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Adieu «Loulou» et prends soin du foot, par Pierre Ménès

«Loulou» Nicollin va terriblement manquer au football français, qui va paraître beaucoup plus fade sans lui. «Loulou» Nicollin va terriblement manquer au football français, qui va paraître beaucoup plus fade sans lui.[Alexandre Dimou / Icon Sport]

Nombreux sont ceux à s’être étonnés de voir que la chronique de la semaine dernière n’était pas consacrée à la mort de Louis Nicollin. En raison des délais de bouclage, c’était compliqué. En même temps, on n’est jamais pressé d’écrire sur le décès d’un homme. Surtout d’une telle personnalité.

Comment résumer Loulou en quelques mots ? Grande gueule est ce qui me vient en premier à l’esprit. Généreux arrive immédiatement après. Ou passionné, c’est au bon vouloir. Il a créé le football à Montpellier de toutes pièces. Président du club héraultais depuis 1974, il a fait de ce club une place forte du football français, au point de ravir le titre de champion de France en 2012 au PSG dans sa première version qatarie.

Les méthodes de Louis Nicollin ont parfois été plus que limites. Comme quand il a traité Benoît Pedretti de «petite tarlouze», ou quand il a insulté sa cellule de recrutement. Soyons clairs, Loulou avait un vrai côté despotique. Parce qu’il était Dieu et maître à La Paillade. Et surtout, et c’est un élément crucial, parce que c’était avec ses sous qu’il jouait.

Et il fut un temps où il a pris des risques. De gros risques en plus, comme lorsqu’il associa Eric Cantona et Stéphane Paille, lui aussi décédé dans cette bien sale semaine pour le football français, avec sur le banc Aimé Jacquet. La mayonnaise, pourtant bien alléchante, n’a jamais pris et ce dernier a reçu sa part de quolibets. Nicollin, et peu de monde connaît cette anecdote, disait de lui : «Aimé, Aimé, et mes c…» Du Loulou dans le texte.

Combien de fois s’est-il fâché avec Michel Mézy, son frère de La Paillade ? Une brouille qui a vécu son paroxysme lorsque Mézy est devenu président-entraîneur du Nîmes Olympique. Mais Mézy est revenu à Montpellier comme conseiller spécial du président.

Et il était, comme tant d’autres, dévasté après l’annonce du décès de son ami, alors qu’il était en train de fêter son 74e anniversaire lors d’un déjeuner dans un restaurant. Qu’y a-t-il de plus horrible que de mourir le jour de son anniversaire ?

Un homme d’une grande générosité

Ses obsèques ont eu lieu mardi. Tout le monde était là. Son ami de toujours, Michel Platini, très affecté. «Louis était mon ami le plus proche dans le football depuis trente ans. Nous avons tout partagé, nos joies, nos peines, nos bonheurs familiaux et nos chemins professionnels. La simplicité de Louis était sa noblesse. J’aimais tout chez cet homme exceptionnel. Je l’aimais tout simplement comme on aime un frère. Une partie de moi vient de disparaître», a-t-il confié dans un hommage touchant. René Girard, son entraîneur du titre, dont la séparation s’était terminée de façon pourtant plus que frisquette, était également présent. Il y avait un monde fou. Nicolas Sarkozy, Laurent Blanc, Jean-Michel Aulas, Guy Roux, Robert Nouzaret, Michaël Guigou et tant d’autres personnalités du monde du football en particulier, mais aussi du sport en général. Sans oublier tous les anonymes et évidemment les supporters du club, qui lui avaient rendu un hommage bouleversant dès le lendemain de son décès.

Il était comme ça, Louis Nicollin. Excessif, colérique, parfois violent, mais avec le cœur sur la main et une immense générosité. Il n’a jamais laissé tomber un ancien joueur dans le besoin.

Il était par exemple devenu très ami avec le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. Un attelage un rien anachronique, mais tout à fait sincère. Surtout que Loulou avait trouvé avec son homologue parisien un bon moyen d’agrandir son invraisemblable musée de maillots, ne comptant pas moins de 4 000 pièces, dont certaines tuniques de Pelé, Johan Cruyff, Diego Maradona, sans oublier évidemment Michel Platini. Les joueurs du PSG ont d’ailleurs respecté, mardi, une minute de silence avant de reprendre l’entraînement.

Il va terriblement manquer au football français, qui va paraître beaucoup plus fade sans lui. Il était le bon client par excellence. Les mots étaient souvent verts. Il s’en amusait et en rajoutait souvent. Mais ne pensons pas qu’à sa grande bouche. Pensons surtout à son cœur. Celui qui l’a lâché ce jeudi 29 juin. Parce qu’il s’en était sûrement trop servi…

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