En direct
A suivre

Starlink : Tout savoir sur le nouveau projet d'Elon Musk

La constellation de satellites Starlink, immortalisée en février 2021 depuis l'Uruguay. [© M.SUAREZ/AFP]

Certains Français les ont observés à l'œil nu, croyant voir des ovnis ou un train cosmique. La mégaconstellation de satellites Starlink vient pourtant bien de notre monde. Ce projet porté par SpaceX, la société d'Elon Musk, a pour ambition de donner accès à l'internet haut débit à l'ensemble de la planète.

12.000 satellites bientôt en orbites ?

Lancés en mai 2019, les premiers satellites de Starlink ont été rejoints de manière régulière par de nouveaux compagnons. Début mars 2021, Starlink compte plus de 1.000 satellites artificiels placés en orbite autour du globe.

Mais l'objectif de SpaceX est de mettre le plus rapidement possible une flotte de 12.000 satellites autour de la planète. Une autorisation en ce sens a été accordée par les autorités américaines. Un chiffre impressionnant lorsque l'on sait que début 2020, on recensait seulement environ 2.200 satellites actifs tout opérateurs confondus. Les ambitions de SpaceX vont au-delà de 12.000 objets, puisque initialement Starlink compte en placer 42.000 d'ici à 2030.

Toutefois, ces chiffres sont à relativiser. Car il n'y en aura pas autant en orbite. «En réalité, les opérateurs préfèrent déposer un maximum de demandes de fréquences afin de s'assurer d'en avoir au moins une pour chacun de leur satellite, ce qui est obligatoire lorsqu'on veut mettre en orbite un satellite de télécommunications. Une fois qu'une fréquence est attribuée, l'opérateur est sûr de pouvoir la conserver pour cinq ans, mais si le satellite n'est pas lancé elle est perdue et peut potentiellement être récupérée par un concurrent», souligne Christophe Bonnal, expert senior à la direction des lanceurs du CNES.

Pourquoi envoyer une myriade de satellites ?

L'objectif est donc de couvrir près de 100 % de la surface terrestre afin d'offrir un accès au très haut débit jusque dans les endroits les plus reculés du globe, sans passer par un réseau filaire classique. Starlink a d'ailleurs mis en place une offre d'accès à Internet comme un opérateur. Toutefois, celle-ci est encore en version bêta, c'est à dire en phase non définitive.

Sur son site officiel, il est ainsi décrit : «Starlink fournit désormais un service bêta initial à la fois au niveau national et international, et poursuivra son expansion pour atteindre une couverture quasi mondiale du monde peuplé en 2021. Pendant la version bêta, les utilisateurs peuvent s'attendre à voir des vitesses de données varier de 50 Mo par seconde à 150 Mo/s et une latence de 20 ms à 40 ms dans la plupart des sites au cours des prochains mois à mesure que nous améliorons le système Starlink. Il y aura également de brèves périodes sans connectivité du tout. Au fur et à mesure que nous lançons plus de satellites, installons plus de stations au sol et améliorons notre logiciel de mise en réseau, la vitesse des données, la latence et la disponibilité s'amélioreront considérablement».

starlink-taille640_603f914992bb8.jpg

Un kit comprenant une antenne de réception satellite est d'ailleurs livré avec un modem spécifique aux nouveaux abonnés. En rappelant que la flotte Starlink en orbite basse (environ 350 km d'altitude), 60 fois plus proche de la Terre que la moyenne des autres satellites, la société SpaceX souligne qu'à terme son iffre internet entend offrir un réseau à très faible latence autorisant aussi bien de faire des visioconférences dans les meilleures situations que de jouer aux jeux vidéo en ligne, le tout dans les endroits les plus reculés du monde où la couverture réseau via la fibre optique ne passerait pas par exemple. Sachez qu'en France, l'Arcep, l'autorité régulatrice des télécoms, a donné fin février à Starlink une aurotisation d'exploitation. L'offre sera donc accessibles aux consommateurs et aux entreprises intéressées.

Si Stralink se place également à une orbite aussi basse, c'est aussi pour une raison importante qui pourrait séduire les places financières. Elon Musk, grand patron de SpaceX, s'est en effet montré très intéressé par le fait de rester à 350 km. Un choix qui peut s'avérer tactique dans ce marché des télécommunications, puisqu'en installant une flotte de satellites à cette altitude, le célèbre milliardaire peut faire gagner quelques millisecondes à Starlink pour communiquer avec la Terre. De quoi profiter d'une technologie qui pourrait coiffer la concurrence au poteau, lorsqu'il s'agit pour les organismes financiers d'être le plus rapide possible pour donner leurs ordres d'achats au sein d'une place boursière toujours plus connectée. Un choix qui pourrait devenir le nerf de la guerre, surtout lorsque l'on sait que son premier rival, OneWeb, a choisi de placer sa constellation à une orbite de 1.200 km.

COMMENT OBSERVER CETTE MEGACONSTELLATION

Certains la décrivent comme un «chariot d'étoiles filantes», d'autres la compare à un «train cosmique», mais il ne s'agit en aucun cas d'ovnis. La mégaconstellation Starlink peut en effet être observée à l'œil nu sous certaines conditions. Il est souvent possible de les observer lors de leur mise en orbite par les fusées Falcon de SpaceX qui les déploie dans l'espace par grappe de 60 satellites, environ 30 minutes après son lancement. Un site internet dédié, appelé Find Starlink permet de savoir quand et où regarder en fonction de votre situation géographique.

Quel impact sur la planète ?

Projet ambitieux, Starlink soulève également de nombreuses questions. A commencer par celle des débris spatiaux engendrés par la probabilité d'accidents de collisions à haute altitude. Si cette probabilité n'est jamais nulle, il faut savoir que les opérateurs doivent suivre un code de bonne conduite et démontrer qu'ils sont capables de suivre cinq règles élémentaires : il est interdit de générer volontairement des débris spatiaux, il faut tout mettre en œuvre pour éviter d'exploser en orbite, un satellite ne doit pas rester plus de 25 ans dans une orbite basse (inférieure à 2.000 km d'altitude), éviter les collisions dans la mesure du possible et éviter de tuer quelqu'un au sol lors de la retombée.

Le problème le plus délicat est en réalité la mise en orbite de ces megaconstellations. «Il faut à la fois faire monter ces satellites et les faire redescendre et ceux-ci peuvent croiser d'autres objets spatiaux, comme la station spatiale internationale par exemple», rappelle Christophe Bonnal.

Autre souci : la régulation de l'activité des satellites. En ce sens, il y a donc un enjeu de régulation internationale. «Ces projets de constellations de satellites ont émergé très vite, or, mettre en œuvre une loi sur la question prend du temps. A l'heure actuelle, il y a peu de contraintes techniques spécifiques imposées par les Etats à leurs opérateurs», constate Julien Mariez, chef du service juridique du CNES, qui souligne que la France veut compléter sa réglementation spatiale en la matière d'ici à 2022, afin d'imposer des règles techniques claires. «L'ONU doit mettre en œuvre un droit international applicable, mais il est difficile de trouver un consensus et d'imposer des règles contraignantes. Il convient donc d'imaginer des lignes directrices consensuelles qui soient suivies», explique-il. «Enormément de simulations ont été faites pour éviter les collisions et si les opérateurs de ces constellations respectent les règles internationales, alors cela ne devrait pas poser de problème. Tous ces acteurs doivent être responsabilisés», ajoute Christophe Bonnal.

Enfin, les astronomes pointent du doigt un problème lié à la «pollution» de ces satellites qui peuvent venir gêner l'observation spatiale. Sur ce point, Starlink s'est engagé à trouver des solutions visant à rendre ses appareils le moins gênant possible. Un acte de bonne volonté, d'autant que juridiquement Starlink et SpaceX restent inattaquables au regard du droit spatial en vigueur. «Aucune règle n'existe en la matière, ils peuvent se plaindre, mais ne peuvent rien faire», commente Julien Mariez, chef du service juridique du CNES.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités