En direct
A suivre

Vera Caslavska, la gymnaste tchèque qui avait tenu tête à l'URSS

La gymnaste tchèque Vera Caslavska portée en triomphe par son équipe, après ses quatre médailles d'or individuelles aux JO de Mexico, le 23 octobre 1968[AFP/Archives]

En 1968, aux JO de Mexico, elle avait humilié les gymnastes de l'URSS avec ses quatre médailles d'or: 44 ans plus tard, Vera Caslavska n'est plus la rebelle blonde qui avait vengé l'écrasement du printemps de Prague par l'armée Rouge, mais elle ne regrette pas cet anonymat.

"La meilleure période de ma vie, c'est celle que je suis en train de vivre", a récemment confié à l'AFP la légendaire gymnaste tchèque, élue en 1968 meilleure sportive mondiale, et l'une des deux femmes les plus populaires de la planète, avec Jacqueline Kennedy.

Désormais définitivement sortie de sa longue réclusion volontaire due à un drame familial, Vera Caslavska, septuple championne olympique et icône des années 1960, a fêté ses 70 ans le 3 mai. Loin des turbulences qui avaient fait d'elle une héroïne puis une proscrite.

"Il n'y a plus de pression sur moi, je ne suis plus obligée de prendre des décisions difficiles", a-t-elle confié, apaisée, peu avant la première d'un long métrage documentaire intitulée "Vera 68", en réminiscence à l'année cruciale de sa vie.

Peu après l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques en août 1968, son triomphe olympique à l'automne de la même année à Mexico face aux invincibles gymnastes soviétiques revêt alors une signification particulière.

"Je désirais beaucoup battre les gymnastes représentant le pays dont l'armée avait envahi le nôtre", raconte aujourd'hui celle qui avait ajouté en 1968 quatre médailles d'or supplémentaires (concours général, sol, saut de cheval, barres asymétriques) à celles de Tokyo en 1964 (concours général, poutre, saut de cheval).

Aujourd'hui disponible sur YouTube, l'image de son visage mélancolique ignorant le drapeau soviétique avait été un des temps forts des Jeux de Mexico, émaillés par des protestations politiques.

"J'avais de très bonnes relations personnelles avec Larissa Latynina et les autres gymnastes soviétiques, mais à Mexico, leurs chefs leur avaient interdit de parler avec nous, les +contre-révolutionnaires+", se souvient-elle.

Alors à l'apogée de sa gloire, Vera Caslavska épouse à Mexico son compatriote Josef Odlozil, médaillé d'argent du 1500 m à Tokyo. Mais les mauvais temps ne se font pas attendre après l'écrasement du "Printemps de Prague".

Comme des dizaines de milliers de ses compatriotes, dont le célèbre coureur de fond Emil Zatopek, elle est tenue à l'écart par le nouveau régime pro-moscovite installé en 1969. Elle subit des interrogatoires de police et se voit obligée de travailler pendant un certain temps comme femme de ménage pour nourrir ses enfants.

Après la chute du régime en 1989, Vera Caslavska devient conseillère du président Vaclav Havel. Pourtant, sa vie s'effondre à nouveau en 1993 quand Josef Odlozil, dont elle est divorcée depuis 1987, décède des suites des blessures subies dans une rixe avec leur fils Martin.

"J'étais à fond de cale", se souvient-elle de cette période où elle se réfugie dans une maison de retraite à Prague pour couper presque complètement ses liens avec le monde extérieur.

Il y a quelque années, elle a recommencé à sortir de sa réclusion et aujourd'hui elle participe à nouveau pleinement à la vie publique de son pays. "Je ne sais plus où j'ai trouvé une nouvelle énergie. Mais ce que je sais très bien, c'est que les miracles ont lieu", résume Mme Caslavska.

"J'ai l'impression que mon petit ange gardien m'aime bien. Il flemmardait longtemps et doit tout rattraper maintenant", sourit-elle.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités