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Cancer du sein : les déodorants à base de sels d'aluminium à nouveau mis en cause dans une étude

Les chercheurs estiment que l'utilisation des sels d'aluminium en cosmétique devrait être interdite, par mesure de précaution. [Unsplash/Ana Essentiels]

Les sels d'aluminium figurent parmi les ingrédients incontournables de la cosmétique, et ce depuis les années 1960. Ils sont utilisés pour boucher les conduits sudoripares, c'est à dire comme anti-transpirant dans les déodorants. Mais leur toxicité, déjà pointée du doigt par le passé, fait l'objet d'une nouvelle étude qui souligne leur potentiel rôle dans le développement de cancers.

Ce travail de recherche a été mené par Stefano Mandriota et André Pascal Sappino, respectivement oncologue et chercheur en biologie du Centre d'oncologie et d'hématologie d'Hirslanden à la clinique des Grangettes, en Suisse. Il a fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique International Journal of Molecular Sciences et soutient la théorie selon laquelle l'exposition régulière aux sels d'aluminium favorise le cancer du sein.

Les deux chercheurs ont étudié l'action des sels d'aluminium sur des cellules de hamster, fréquemment utilisés en toxicologie. Ils se sont aperçus que ces composants pouvaient non seulement pénétrer dans les cellules mais aussi les modifier, entraînant des anomalies chromosomiques très similaires à celle observées lors de certains cancers.

En l'état, ces données ne permettent pas d'établir un lien de causalité direct entre l'utilisation de déodorant à base de sels d'aluminium et le développement de cancers chez l'Homme. Pour y parvenir, Stefano Mandriota et André Pascal Sappino devraient organiser une vaste étude permettant de comparer les cellules de personnes utilisant un déodorant avec sels d'aluminium à celles de ceux qui n'y sont pas exposés. Une tâche longue et très coûteuse.

Les deux chercheurs suisses estiment néanmoins que leurs résultats actuels constituent un faisceau d'indices suffisamment crédible pour interdire l'utilisation des sels d'aluminium en cosmétique, par mesure de précaution. Ils s'appuient en outre sur d'autres études menées par leurs soins sur le sujet, en 2012 et 2016, sur des cellules humaines et sur des souris. Leurs conclusions, semblables, montraient également une toxicité des sels d'aluminium pour les cellules mammaires.

L'industrie cosmétique, elle, préfère se référer à la dernière évaluation scientifique européenne, qui date de 2019. Elle stipule que les sels contenus dans les déodorants ne pénètrent pas dans la peau, ou si peu que leur niveau est jugé non toxique. Ces dernières années, de nombreuses marques de déodorants ont pourtant choisi de proposer des produits certifiés sans sels d'aluminium, pour répondre aux inquiétudes des consommateurs.

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