au nombre de patients reçus. Il fallait les surveiller, prendre leur température et essayer de calmer au maximum les symptômes.

Néanmoins, les infirmiers ont été toujours capables de répondre à toute situation de crise comme les attentats, le Covid-19 et autres. Mais cela est pesant physiquement et psychologiquement. La pandémie n’a fait qu’accroître et exacerber un mal-être qui existait déjà à l’hôpital.  

Pensez-vous que le Covid-19 existe toujours ?

À l’heure actuelle, les services sont déjà tendus. En cas de nouvelle vague, le personnel médical aurait beaucoup de mal à s’en remettre. Le Covid-19 existe toujours, tout comme la grippe, et il faut vivre avec.

La vie reprend son cours. Mais les gens ont oublié qu’il y a toujours les germes de la grippe et du Covid. Il y a toujours des tuberculoses et la pollution peut également aggraver un asthme.

Ainsi, le port du masque ne serait-ce que dans les transports en commun ou quand il y a des grèves ou autre peut s’avérer utile car c’est là où on l'attrape tous les germes. Il ne faut bien évidemment pas tirer dans l’extrême.

À l’hôpital, le port du masque est fortement conseillé, au moins pour les patients et le personnel. D’autant plus que l’établissement sanitaire constitue un magasin de germes et de bactéries.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités