En direct
A suivre

Sidaction 2023 : État de la recherche sur le VIH, mise au point d’un vaccin…. Où en est-on ?

La pandémie de Covid-19 a eu des conséquences sur la lutte contre le sida La pandémie de Covid-19 a eu des conséquences sur la lutte contre le sida [NARINDER NANU / AFP]

Le Sida a été découvert il y a quarante ans. Chaque année, la campagne du Sidaction permet de faire un bilan de l’évolution de la circulation du virus, de la recherche et des traitements, et de rappeler l'importante des dons.

Malgré l’avancée de la recherche, chaque année, le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida, fait encore de nombreuses victimes.

La réponse mondiale face à cette maladie a par ailleurs été mise à mal depuis le début de l’année 2020 par la pandémie de Covid-19, qui a fragilisé les systèmes de santé.

La campagne du Sidaction, qui a lieu ces 24, 25 et 26 mars, permet de rappeler l'ampleur de la maladie en France et dans le monde et de souligner l'importance des dons pour la recherche. 

38,4 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH

Selon le rapport de l’Onusida 2022, l'agence de l'ONU dédiée à la lutte contre cette maladie, 38,4 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH en 2021. Parmi ces personnes, on compte 1,7 million d’enfants (âgés de 0 à 14 ans), et 36,7 millions d’adultes de plus de 15 ans.

Par ailleurs, 54% de l’ensemble de ces personnes porteuses du VIH sont des femmes ou des jeunes filles. Autre enseignement, sur l’ensemble des personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2021, 75% ont eu accès à un traitement.

En 2021, 1,5 millions de personnes sont devenues nouvellement infectées par le VIH, une proportion stable par rapport à l’année précédente, et 650.000 personnes sont décédées de maladies liées au sida.

5.000 découvertes de séropositivité en France en 2021

Chaque année à l’approche de la Journée internationale de lutte contre le Sida, 1er décembre, l’agence nationale de santé publique partage ses données de surveillance sur le VIH. Selon ses dernières données, le nombre de découvertes de séropositivité en France s’établit à 5.013 en 2021. Un nombre stable par rapport aux années précédentes.

Parmi ces personnes nouvellement détectées séropositives, 51% sont hétérosexuelles, 44% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, 2% sont des personnes trans et 1% sont des usagers de drogues injectables.

En 2021, 1.062 diagnostics de sida ont été effectués. «Parmi les personnes diagnostiquées avec un sida en 2021, la majorité d’entre elles (62%) ignoraient leur séropositivité, et donc n’avaient pu bénéficier de traitements antirétroviraux (ARV) avant le sida, et 17% connaissaient leur séropositivité mais n’avaient pas été traitées par ARV», a indiqué Santé publique France.

Le dépistage n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant Covid

La pandémie de Covid-19 a eu des conséquences considérables dans la lutte contre le VIH et le Sida. En effet, en 2020, avec la première vague mondiale du coronavirus, le nombre de sérologies réalisées pour dépister le VIH avait considérablement diminué, les laboratoires de biologie médicale ayant été submergés par les demandes liées à SARS-CoV-2, et ce aussi bien en France qu’à l’étranger. Par ailleurs, des études menées en Angleterre et en Afrique du Sud avaient même révélé un risque de mourir du Covid-19 plus important chez les personnes séropositives.

En 2021, Santé publique France a noté une augmentation de 8% des sérologies réalisées en France par rapport à 2020, passant de 5,3 à 5,7 millions. Cependant, les données de 2021 restent encore inférieures à celles pré-pandémie, puisque 6,1 millions de sérologies avaient été réalisées en France en 2019.

«Depuis la pandémie à SARS-CoV-2, la participation des professionnels de santé aux différents systèmes de surveillance a baissé, notamment concernant le dépistage du VIH et les diagnostics d’infection à VIH et d’IST bactériennes. La mobilisation de tous les professionnels de santé et populations clés est essentielle dans la surveillance du VIH pour adapter la lutte contre l’épidémie, et aider au pilotage de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030» a noté l’agence sanitaire française.

Selon l’Onusida, «moins de tests de dépistage du VIH ont été effectués en Afrique orientale et australe en 2020 et 2021 qu’en 2019».

Par ailleurs, l’agence de l’ONU souligne le fait que le contexte économique, sanitaire et géopolitique international pèse grandement sur les financements nécessaires à la lutte contre le Sida. «De nombreux grands donateurs bilatéraux réduisent l’aide internationale en faveur du sida ; pendant ce temps, les pays à revenu faible et intermédiaire sont en proie à des charges fiscales plus élevées dues par la pandémie de Covid-19. Le Covid-19 et maintenant la guerre en Ukraine génèrent des vents contraires exceptionnels», a-t-elle noté dans son rapport.

Où en est la recherche sur les vaccins ? 

Plus de quarante ans après la première alerte sur le sida, il n'existe toujours pas de vaccin, en raison de la grande complexité du VIH. En effet, le virus a une capacité de mutation extrêmement rapide, ce qui pourrait rendre un éventuel vaccin inefficace dans le temps, et de nombreux sous-types du virus existent. «Le VIH s’intègre dans le génome, persiste chez les personnes infectées et la réponse naturelle du système immunitaire ne l’élimine pas», explique notamment le Sidaction.

Si la recherche vaccinale poursuit son chemin, les nombreux essais de conception de vaccin ont été peu concluants, a l’exception de l’essai dit «Thaï», de 2009, qui a montré une efficacité de protection de 31%.

Toutefois, les espoirs aujourd’hui se portent sur un candidat-vaccin élaboré par l’Institut de recherche vaccinale, qui aurait passé «une étape cruciale», selon l'immunologiste Yves Lévy, interviewé en novembre dernier par Le Parisien. Ce dernier a déclaré que ce vaccin, à base d’anticorps monoclonaux, testé depuis plus de huit années, a passé la «phase 1-2» des essais. L’immunologiste a expliqué que trois doses du vaccin expérimental  ont été injecté à 72 patients «non à risque», en France et en Suisse, et qu’au bout d’un an de suivi, le vaccin «est bien toléré» et induit «une réponse immunitaire intéressante» contre le VIH.

L’équipe de scientifiques doit donc s’atteler à la phase 3 de test du vaccin, qui doit cibler les populations «à risque», car pour l’heure, les chercheurs ne savent pas si le sérum sera efficace sur une infection réelle. Les résultats de cette nouvelle phase de test ne pourront être connus que d’ici à deux ou trois ans, et pourraient être négatifs, compte-tenu de la complexité du virus.

Les traitements préventifs

Malgré l’absence de vaccin, des traitements et dispositifs préventifs existent pour éviter d’être infecté par le VIH. Le plus accessible et connu d’entre eux reste le préservatif. La Prophylaxie pré-exposition, ou PrEP, traitement préventif destiné aux personnes séronégatives, a également montré son efficacité. Les personnes qui le suivent doivent prendre des comprimés d'antirétroviraux, dans le but d’éviter une contamination par le VIH lors de rapports sexuels non-protégés par un préservatif.

Depuis le 1er juin 2021, tous les médecins, notamment les généralistes, peuvent faire la première prescription de ce traitement. Selon un rapport tout récent de la structure Epi-Phare, qui associe l'Assurance maladie (Cnam) et l'Agence du médicament (ANSM), au premier semestre de 2022, le nombre d’utilisateurs de ce traitement a atteint 42.583 personnes. Cela représente une augmentation de 40% sur un an.

Les autorités espèrent cependant diffuser encore plus largement ce traitement, notamment aux personnes qui ne font pas partie de la catégorie HSH (homme ayant des relations sexuelles avec les hommes). 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités