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«Foot et Rap : nés sous la même étoile» : quand Canal+ se penche sur les liens entre les deux mondes

Le footballeur de Saint-Etienne Rémy Cabella est un fan inconditionnel du rappeur Jul.[Canal+]

Canal+ diffuse, dimanche à 23h, un documentaire qui raconte comment le football et le rap ont renforcé leurs liens ces dernières années.

« Les rappeurs et les chanteuses se mangent des petits ponts entre talents … Même Wallen porte des crampons derrière ses talons. » D’un côté, des punchlines en rapport avec le ballon rond comme dans ce très classique son de Rohff (Charisme) datant de 2004. De l’autre, des célébrations tirées de rappeurs, comme Paul Pogba avec le signe de Kaaris ou Blaise Matuidi avec le « Charo » de Niska. S’il y a bien deux mondes qui se sont rapprochés ces dernières années, ce sont bien le football et le rap. Et si pendant un moment, ce sont les rappeurs qui faisaient des références aux joueurs, les « footeux » s’y sont mis ces dernières années.

Longtemps éloignés, les deux camps ont fini par s'entremêler à force de partager les mêmes modes de vie, les mêmes références, et de côtoyer les mêmes coins. C’est bien ce lien qu’a voulu raconter Cyril Domanico. « Je me suis rendu compte il y a environ cinq ans que les connexions entre les footballeurs et les rappeurs étaient de plus en plus nombreuses, a confié le journaliste et réalisateur. J’ai voulu décortiquer tout ça et mieux comprendre pour l’expliquer. Pendant un an, j’ai donc été à la rencontre des concernés pour en savoir plus. »

1998-2018, les temps ont changé

En un peu plus d'une heure, le documentaire revient sur l’histoire de ce mariage qui a vu le jour en 1993, pourrait-on dire, lorsque le groupe marseillais IAM sortait « Le feu ». Le couplet sera ensuite repris par les supporters de l’OM au stade Vélodrome : « Ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu ». À Paris, c’est Doc Gynéco, trois ans plus tard, qui se lance avec son célèbre « Passements de jambes ». Mais malgré ces deux morceaux, le rapprochement a eu du mal à prendre. « À mon époque, ça aurait plutôt été Johnny Hallyday », fait d’ailleurs remarquer Lilian Thuram dans le documentaire. Il faut dire que vingt ans avant Vegedream et la génération Paul Pogba-Kylian Mbappé, l’équipe de France championne du monde en 1998 n’écoutait pas vraiment de rap. A l’époque, seul le double buteur contre la Croatie en demi-finale écoutait du hip-hop (Suprême NTM) alors que Zinedine Zidane préférait de la variété peut-on voir dans le fameux « Les Yeux dans les Bleus ».

Les temps ont changé depuis et en 2018, la désormais célèbre enceinte de Presnel Kimpembe diffusait plutôt des «Ramenez la coupe à la maison» ou encore des sons de MHD, Niska voire Aya Nakamura. Preuve de ce changement, lors de son retour au Stade de France en septembre, l’équipe de France a d’ailleurs fait venir Vegedream pour un tour d’honneur en musique.

Qui en profite le plus, le rap ou le foot ?

Avec bienveillance et sur un rythme tant sociologique qu’historique, ce documentaire, qui donne la parole à de nombreuses personnalités du rap comme Fianso, Akhenaton, du football avec Samuel Umtiti et Serge Aurier, des journalistes comme Fred Musa et Mehdi Maïzi, mais aussi Topas (Hamidou Sene), rappeur et attaquant de la réserve du Red Star (ligue 2), revient sur cette fascination entre les deux mondes. Du clip « Halla halla » de Soprano dans le stade Vélodrome, avec la participation du président de l’OM de l’époque Pape Diouf, à l’apparition de Rémy Cabella dans « En Y » de Jul, pour qui il voue un culte. « J’aurais aussi voulu avoir Sefyu – il est passé par le centre de formation d'Arsenal avant de se blesser et de se concentrer sur la musique –, malheureusement il n’était pas disponible », a confié le réalisateur. Mais que les fans du rappeur d’Aulnay-sous-Bois se rassurent, il sera présent en plateau juste après la diffusion du documentaire.

A force d’interventions, la question se pose : qui en profite le plus, le rap ou le football ? En tout cas, les marques ont su tirer à leur profit cette proximité, comme on peut le voir. L’opportunité des partenariats entre le foot, sport populaire, et le rap a vite été repris par les grands équipementiers sportifs qui misent dessus pour promouvoir leurs vêtements auprès des jeunes.

A la fin de cette enquête, Cyril Domanico a aussi voulu offrir une réflexion soulevée notamment par Lilian Thuram : existe-t-il d’autres voies de réussite quand on vient de la banlieue, des classes populaires ?  Un très vaste sujet de réflexion et non moins intéressant… pour une prochaine enquête ?

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