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Le jour où Mandela remporta la Coupe du monde de rugby, vu par les All Blacks

Nelson Mandela félicite le capitaine de l'équipe de rugby sud-africaine, François Pienaar, en lui remettant la coupe du monde de rugby, le 24 juin 1995 à Johannesburg [ / AFP/Archives] Nelson Mandela félicite le capitaine de l'équipe de rugby sud-africaine, François Pienaar, en lui remettant la coupe du monde de rugby, le 24 juin 1995 à Johannesburg [ / AFP/Archives]

Le 24 juin 1995, un géant noir portant les couleurs de son pays terrassa les dieux maoris qui le défiaient: président de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela fut ce jour-là le 16ème homme des Springboks sacrés champions du monde face aux All Blacks.

Au nombre des images qui restent de "Madiba", décédé jeudi à 95 ans, son apparition magique à l'Ellis Park de Johannesburg pour la finale de la Coupe du monde 1995 est sans doute l'une des plus saisissantes.

Elle marque l'émergence de la nation "arc-en-ciel" après des décennies d'apartheid, y compris sportif: le rugby a longtemps été le symbole de l'Afrique du Sud blanche et du régime ségrégationniste.

En 1995, les Springboks participent à leur première Coupe du monde depuis leur retour dans le concert des nations de l'ovalie après plus d'une décennie d'isolement.

Emmenés par Jonah Lomu, les Néo-Zélandais sont les grands favoris de la finale. En demi-finale, ils ont humilié les Anglais 45 à 29 alors que les Sud-Africains ont peiné face à la France (19-15).

Mais Mandela, soutien affiché du XV sud-africain dans le but de surmonter les divisions raciales du pays, inverse une fois encore le cours de l'Histoire. Arborant casquette et maillot vert des Boks, il descend dans l'arène et passe en revue les deux équipes devant 62.000 spectateurs, majoritairement blancs, d'abord médusés.

"Nous ne savions pas ce qui allait se passer. Quand Nelson Mandela a surgi de sous les tribunes avec un maillot des Springboks, la foule est devenue littéralement survoltée", racontait à l'AFP Laurie Mains, coach des All Blacks à l'époque, quelques mois avant la mort de Mandela.

"C'est l'expérience la plus extraordinaire que j'ai vécue dans un stade de rugby. Il a clairement dopé les spectateurs et l'équipe des Springboks".

Davantage qu'un match de rugby

Lomu, élu meilleur joueur du tournoi, a confié son émotion, dont témoignent des images d'archives, en serrant la main du président sud-africain: "Ce jour-là, ils se sont tous rassemblés".

Le Néo-zélandais Jonah Lomu (d) pendant la finale de la Coupe du monde de rugby contre l'Afrique du Sud, le 24 juin 1995 à Johannesburg [Vincent Amalvy / AFP/Archives]
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Le Néo-zélandais Jonah Lomu (d) pendant la finale de la Coupe du monde de rugby contre l'Afrique du Sud, le 24 juin 1995 à Johannesburg

Supérieurs sur le papier, les All Blacks avaient "la pression sur leurs seules épaules parce qu'ils (les Springboks) avaient Nelson Mandela avec eux", se souvenait-il avant la Coupe du monde 2007, remportée par l'Afrique du Sud face à l'Angleterre.

"Leur pays était finalement uni après des années de déchirements(...). Ce jour-là, ils se sont tous rassemblés".

Mandela n'est alors président que depuis un an à peine. Nombreux sont ceux, dans la communauté blanche, qui le considèrent toujours comme un terroriste à cause de son soutien passé à la lutte armée contre l'apartheid, tandis que dans la communauté noire, la haine des Springboks reste tenace.

Mais le 24 juin, c'est son prénom "Nelson, Nelson" qui résonne dans le stade comme le nom de la paix et de la réconciliation, un tournant immortalisé par Clint Eastwood dans "Invictus" avec Morgan Freeman dans le rôle de "Madiba".

Pour Laurie Mains, "c'était bien davantage qu'un match de rugby. La tension était incroyable. Les All Blacks avaient un peu le sentiment d'affronter le monde entier".

Et il fallait cette équipe de légende pour relever le défi. A égalité de points à la fin du temps réglementaire (9-9), ils ne s'inclinent qu'à la suite d'un drop de Joel Stransky à huit minutes du coup de sifflet final.

Et c'est un Mandela radieux, vert de la tête aux pieds, qui remet sur la pelouse le trophée William Webb Ellis au capitaine des Springboks, Francois Pienaar.

La défaite sonna la fin de la carrière de Laurie Mains en sélection mais cette grande figure du rugby néo-zélandais s'enorgueillit d'avoir vu l'Histoire de si près.

"Au-delà du rugby, au-delà du score, je ressens comme un profond honneur d'avoir assisté à un tel événement", assure-t-il.

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