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Peste porcine africaine : un vaccin illégal à l'origine d'un inquiétant variant ?

Les nouvelles souches découvertes viendraient toutes d'Asie, selon les autorités australiennes. [Photo d'illustration / STR / AFP].

C’est une maladie qui a déjà décimé près d’un milliard de porcs dans le monde depuis son émergence au XXe siècle et qui met les scientifiques à rude épreuve. Les services de biosécurité du monde entier sont en alerte après l’apparition de nouveaux variants de la peste porcine africaine, dont l’un, selon un médecin australien, aurait pu émerger à cause d’un vaccin illégal.

«Comme c’est le cas pour chaque virus, nous nous attentions à ce que le virus de la peste porcine africaine mute. Il se pourrait que ces variations soient naturelles. Nous avons néanmoins constaté que certaines délétions (c’est-à-dire des mutations, comme une recombinaison virale, NDLR) sont similaires à celles que l’on retrouve dans le développement de vaccins», ont ainsi déclaré les autorités sanitaires australiennes par la voix de Mark Schipp, leur médecin-chef vétérinaire.

Une maladie pour laquelle il n'existe officiellement aucun vaccin

Une nouvelle d'autant plus préoccupante qu'il n'existe officiellement à ce jour aucun vaccin contre la peste porcine africaine.

Cité par la chaîne de télévision publique australienne ABC, le docteur Schipp l'indique clairement : «Pour développer un vaccin, il faut supprimer des gènes spécifiques dans le génome du virus, or les délétions constatées dans la nouvelle variante du virus de la peste porcine africaine ont été faites sur les mêmes gènes».

Pour l'expert, «il se peut donc que le nouveau variant provienne de l'utilisation illégale de vaccins». Pour autant, le vétérinaire en chef australien ne communique aucun détail complémentaire quant à l'origine supposée d'un tel potentiel vaccin illégal.

Une souche venue d'Asie 

De son côté, le ministre australien de l'Agriculture, David Littleproud, indique tout juste que toutes les dernières souches de la peste porcine africaine ont été détectées en Asie, sans préciser dans quels pays exactement.

Reste qu'à ce stade, ce ne sont que des doutes. Mais des doutes suffisamment sérieux pour mettre en alerte tous les services sanitaires du pays.

Avant les célébrations du Nouvel An chinois, qui partout sur le continent asiatique, mais aussi en Australie, engendrent davantage de déplacements et une demande accrue en viande de porc, le gouvernement fédéral australien a ainsi d'ores-et-déjà appelé à redoubler de vigilance dans les contrôles vétérinaires pour éviter que ces variants puisse contaminer l'industrie porcine locale.

Des signes moins évidents

«Le risque ne se situe pas tant au niveau de la dangerosité de la maladie due à ces nouveaux variants, en revanche, ce qui augmente, c'est le risque que la maladie passe en-dessous des radars car les signes qui y sont associés sont moins évidents», a expliqué David Littleproud.

«Le nouveau variant suspect cause en fait moins de mortalité», a-t-il encore précisé. «C'est une maladie qui se traduit par de la  fatigue chronique, une croissance des animaux plus lente et une fertilité réduite. Donc si on ne compte que sur le fait de voir des porcs dépérir par dizaines sans tenir compte des signes dont je viens de vous parler, nous prenons le risque de laisser ce nouveau variant se propager encore davantage», a insisté le ministre australien de l'Agriculture

A l'heure de la pandémie de coronavirus, l'apparition de nouveaux variants de la peste porcine africaine a de quoi interpeller. Fort heureusement pour l'homme, cette maladie virale très contagieuse affecte les sangliers et les porcs, mais pas les humains. 

Au niveau économique, les conséquences de la peste porcine africaine pourraient en revanche être redoutables, voire catastrophiques. Depuis 2018, plus de 11.600 foyers de la maladie ont été recensés en Asie, dont plus de 3.000 au moins seraient toujours en cours. Si une épidémie hors de contrôle se déclarait en Australie, cela pourrait coûter jusqu'à deux milliards de dollars australiens (1,28 milliard d'euros, NDLR) à l'économie nationale pendant cinq ans, selon une étude. 

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