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Doit-on forcément soutenir tous les clubs français en Coupe d'Europe ?

Supporter ou ne pas supporter les autres clubs ? Supporter ou ne pas supporter les autres clubs ? [PHILIPPE DESMAZES / AFP]

Un fan de l'OM doit-il supporter le PSG en finale de Ligue des champions ? A chaque match d'un club français sur la scène européenne et à quelques heures de la finale qui opposera le PSG au Bayern Munich, le débat est lancé sur les réseaux sociaux et les avis divergent.

«Il faut supporter tous les clubs français en Europe», «C'est bien pour le coefficient UEFA», «C'est pas très fair-play, on doit supporter la France à travers les clubs»… Vous avez certainement déjà tous lu ou entendu ces phrases à chaque rencontre d'un club tricolore en Ligue des champions ou en Ligue Europa ces dernières saisons. Et évidemment, tel un marronnier, c'est encore le cas en ce mois d'août avec le «Final 8» auquel participent le PSG et l'OL. 

Il y a quelques saisons, le club parisien s'était d'ailleurs plaint du manque de soutien du football tricolore. Les dirigeants avaient indiqué qu'il serait bien d'avoir du positivisme autour de Paris à l'approche des grands rendez-vous en C1 car une victoire dans la prestigieuse Coupe d'Europe boosterait la France. A tel point que désormais, il est devenu «normal» de voir les comptes officiels des clubs français adressés leur soutien et leurs encouragements avant les matchs de certaines formations sur la scène européenne. Un joli fair-play serait-on tenté de dire.

Est-ce qu'on est supporter de foot ou est-ce qu'on aime vraiment le football ?Samuel, supporter du RC Lens

Mais si dans le fond, cela est indéniable, sur la forme n'est pas aussi facile. Est-ce l'esprit «supporter de club» ou l'esprit de bon citoyen qui doit primer dans ces moments ? 

«Moi, je pense que tous les fans français doivent supporter tous les clubs français en Ligue des champions peu importe l'équipe que l'on soutient au quotidien, lance Samuel dont le coeur est Sang et Or. Je suis moi-même un supporter du RC Lens et pourtant je suis derrière toutes les équipes françaises qui peuvent nous représenter dans la plus belle des compétitions. Est-ce qu'on est juste supporter de foot ou est-ce qu'on aime vraiment le football ? Personnellement, j'aime le foot, j'aime le beau jeu et j'espère qu'un club français remportera la Ligue des champions prochainement.» 

Un point de vue qui n'est pas partagé par Vincent, supporter du PSG. «En tant que fan du PSG, il est hors de question que je supporte Marseille ou Lyon en Ligue des champions, rejette-t-il d’emblée. Après s’ils ont la possibilité de passer, je ne vais pas pleurer non plus, c’est qu’ils auront mérité d’être là, et tant mieux pour eux. Mais, pour moi, ce sont avant tout des adversaires, et des ennemis du Paris Saint-Germain en France comme en Europe. On peut très bien se retrouver contre Lyon en finale. Je pense que les fans marseillais ou lyonnais pensent la même chose que moi concernant le PSG, et ne veulent pas voir le Paris Saint-Germain sur le toit de l’Europe, et c’est totalement normal...»

Même son de cloche justement pour Hichame, supporter de l’OM. «Je trouve que ce n’est pas cohérent de cracher sur un club tout sa vie et par ‘devoir national’ le supporter en Ligue des champions, souligne cet abonné du Vélodrome. Il y a des équipes nationales pour ça. Je continuerai à cracher sur Paris et Lyon en championnat, en Ligue des champions et même… en match amical ! Je me moque du classement UEFA. Non vraiment, c’est quelque chose que je suis incapable de comprendre. Il faut être supporter d’une équipe pour comprendre et pas seulement être fan des soirées Ligue des champions.» Au moins un point où Marseillais et Parisiens se retrouvent.

Le coefficient UEFA souvent évoqué

Justement, ce coefficient UEFA (qui est calculé en fonction des résultats des clubs de chaque nation et permet d'avoir plus de places qualificatives en C1) est très (trop ?) souvent évoqués par d'autres supporters de football. «C’est vrai que c’est un point ultra important, valorisant pour le championnat de France bien évidemment, donc d’une certaine manière, il faut aussi que les clubs français puissent briller en Europe pour que la France du foot attire des investisseurs, des sponsors, des diffuseurs internationaux, et le plus important des joueurs, détaille Vincent le Parisien. (…) N’ayant pas grand chose contre Rennes ou Reims, s’ils peuvent glaner quelques points en phases de poule, tant mieux pour eux, on ne va pas cracher dessus. Le côté ‘bleu blanc rouge’ va plus facilement ressortir sur ce genre de club plutôt que pour Lyon et Marseille. Ce sont des clubs (Reims et Rennes) qui n’iront pas forcément loin dans les compétitions européennes mais s'ils peuvent battre les Espagnols, les Italiens, les Allemands, les Anglais en phases de poule et rapporter quelques points... il ne faut pas s’en priver.»

Est-ce à dire qu'il n'y a que les supporters des «plus petits clubs» qui ont cette fibre patriotique parce que leurs équipes ne peuvent pas forcément aller loin ou ne se qualifient pas en Europe ? Pas forcément justement.

Ton club, tu le supportes depuis la naissance… c'est intrinsèquement lié à ton ADNSimon, supporter de l'Inter Milan

«Au final, être un pays de football veut-il forcément dire supporter une équipe sans même éprouver le moindre soutien ‘républicain’ envers les autres ? Je ne pense pas. Je suis une fervente supportrice du PSG, la victoire de mercredi m’a conduite aux larmes ! Donc je peux dire que mes veines sont bleues et rouges, détaille Sara qui est arrivée à temps pour voir l'incroyable qualification d'Eric Maxim Choupo-Moting et de ses coéquipiers contre l'Atalanta Bergame. Mais, en tant qu’amoureuse du ballon rond, et de la profonde volonté d’enfin voir le football français aux avants postes de la scène européenne, je serai de tout cœur avec les autres équipes françaises. Même s’il doit s’agir de l’OM. Il y a un temps pour l’affrontement, et un temps pour le soutien et le beau jeu. Le foot français ne peut s’en sortir que grandi. Et chaque championnat peut avoir sa propre identité, sans ériger sans cesse comme exemple les rivalités historiques comme celle du Real/Barca.»

Et justement comment cela se passe à l’étranger dans les autres pays de football. Les fans d’un club ont-ils cette «pression» de devoir soutenir leur rival ? «Supporter une équipe, c’est être amoureux. Je supporte le Barça depuis plus de 20 ans et pour rien au monde, je voudrais avoir des émotions avec un autre club. Jamais de la vie, je ne pourrais supporter le Real Madrid, explique clairement Soltane, habituée du Camp Nou. Je respecte le club, ils ont gagné des titre mais c’est simplement impossible. Historiquement, leur passé ne me plaît pas. J’ai déjà apprécié regarder l’Atletico ou Séville mais de là à les supporters, non, jamais. Je n’arrive pas à comprendre cette idée de supporter un autre club juste parce qu’il est sur la scène européenne. Un club ne défend pas le pays mais son institution personnelle.»

Une spécifité française ?

Un peu plus à l’Ouest, en Italie, la mentalité est sensiblement la même. Soutenir une autre équipe en Europe, quelle idée. «De mon point de vue, il ne faut pas absolument pas soutenir les autres clubs d’un même pays tout simplement parce que, pour l’exemple italien, la rivalité entre villes et clubs est beaucoup plus importante qu’en termes de pays. Quand tu supportes l’Italie, c’est ton pays mais supporter l’Italie, c’est beaucoup moins ‘sortie des tripes’ que ton club de coeur, explique Simon, supporter de l’Inter Milan (dernier club italien encore en lice en Europe) depuis la nuit des temps. Les fans de l’Inter vont détester ceux de la Juventus et ceux de Milan (comprendre l’AC Milan, le rival de la ville, ndlr). Et l’Atalanta (qui a été éliminé par le PSG), on les déteste aussi puisqu’ils portent les mêmes couleurs que nous. Je ne supporte aucune des ces trois équipes et je me réjouis même de leur défaite. La Juve, quand elle perd en finale de la Ligue des champions ces dernières années, c’était un grand plaisir pour moi. On a beaucoup plus de coeur à supporter nos clubs. A titre d’exemple, j’ai beaucoup plus vibrer en 2010 avec le triplé de l’Inter (Coupe-championnat-C1) qu’en 2006 avec la Coupe du monde de l’Italie parce que ton club tu le supportes à l’année, depuis la naissance. C’est intrinsèquement lié à ton ADN.» 

C'est également ce que pense Vincent qui lui est fan d'Arsenal depuis toujours. «Comme je dis souvent que je n'ai pas choisi Arsenal, c'est Arsenal qui m'a choisi, explique le Gooner. Si j'avais  voulu faire dans la mode anglaise, j'aurai suivi le Manchester (United) de Cantona.» Et il est clair là-dessus, personne ne le verra soutenir un club anglais. Et encore moins Tottenham.

Et pour plus de curiosité, cette pensée n’est pas seulement européenne. En Afrique, et plus particulièrement au Maroc où le football est roi notamment du côté de Casablanca (Raja-Wydad) avec des derbies à faire rougir plus grandes équipes mondiales, la tendance est singulièrement la même qu’en Espagne, Italie ou Angleterre. «Je ne suis pas obligée de supporter un club marocain autre que mon club de coeur, sous prétexte de sa participation à une compétition africaine ou autre, raconte Maha, supportrice des Verts du Raja Casablanca - en tête de la Botola (la 1ère division marocaine) et régulièrement présente au stade Mohammed V. Mon sang est vert et il le restera. Soutenir le club rival en compétition, impossible. Certes, je n’aime pas voir mes amis (qui supporte le Wydad Casablanca, le rival historique) déçus en cas de défaite sur la scène continentale même si je me ferais un plaisir de les taquiner sans remords et sans pitié.. Tout cela est de bonne guerre. Après chacun perçoit le message comme il l'entend, mais une chose est certaine ce n'est en aucun moment de la haine. Ce ne sont pas mes ennemis.»

Soutenir un autre club semble être une spécificité purement française…

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