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L2: Thiriez explique les raisons du refus de la LPF d'accepter Luzenac

Frédéric Thiriez, le président de la Ligue, s'adressant aux journalistes le 4 avril 2014 à Paris [Franck Fife / AFP/Archives] Frédéric Thiriez, le président de la Ligue, s'adressant aux journalistes le 4 avril 2014 à Paris [Franck Fife / AFP/Archives]

Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, a expliqué vendredi dans un entretien à l'AFP les raisons qui ont poussé le Conseil d'Administration de la LFP à refuser la montée de Luzenac en L2, soulignant qu'il "ne pouvait pas transiger avec les règles de sécurité".

Q: Quelles sont les raisons concrètes de ce refus ?

R: "Le problème de Luzenac est extrêmement simple. Comment peut-on participer à un championnat professionnel sans avoir de stade ? Leur stade actuel ne répond pas aux normes de sécurité et le stade de repli qu'ils nous ont proposé, le stade Ernest-Wallon, ne répond pas non plus aux normes de sécurité de la Ligue et de la Fédération. Et de toutes façons, ils n'ont toujours pas l'accord du Stade Toulousain pour y jouer. Dans ces conditions, s'agissant de règles de sécurité avec lesquelles je n'ai jamais transigé, c'est ma responsabilité qui est engagée, y compris sur le plan pénal. La première obligation de la Ligue est d'assurer la sécurité du public. Or, rien n'a été fait et le CA en a tiré les conséquences. Nous ne pouvions pas prendre une autre décision. Je suis triste pour les joueurs de Luzenac, qui avaient gagné sur le terrain le droit de jouer en Ligue 2, mais il faut qu'ils s'en prennent au management du club qui a été incapable d'assumer ses responsabilités."

Q: Le stade Ernest-Wallon est pourtant capable d'accueillir des matches de rugby...

R: "Je suis un ancien joueur de rugby et un amoureux de ce sport. Mais le football, en termes de public et de sécurité, a des exigences et des contraintes supérieures. La vidéo-surveillance, qui est un élément essentiel pour lutter contre la violence, en est un bon exemple. Or, il n'y a pas de vidéo-surveillance à Ernest-Wallon. Nous l'avons dit au club depuis de nombreux mois. Au printemps, la Ligue prend contact avec les clubs qui sont susceptibles de monter en Ligue 2. Luzenac n'a jamais répondu aux demandes de la Ligue de faire des travaux dans son stade ou de proposer un stade de repli. Or nous ne pouvons pas transiger avec les règles de sécurité."

Q: La peur de jouer une L2 à 21 a-t-elle influé sur cette décision ?

R: "C'est parfaitement faux. On avait la possibilité de jouer la L2 à 21. La question est: peut-on admettre en L2 un club qui ne répond pas aux normes de sécurité ? Nous étions capables d'organiser un championnat à 21."

Q: Luzenac n'est-elle pas victime de sa taille et que répondez-vous aux accusations du "deux poids, deux mesures"?

R: "Cette accusation est inacceptable. Chaque année, nous avons des petits clubs de National qui montent en Ligue 2 et on applique le même traitement à chacun. Orléans en est un bon exemple. Ils ont fait tous les travaux conformes aux normes de sécurité. Pourquoi Luzenac est-il incapable de se plier aux conditions acceptées par les autres clubs ? Je réfute l'argument du deux poids, deux mesures. Dès le mois d'avril, la Ligue a pris contact avec Luzenac pour leur dire que s'ils montent en L2, ils ne pourront pas jouer à Foix. Ils ont proposé de jouer à Ernest-Wallon. Le 4 juin, j'ai envoyé une mission de la Ligue qui a regardé le stade et pointé les insuffisances et adressé une liste de travaux à effectuer. Ils n'ont rien fait. Nous ne pouvions pas prendre à la Ligue une autre décision que de dire non."

Q: La question de la sécurité n'est donc pas un prétexte pour écarter Luzenac ?

R: "Ce serait de la mauvaise foi. Il n'y a pas que le critère financier qui entre en jeu pour accéder au monde professionnel. Il y a aussi le stade. Tout le monde le savait. Le club le savait parfaitement depuis le mois d'avril, ce n'est pas une surprise pour eux."

Q: N'avez-vous pas peur que Luzenac dépose de nouveaux recours et que le feuilleton se poursuive ?

R: "Je suis insensible aux pressions médiatiques ou politiques. Je suis responsable de l'organisation d'un championnat et donc du public, des femmes, des hommes et des enfants qui se rendent au stade. L'accession au monde professionnel, ce n'est pas un droit mais des devoirs. Il peut y avoir un nouveau feuilleton, il est dans le droit de Luzenac de contester la décision du CA, nous nous défendrons avec nos arguments qui sont bons."

Q: L'intersaison a été marquée par les feuilletons Lens et Luzenac. Comment faire pour les éviter à l'avenir ?

R: "On ne peut pas continuer comme ça avec un championnat de France des tribunaux. Dans le football, quand vous avez un litige et une sanction, vous avez 7 juges qui vont se prononcer sur ce cas: la commission de 1re instance, la commission d'appel, le CNOSF, le CE de la Fédération, le Tribunal administratif, la cour administrative d'appel et le Conseil d'Etat. Sans compter les recours au niveau européen. C'est tout à fait ingérable et incompatible avec les calendriers sportifs. Je réclame depuis longtemps qu'on simplifie tout cela et qu'on crée un Tribunal Arbitral du Sport sur les litiges sportifs, une fois les voies de recours fédérales épuisées. Ce n'est pas compliqué. On n'aurait que 3 niveaux de juridictions et on pourrait gérer notre championnat de manière convenable. On va repartir à la charge sur ce dossier car cela fait désordre. Le public ne comprend pas et ce désordre nous le subissons."

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