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La médiatisation du sport féminin, nouvelle priorité du sport français

La meneuse de l'équipe de France féminine de basket Céline Dumerc (c) et ses co-équipières, le 16 juin 2013 à Trélazé (Maine-et-Loire) [Frank Perry / AFP/Archives] La meneuse de l'équipe de France féminine de basket Céline Dumerc (c) et ses co-équipières, le 16 juin 2013 à Trélazé (Maine-et-Loire) [Frank Perry / AFP/Archives]

Parent pauvre du paysage télévisuel, le sport féminin se cherche une plus grande visibilité et c'est l'un des nouveaux défis des instances du sport français et plus particulièrement du ministère des Sports, sous l'impulsion de Valérie Fourneyron.

7% de sport féminin seulement sur l'ensemble des retransmissions sportives à la télévision, dont 95% sur des chaînes payantes: les chiffres du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) publiés en décembre 2012 sont on ne peut plus clairs. Et 7% dans lesquels les sports collectifs (football, basket-ball et handball) sont écrasés par les sports individuels (tennis, athlétisme, ski en tête).

Pourtant, quand ils sont diffusés, les matchs des équipes de France féminines remportent un certain succès: 1,7 million de téléspectateurs devant la finale de la Ligue des champions de football 2013 perdue par les joueuses de l'Olympique Lyonnais, 3,3 devant la finale de l'Eurobasket 2013 perdue par les "Braqueuses" de Céline Dumerc.

Des chiffres qu'avancent les instances du sport français et le CSA pour justifier cette nouvelle priorité.

Sport féminin et handisport

La ministre a d'ailleurs profité d'une conférence organisée sur le sujet par le think tank Sport et citoyenneté mercredi pour annoncer le lancement d'un fonds de soutien d'un million d'euros par an destiné à aider les fédérations sportives à financer la production d'images télévisuelles. Fonds que le sport féminin devra cependant partager avec le handisport.

La santé même du sport féminin dépend très directement de sa médiatisation, dans les domaines amateur comme professionnel. Dans le sillage des exploits de Céline Dumerc et ses partenaires, vice-championnes olympiques à Londres, la Fédération française de basket-ball (FFBB) a ainsi enregistré une hausse conséquente du nombre de ses licenciées. A terme, c'est aussi un vivier de talents plus important pour le sport professionnel.

Une exposition médiatique accrue doit également permettre de créer un marché et donc générer de nouveaux revenus pour les fédérations, les clubs et les athlètes, notamment grâce aux droits télévisuels et au sponsoring.

La boxeuse française Aya Cissoko (g) face à l'Ukrainienne Oleksandra Kozlan, lors du championnat du monde de boxe féminine, le 23 novembre 2006 à New Delhi [Manpreet Romana / AFP/Archives]
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La boxeuse française Aya Cissoko (g) face à l'Ukrainienne Oleksandra Kozlan, lors du championnat du monde de boxe féminine, le 23 novembre 2006 à New Delhi

Une manne financière qui permettrait de rendre plus compétitif -et donc plus attractif- le sport féminin français, explique Aya Cissoko, championne du monde amateur de boxe française en 1999 et 2003, puis de boxe anglaise en 2006.

Les "braqueuses" sans sponsor maillot

"La non-visibilité fragilise la sportive, en particulier quand elle décide de pratiquer le sport à haut niveau, témoigne-t-elle. Car sans médiatisation, pas de sponsor, pas d'entrée d'argent, donc l'obligation de faire des choix (...) Qui dit travail dit des journées à rallonge, ce qui a été mon cas (...) Une vie comme celle-ci n'est pas sans risques pour la sportive, dont le risque de blessure. On ne peut pas impunément maltraiter son corps".

Le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat, déplore lui que ses joueuses, après leur finale des JO-2012, peinent encore à trouver un partenaire maillot faute d'une médiatisation suffisante.

Pour donner plus de place au sport féminin sur les écrans, le ministère comme le CSA ont rapidement mis de côté l'option des quotas, jugée cosmétique et peu efficace, préfèrant inciter financièrement fédérations et diffuseurs.

La ministre des Sports Valérie Fourneyron, le 27 novembre 2013 à l'Assemblée nationale  [Martin Bureau  / AFP/Archives]
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La ministre des Sports Valérie Fourneyron, le 27 novembre 2013 à l'Assemblée nationale

Christine Kelly, membre du CSA, assure "comprendre les difficultés qu'ont les chaînes à diffuser le sport féminin", qui coûte cher (20.000 euros environ pour un match de basket) mais rapporte peu.

"C'est de la responsabilité de chacun, des Fédérations, des Ligues, d'aider les chaînes à médiatiser. Les chaînes sont là, croyez moi, elles veulent faire des efforts. Aidons les", clame-t-elle.

Le ministère des Sports travaille d'ailleurs également à étoffer la liste des "événements d'importance majeure" que doivent pouvoir diffuser librement les chaînes gratuites, pour y ajouter plus de sport féminin.

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