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Di Benedetto : "Je ne peux pas m’empêcher de retourner voir mon bateau"

Alessandro di Benedetto. Alessandro di Benedetto.[AFP]

Il a franchi la ligne d'arrivée aux Sables d’Olonne le vendredi 22 février à 15h36 après 104 jours passés en mer. Près de deux semaines plus tard, Alessandro di Benedetto, onzième et dernier skipper du Vendée Globe, en a presque fini avec sa longue tournée des médias. Jeudi après-midi, le marin italien a pris le temps de s’arrêter par la rédaction de DirectMatin.fr pour confier ses ultimes impressions sur une course qui a changé sa vie. Récit.

« Le Vendée Globe, j’y pense encore tous les jours. Je garde surtout en mémoire l’arrivée qui est très personnelle par rapport au départ car c’est une seule personne, un seul bateau à la fois qui arrive aux Sables d’Olonne. Toute cette foule présente pour vous… Encore aujourd’hui c’est très émouvant lorsque j’y repense. J’ai vraiment beaucoup de mal à oublier mon retour sur terre. Il y a comme une forme de nostalgie.

Je ne peux pas m’empêcher de retourner voir mon bateau. J’ai besoin de le revoir, de le sentir. Je suis très attaché à lui. Tous les 2-3 jours je vais le nettoyer en le rinçant à l’eau douce. Je l’ai encore vu hier. Je continue de lui parler comme si j’étais en course. Chaque marin est attaché à son bateau. Personne ne vous dira qu’il le considère uniquement comme un objet. Quand le bateau souffre en mer, on souffre avec lui.

Entre le Alessandro di Benedetto d’avant la course et celui d’aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui ont changé. Les gens me reconnaissent dans la rue à présent. C’est tout nouveau pour moi. Ne serait-ce que ce matin au petit déjeuner à l’hôtel ou devant la gare Montparnasse, deux personnes m’ont reconnu et sont venues me saluer.  Dans le métro parisien, on sait aussi qui je suis désormais ! Il y a même une société de production qui m’a proposé d’animer une émission destinée à une grande chaîne de télévision française…

Pas mal d’anciens skippers du Vendée Globe m’ont parlé d’une forme de déprime qui pouvait s’installer chez les marins une fois la course terminée. L’important, c’est de continuer à s’occuper. Moi, je n’ai pas eu cette déprime car je me suis directement plongé dans d’autres projets. Mais il y aura bien un jour où tout cet engouement s’arrêtera. J’aurai dans ce cas besoin pour la première fois de ma vie d’un psychiatre ! Probablement que cela sera dur, mais je n’y pense pas.

Si l’aventure a aidé à me changer en tant qu’homme ? C’est possible mais je n’ai pas encore le recul nécessaire pour tout vous dire. On se sent un peu différent car c’est impossible d’être la même personne. J’ai changé, notamment vis-à-vis de ma relation avec les autres. Tout ce public à mon arrivée, tous ces encouragements reçus en mer, font que je prends beaucoup plus de temps à présent à échanger avec les gens. Un peu comme si la course nous avait rapprochés.

J’ai appris à dépasser mes limites pendant cette course. Lorsque j’ai eu ce choc à une côte et au nez, j’ai eu un gros moment de stress car il y avait cette inquiétude de ne pas pouvoir finir la course. Jamais de ma vie, je n’aurai espéré  tenir jusqu’au bout dans ces conditions. Incontestablement, je me suis surpris à ne pas paniquer. Je ne m’étais jamais blessé aussi sérieusement en compétition.

Le petit truc de la vie de tous les jours qui m’a manqué ? Prendre le temps de manger un vrai petit déjeuner avec plein de fruits frais et 5 ou 6 journaux sous la main ! J’adore ça ! J’ai pris mon premier petit déjeuner d’après-course avec ma copine. Bon elle avait oublié d’acheter le beurre salé alors nous sommes allés en acheter en ville ! Ce jour-là, j’ai terminé mon petit déjeuner à 13 heures

Financièrement, ce n’est pas facile de joindre les deux bouts. Je touche des dividendes via Team Plastique et la société qui a été créée pour acheter le bateau.  C’est l’équivalent d’un petit salaire. A côté de ça, je suis forcé de faire mes conférences, de vendre mes livres. Grâce à ma participation au Vendée Globe, je vais gagner environ 15.000 euros. Je vais pouvoir remettre ma voiture en état et payer les charges de mes deux petits appartements ! Ca va vite partir ! ».

(©B.TENDIL)

 

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